Le pouvoir exécutif est très faible. Lecornu a dû concéder une première brèche dans la réforme des retraites et promettre de ne pas recourir au 49-3 sur le budget et sur la loi de financement de la Sécurité sociale. Ce faisant, le gouvernement s’en remet à une fausse majorité parlementaire, qui n’a jamais été élue comme telle, reposant sur le RN, pour faire passer les attaques antisociales du budget. On a vu cette fausse majorité à l’œuvre, pour appeler à suspendre l’accord de 1968 avec l’Algérie comme pour repousser la taxe « Zucman » ou ses succédanés. Lecornu craignant l’effondrement a alors lâché de nouvelles promesses, mettant en cause les attaques annoncées contre les retraités et contre les minima sociaux.
Face à qui ce pouvoir est-il aussi faible ? Qui l’a ainsi affaibli ?
Pas le RN, bien au contraire !
C’est la poussée sociale du 10 septembre, et ce qui a suivi, qui a porté un coup mortel à Bayrou et commencé à casser son budget de guerre sociale. Cette poussée s’appuie elle-même sur les forces sociales qui, en 2024, en imposant le Nouveau Front Populaire, ont empêché Macron de porter une majorité RN à l’Assemblée nationale et de nommer Bardella Premier ministre.
Ce n’est pas le RN qui affaiblit le pouvoir, le RN est au contraire le pilier de toute « majorité » parlementaire antisociale, faisant passer les attaques contre la Sécurité sociale, les retraites, les services publics et les salaires, au nom du remboursement d’une prétendue « dette publique » que la majorité, le monde du travail et la jeunesse, n’ont pas à payer !
Tout ce qui affaiblit encore Macron et Lecornu affaiblit aussi le RN, telle est la réalité !
Mais justement : l’ « intersyndicale à 8 » n’existe plus que pour appeler … à ne rien faire, à ne pas affaiblir le pouvoir exécutif, laissant du coup le RN tenter de profiter de la situation !
Malgré cela, alors que Lecornu tente, non une négociation, mais une « conférence travail et retraite », la CGT a annoncé, par la voie de Sophie Binet, sa décision de ne pas y aller, sans être capable d’en donner de bonnes raisons – le rôle d’un syndicat est de négocier sur la base d’un rapport de force, pas d’aller au secours d’un exécutif affaibli -, tout en disant ne pas vouloir « tenir les chandelles entre celles et ceux qui veulent un système à points et ceux qui veulent la capitalisation ».
Malgré cela, les secteurs retraités des organisations syndicales appellent ensemble à manifester jeudi 6 novembre, et c’est là évidemment une mobilisation qui ne peut que dénoncer le projet de budget du gouvernement et de la fausse majorité parlementaire appuyée sur le RN. Solidaires et plusieurs fédérations de la CGT (Services publics, Commerce, Chimie) disent appeler à se joindre à cette journée, au-delà des retraités.
Les fédérations FO de la Fonction publique (Fonctionnaires et Services publics et de Santé) annoncent tenir un chapiteau place des Invalides à Paris, du lundi 17 au mercredi 19, « face aux institutions de la République », pour « défendre la Fonction publique ».
Dans l’enseignement public, ce sont en réalité 1645 suppressions de postes d’enseignants dans les lycées et collèges et 2373 dans les écoles, avec d’ores et déjà le blocage des moyens d’AESH pour les élèves en situation de handicap : cette orientation politique conduit au choc.
Donc, c’est incontournable : le déblocage de la situation, porteur de la sortie hors de la V° République, ce n’est ni la dissolution, ni la destitution, c’est la mobilisation sociale se centrant contre le pouvoir. En cas de dissolution ou de démission du président, c’est elle aussi qui pourra imposer l’unité et défaire le RN et tous les énervés du budget antisocial.
Les appels issus du mouvement « Bloquons tout », maintenant « Débloquons tout », à manifester vers les lieux de pouvoir le samedi 15 novembre, indiquent donc la direction à prendre pour gagner, pour la majorité, pour la vie, contre le pouvoir, contre le RN !
Le 03/11/2025.
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