Dans sa lettre de démission, elle a tenté de dissimuler son rôle dans la guerre et de se présenter comme une victime d’une «délégitimation abusive et mensongère», et non comme quelqu’un qui a abandonné son poste et autorisé les actes qui ont conduit à la destruction de la bande de Gaza et aux abus et meurtres de Palestiniens. L’ironie est flagrante: l’avocate qui était censée défendre l’État de droit – et qui a échoué – est désormais soupçonnée de crimes et placée en détention.
Ce qui l’attend – la perte de son grade et de sa pension militaire, voire des poursuites pénales – s’inscrira dans la campagne de vengeance et de persécution menée par le gouvernement et l’extrême droite contre les institutions de l’État de droit. Tout aussi important est le message clair et net sur le prix à payer à l’avenir par quiconque osera enquêter sur les crimes de guerre et les violations commis par des soldats.
Les dirigeants de l’opposition se sont empressés de condamner Tomer-Yerushalmi pour son «grave manquement», «l’atteinte portée à l’armée israélienne» et «l’abus de confiance». Mais aucun d’entre eux n’a mentionné les deux années pendant lesquelles elle a systématiquement approuvé des actions militaires criminelles, évité d’enquêter sur des crimes et donné son aval juridique à des crimes pour lesquels le Premier ministre et l’ancien ministre de la Défense sont recherchés par la Cour pénale internationale de La Haye.
Si son cas sert d’exemple, Tomer-Yerushalmi deviendra la poupée vaudou du gouvernement et de la droite, et sera le symbole de la persécution politique. On peut supposer que ceux qui la condamnent aujourd’hui parmi l’opposition viendront alors à sa défense. Mais même dans ce cas, cette défense se concentrera uniquement sur les fuites et les affaires de dissimulation, et nécessitera un déni total de sa responsabilité bien plus grande dans ce qui s’est passé pendant la guerre à Gaza.
Tomer-Yerushalmi a été victime de la stratégie à laquelle elle a participé. Ses tentatives pour se cacher derrière le formalisme juridique, créer des lignes de défense futures et divulguer des informations aux médias au lieu de faire son travail n’ont fait qu’aggraver la situation dans laquelle elle se trouvait déjà. Sa tentative de se sauver elle-même est ce qui l’a frappée de plein fouet aujourd’hui, et cela a aidé les Israéliens à ignorer qu’elle était le principal instrument de la normalisation des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Adam Raz et Assaf Bondy, 7 novembre 2025, Haaretz הארץ
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