Les Français se détournent de plus en plus de l’information

71% des Français n’ont pas le sentiment que les médias rendent « mieux et davantage compte » de leurs préoccupations. – © Vesnaandjic – Getty Images
Quatre Français sur dix se détournent désormais de l’information. Depuis le lancement en 1987 du Baromètre de confiance dans les médias réalisé par Kantar (ex TNS Sofres) pour La Croix, jamais autant de personnes interrogées (41% ; hausse de 8 points sur un an) n’avaient assumé le fait de s’intéresser « assez » faiblement (28%, + 4 points) ou « très » faiblement (13%, + 4 points) à l’info. L’intérêt des Français pour l’information atteint donc son plus bas niveau depuis le lancement de ce sondage qui est réalisé chaque année depuis 33 ans par le quotidien français.

Le sondage de cette année poursuit donc sur la lancée des 5 dernières années avec une érosion de plus en plus marquée de l’intérêt du public pour l’information. Un nouveau pic est atteint. Un an après l’émergence des gilets jaunes, 71% des Français n’ont par ailleurs pas le sentiment que les médias rendent « mieux et davantage compte » de leurs préoccupations.

Dans un contexte compliqué de réformes des retraites et d’un important mouvement social qui touche l’hexagone depuis plus d’un mois, les Français semblent désabusés : « Cette baisse de l’appétence observable depuis cinq ans (malgré un pic d’intérêt les gilets jaunes, ndlr) est renforcée par une actualité focalisée depuis la rentrée sur les retraites. Une réforme dont les Français ont du mal à cerner les contours et qui suscite une mobilisation et un traitement journalistique très classique« , souligne Guillaume Caline, qui a piloté l’enquête pour Kantar.

Les jeunes (à 50%), les femmes (53%), les moins diplômés (54%), les personnes engagées politiquement (48%), mais aussi les ouvriers (53%) ou les commerçants et artisans (53%) sont les catégories qui s’isolent le plus de l’information. « On retrouve la plupart de ces catégories, relève le sociologue Jean-Marie Charon, parmi ceux qui estiment (71%) que les médias n’ont pas davantage et mieux pris en compte leurs préoccupations depuis la mobilisation des gilets jaunes « , malgré des efforts des rédactions.

Légère hausse de la confiance envers les médias, sauf pour le Web

Par contre, la confiance envers les médias traditionnels est en légère hausse. Près d’un Français interrogé sur deux, soit 46% des Français, affiche sa confiance (+ 2 points) envers les médias : radio (50%), presse écrite (46%) et télévision (40%). Internet suscite un manque de confiance parmi les Français à un stade encore jamais atteint (23% de confiance).

Et les efforts des rédactions restent globalement peu perceptibles : un an après l’émergence des « gilets jaunes », 71% des Français n’ont pas le sentiment que les médias rendent « mieux et davantage compte » de leurs préoccupations.

Ce baromètre analyse aussi le choix des sources d’information. La radio et la presse écrite, citées respectivement par 15% et 4% des sondés comme moyen d’accès principal à l’information, sont de plus en plus marginalisées par la télévision (48%) et le numérique (32%). Le fossé générationnel se creuse, les plus de 65 ans optant à 65% pour le poste de télé, tandis que les plus jeunes s’en détournent (18% des 18-24 ans).

Les internautes confrontés aux « Fake News »

Autre enseignement de ce sondage, six Français sur dix estiment qu’ils repèrent les fausses informations qui circulent sur Internet. C’est un chiffre en baisse de 3 points par rapport à l’année passée.

Les jeunes (72%) et les plus diplômés (67%) estiment être ceux qui détectent le plus d’infox.

À la question de savoir qui sont les acteurs qui devraient mener la lutte contre la désinformation, les sondés répondent d’abord « les journalistes » (à 38%) puis « les organismes de contrôle » (36%). La catégorie des 18-24 ans désigne en premier « les citoyens eux-mêmes » (36%).

Le détail de ce baromètre se trouve dans le journal La Croix, ainsi que sur le site la-croix.com. Ce baromètre a été réalisé par le cabinet Kantar pour La Croix entre le 2 et le 6 janvier 2020. Les entretiens ont été réalisés en face-à-face selon la méthode des quotas, auprès d’un échantillon de 1007 personnes, représentatif de l’ensemble de la population française âgée de 18 ans et plus.

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