Beaucoup à gauche rappellent, à juste titre, que le Parti démocrate reste une machine du capital. Rien de neuf là-dessus.
Mais réduire Mamdani à un “démocrate de gauche”, c’est passer à côté du moment politique.
Ce n’est pas la victoire d’un appareil, c’est la percée d’une base.
Ce qui s’est exprimé à New York, c’est la colère des classes populaires, des jeunes, des quartiers. Une dynamique née dans les luttes sur les loyers, les transports, les violences policières.
Une tentative de réappropriation de la politique par le bas, dans un système verrouillé.
On peut refuser l’illusion électorale sans mépriser le signal politique.
Les réformes ne font pas la révolution, mais elles montrent où bouge le réel.
Mamdani n’est pas la solution, il est le symptôme d’une génération qui s’organise malgré les appareils.
En France, c’est l’inverse : la gauche s’épuise à additionner des sigles vides, pendant que les classes populaires désertent les urnes.
Les militants issus des luttes (syndicats, quartiers, collectifs antiracistes, écologistes, féministes) sont vus comme des concurrents.
Ce que Mamdani rappelle, c’est qu’il est encore possible d’imposer une parole de rupture, même dans le ventre de la bête.
Alors oui, ne soyons pas naïfs : il ne renversera pas le capitalisme new-yorkais.
Mais le cynisme n’est pas plus lucide que la naïveté.
Quand un élu parle de gratuité, d’impôt sur les riches et de justice sociale à Harlem, il ne sauve pas le monde mais il fissure l’ordre bourgeois. Et ces fissures comptent.
La vraie question n’est pas : “trahira-t-il ?”
Mais : “qui s’organisera derrière lui pour prolonger ce mouvement ?”
Parce que la politique n’est jamais une affaire d’individus, mais de dynamiques collectives.
Et si la gauche veut survivre, elle doit reconstruire ces dynamiques, par en bas, pas dans les couloirs des appareils.
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