M. le directeur de l’hôpital, M. le directeur territorial de l’ARS,
Suite à l’annonce des suppressions de postes de personnel soignant et administratif sur l’hôpital de Digne-les-Bains nous souhaitons réagir.
Nous n’approuvons pas la décision, stérile et injuste.
Le plan qui est proposé ne fait que décaler le déficit sans en régler la cause, qui est le sous financement chronique, et la baisse d’activité liée au défaut de régulation de la démographie médicale sur le territoire national notamment.
Sans prise en compte sérieuse de ces deux déterminants majeurs, votre plan devra donc logiquement être suivi d’un suivant, puis d’un suivant, et ce jusqu’à la fermeture pure et simple de l’hôpital.
Aussi, laisser prendre cette décision sans réagir c’est laisser avancer la destruction lente mais inéluctable de l’hôpital public.
Nous approuvons encore moins la méthode, brutale et unilatérale, sans concertation préalable ayant donné voix aux travailleuses et travailleurs concernés.
Nous ne sommes pas convaincus par le chantage de l’ARS – dont le mandat ne peut-être que de financer les hôpitaux publiques indispensables à la vie de notre pays – pour renflouer les caisses qu’elle a contribué à laisser vide en tant que courroie de transmission des décisions de l’État.
Il existe d’autres alternatives au fait de licencier du personnel soignant pour relancer l’activité d’un hôpital, et d’autres méthodes que le chantage pour trouver une ligne de compromis.
En plus de pérenniser les causes de la crise, ce plan ne pourra que détériorer les conditions de soin, de travail, et donc – au-delà de la qualité du soin produit qui ne semble même plus pris en compte dans votre équation – l’attractivité de nos services hospitaliers.
Quel soignant voudrait venir travailler dans un hôpital qui ferme des lits, allonge les délais de prise en charge, baisse sa qualité de soin, jusqu’à maltraiter les patients faute de bras pour les soigner ?
De plus, le plan d’économie est dirigé sur les postes les plus précaires, les travailleuses et travailleurs les moins payés. Elle représente une inégalité violente, et pénalise un maximum de personnes pour une moindre efficience économique.
Elle entraînera une dégradation de tous les postes de travail, puisque les tâches à réaliser seront reportées sur les personnes restantes, qui auront moins de temps à consacrer à leurs propres missions.
Cette crise résulte enfin d’une gestion plus que discutable de notre hôpital. Il est temps de remettre en cause cette méthode de gestion, et que les personnes concernées, soignant.es et usager.es, prennent plus de « responsabilités » comme on aime à le dire actuellement.
Il ne serait effectivement pas très responsable de laisser les mêmes causes produire les mêmes effets.
Nous ne souhaitons pas, comme vous le pensez peut-être, rejeter toute idée de plan de relance de l’hôpital, ni nier la gravité de la situation économique. Nous n’ignorons pas non plus qu’il faudra peut-être prendre des décisions difficiles pour maintenir à flot notre hôpital.
Mais nous n’accepterons aucune décision qui de façon unilatérale détruit notre outil de travail et notre institution publique de soin sans traiter le problème à la racine.
Nous exigeons que toute dégradation potentielle de nos conditions de travail soit discutée en concertation préalable avec les personnes concernées, et avec des garanties sérieuses et pérennes de financement à hauteur des besoins.
Aussi, bien que nous n’y ayons pas été conviés, nous avons débuté une liste des pistes de travail que nous pensons pouvoir mettre en œuvre dans l’année à venir pour répondre aux besoins pressants auxquels nous faisons face.
Afin que ce travail puisse aboutir, nous vous demandons sans délai :
– la suspension immédiate de l’application du plan voté en conseil de surveillance vendredi 12 décembre, notamment des suppressions de poste ;
– la transparence sur l’état des finances de l’hôpital accessible à toutes et tous, incluant une analyse des causes structurelles ;
– la création d’un espace de réflexion sur l’attractivité et le développement de l’activité qui inclus des travailleurs et travailleuses de toutes les professions de soin ;
– le financement de l’hôpital à hauteur des besoins de santé de la population pour arrêter l’inflation de la dette de l’hôpital public.
Nous demandons également à l’ARS de financer l’activité de l’hôpital à effectif constant jusqu’à présentation des conclusions de l’audit de l’ANAP prévu à la première moitié de l’année 2026.
En contre-partie, nous avancerons des proposition concrètes dans les plus brefs délais pour permettre des économies sans nuire à la qualité des soins offerts ni à l’attractivité de notre hôpital.
L’hôpital de Digne a depuis des années fait la preuve de son engagement dans le maintien et le développement de l’activité de notre hôpital, et de la continuité des soins sur le territoire jour et nuit.
Reconnaître nos efforts en nous retirant du personnel soignant serait un grave manque de reconnaissance.
Nous essayons pourtant d’y répondre par des demandes qui nous semblent constructives et infiniment légitimes.
Si toutefois vous persistez à précipiter le déclin de notre hôpital, vous ferez fasse à un mouvement de grève important. Il est également à craindre que le personnel soignant toute profession confondue se limite aux strictes obligations de service et ce dans les plus brefs délais.
Cette décision est rendue publique afin que vous puissiez porter la responsabilité des conséquences de vos décisions.
Nous espérons de tout cœur que vous préférerez comme nous l’option la plus constructive.
Respectueusement,
Le personnel soignant médical et paramédical du GHT 04,
avec le soutien des usager.es de l’hôpital public
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