Si les animalismes n’aiment pas vraiment les animaux, ils détestent encore plus les humains.
Analysant l’évolution des rapports humains-animaux, l’auteur insiste sur la place grandissante prise aujourd’hui par les animaux de compagnie. Nous assistons à une véritable explosion du phénomène « animaux de compagnie », leur nombre ayant plus que doublé en France dans ces cinquante dernières années. Mais, surtout, c’est le statut culturel de ces animaux qui a changé : membres à part entière de la famille, ils sont de plus en plus anthropomorphisés. Et la hiérarchie traditionnelle née de la domestication s’en trouve inversée, les animaux de compagnie sont devenus l’élite animale et les animaux de rente, la plèbe
De l’idée « animalitaire » qui a nourri les sociétés de protection animale du 19ème siècle (les SPA), on est passé par voie de radicalisation et d’activisme militant à une philosophie animaliste qui s’inscrit dans le courant plus large de la philosophie écologiste. Les philosophes animalistes n’ont eu de cesse de nier un « quelconque propre de l’homme » et de minimiser les différences entre l’Homme (human animal) et les animaux (non humananimals) : tous des animaux !
Jean-Pierre Digard souligne l’absurdité de l’antispécisme souvent comparé à l’anti-racisme : le spécisme est bien fondé biologiquement car plusieurs millions d’espèces existent dans le seul règne animal alors que le racisme n’a pas de fondement en raison de l’inexistence des races humaines.
Cet animalisme militant, non content de nier le propre de l’homme, jette le discrédit sur la science qui n’est plus entendue ni écoutée. Tous les mensonges et dérives sont alors possibles depuis l’affirmation que ce sont les « singes qui ont inventé la démocratie » jusqu’à dire que dans notre Code civil les animaux sont des « choses » alors qu’ils y sont qualifiés de « biens ».
S’appuyant sur les débats qui, en 2015, ont entouré le vote de l’amendement Glavany modifiant le Code civil, l’auteur montre comment la mouvance animaliste avance auprès des médias, des politiques, des ministères et des institutions scientifiques, INRA y compris. Et le concept très flou de bien-être animal, échappant à toute définition scientifique incontestable, est devenu le cheval de Troie de l’idéologie animaliste.
Les mouvements animalistes ont réussi à présenter comme massif un mouvement en réalité très minoritaire. Mais sous le prétexte d’une « avant-garde » éclairée agissant au nom et pour le bien du plus grand nombre, l’idéologie animaliste est portée par une minorité qui veut imposer sa loi à la majorité.
Jean-Pierre Digard se pose alors la question : résister, comment ? D’abord ne pas sous-estimer les conséquences matérielles quasi immédiates pouvant aboutir à des restrictions au droit d’appropriation et d’utilisation des animaux et de leurs produits. Les mouvements les plus radicaux entendent bien contester à l’Homme toute légitimité à posséder, élever et utiliser les animaux. Partant du constat que seule l’espèce humaine détient la faculté de s’organiser, bien ou mal, mais consciemment, de se projeter dans le futur pour le modifier, il pose la question : qu’est-ce que l’Homme a intérêt à faire ou à ne pas faire aux animaux ? La réponse : changer ou améliorer ce qui peut l’être avec l’objectif de sauvegarder les populations animales, espèces naturelles ou espèces domestiques dont la disparition entamerait la biodiversité. C’est aussi une réponse aux libérateurs des animaux qui prônent la disparition des animaux domestiques et des animaux de compagnie.
Dans ce débat autour du bien-être animal, il faut recentrer le raisonnement sur l’Homme, ses intérêts et ses devoirs, ses devoirs envers les animaux, seule réponse sensée à opposer à ceux qui veulent donner des droits aux animaux.
En conclusion, l’auteur démontre comment « l’animalisme » s’est mué en un « anti-humanisme ». A défaut d’arguments rationnels et scientifiques, les animalistes n’ont eu de cesse d’accuser l’Homme de tous les maux. Et citons Jean-Pierre Digard : « Si les animalistes ne connaissent pas et n’aiment pas vraiment les animaux, ils détestent encore plus les humains ». Dans cet essai d’une centaine de pages, l’auteur délivre une solide analyse de la question de la place des animaux dans nos sociétés qui donne des bases pour construire un corpus de doctrine où la science et la morale ne se confondent pas. »
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