• Les « Ultras de l’A64 » menés par Jérôme Bayle sont à la pointe de la contestation agricole contre la dermatose bovine.
• Ce sont les mêmes agriculteurs que ceux mobilisés il y a deux ans et qui avaient poussé Gabriel Attal à multiplier les aides pour faire cesser la colère.
• Malgré les fêtes, ils refusent une trêve et prévoient même de célébrer la messe de Noël sur les barrages.
Vendredi 12 décembre, ils ont été les premiers à installer un barrage en France, sur l’A64, entraînant derrière eux toute la mobilisation agricole de cette fin d’année. Les « Ultras de l’A64 » – une référence aux supporters les plus fervents des clubs de football -, comme ils se revendiquent, figurent parmi les agriculteurs les plus déterminés du mouvement.
Si un autre campement a depuis été installé sur l’A64 à hauteur d’Urt, à 15 kilomètres de Bayonne, celui des « Ultras » se trouve à Carbonne, non loin de Toulouse, depuis onze jours. Lundi 22 décembre, ils étaient encore une centaine d’agriculteurs et sympathisants présents sur le barrage, comme l’a constaté franceinfo lors d’un reportage.
« Ici c’est le QG, c’est le point de départ de tout, lance Lionel Denat, un producteur laitier à Castillon-de-Saint-Martory (Haute-Garonne). C’était déjà ici il y a deux ans ». En effet, menés par Jérôme Bayle, figure régionale de la mobilisation, des agriculteurs en colère avaient bloqué l’A64 au même endroit une dizaine de jours en janvier 2024.

À l’époque, le mouvement avait pris fin avec la venue sur place du Premier ministre de l’époque, Gabriel Attal, qui avait annoncé -sur des bottes de paille- plusieurs mesures de simplification et d’aides pour les agriculteurs.
Bottes de paille et sapins de Noël
Deux ans plus tard, les revendications ont changé puisqu’il est question de la politique de gestion de l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC), mais aussi de l’accord sur le Mercosur ou encore de la transmission des exploitations. Jérôme Bayle, lui, est toujours là, et toujours en leader de la contestation.
Ses prises de paroles quotidiennes et nocturnes, au milieu des bottes de paille, des feux de barbecue et des sapins de Noël qui ont fleuri sur le barrage, sont relayées sur la page Facebook « Les Ultras de l’A64 », suivie par plus de 6000 personnes.
Morceau choisi pour celle du lundi 22 décembre, où le gouvernement en prend pour son grade : « si la ministre (de l’Agriculture, Annie Genevard) elle est en vacances, eh bien elle arrête ses vacances et elle se met au boulot ; si le Premier ministre il est en semi-congés, eh bien qu’il pense qu’il y a des gens qui veulent continuer à se battre ; et le président de la République, on ne va pas en parler puisqu’il est à l’autre bout du monde tranquillement à Dubaï (pour fêter Noël avec les forces françaises, NDLR), au chaud. On voit que ces politiques nous amèneront dans le mur, et peut-être qu’au mois de janvier il y aura une révolte, et peut-être même avant ».
Tout est signe de contestation sur le campement, jusqu’aux sapins de Noël aux branches desquelles pendent des cartouches vides de gaz lacrymogène, tirées selon les agriculteurs autour de la ferme ariégeoise d’où la colère agricole est partie.
« On est prêts à faire la messe de Noël ici »
Sur place, de « trêve de Noël » il ne devrait pas y avoir, comme sur plusieurs des autres barrages installés sur les autoroutes françaises. « L’État nous a seulement demandé une trêve de Noël comme si on était à la guerre. Mais dans le monde agricole, il n’y a pas de trêve. Nous ne nous arrêtons pas de travailler le jour de Noël, car nos bêtes, elles, doivent manger », a ainsi prévenu Jérôme Bayle dans une interview lundi pour le site Actu Toulouse.
« On est prêts à faire la messe de Noël ici avec des curés qui nous en ont fait la proposition. Les habitants sont prêts à venir la faire ici avec nous. On est prêts à passer à Noël et le temps qu’il faudra tant qu’on n’aura pas des réponses. Situation d’urgence, méthode d’urgence, (…) tant qu’on n’est pas sorti d’affaire, on ne sort pas d’ici », a renchéri le même jour Bertrand Loup, vice-président des « Ultras de l’A64 », auprès de Sud Radio (à écouter ci-dessous). « On nous offre des chapons, des dindons, du foie gras, du sanglier, de la biche. Donc, il y aura de quoi (fêter Noël sur place) », complète Bertrand, un éleveur interviewé par Europe 1.
Ce mardi 23 décembre, Jérôme Bayle doit être reçu en fin d’après-midi par le préfet. S’il demande de retirer le barrage sur l’A64, « on ira manifester à Toulouse et le mouvement s’élargira », a-t-il promis.
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