Jeudi 12 mars, 11h 30. Les bourses européennes ouvrent en très forte baisse. En 15 jours le CAC40 est en gros passé de 6000 points à 4000. Trump devait faire une annonce vigoureuse pour « rassurer les marchés », et Trump a annoncé … l’arrêt des voyages aériens par-dessus l’Atlantique, entre Europe continentale et États-Unis, pendant 30 jours !
On en est à une boucle rétroactive, auto-alimentée et auto-accélérée, entre le krach boursier, la dislocation des échanges internationaux, et la pandémie bien réelle, potentiellement meurtrière. Ce que le capitalisme comme mode de production universel avait évité depuis des décennies – la dislocation du marché mondial – est en train d’advenir, et c’est plus grave que cela ne l’aurait été voici quelques décennies car l’interconnexion des mouvements de capitaux et de marchandises est effective.
Cette boucle rétroactive se greffe sur celle de la crise bioclimatique globale, elle-même en pleine accélération. Le coronavirus, phénomène social total, est à l’intersection des deux boucles. S’y ajoute la bulle de surface des phénomènes de panique et d’impéritie des États.
Les louanges faites par tous les chefs d’État capitalistes à la Chine doivent inquiéter. D’abord, la réalité de la fameuse réaction chinoise conduisant, nous dit maintenant Xi Jinping, à juguler l’épidémie, est tout autre que ce que l’on nous chante : à Wuhan le pouvoir en place a commencé par réprimer les médecins lanceurs d’alerte et l’érection de cordons sanitaires a mis en branle la dislocation des chaînes de production, mais elle n’a pas stoppé le virus et a probablement créé des poches de contagion en vase clos, et de diffusion par les pores et les failles inévitables dans de tels systèmes.
La question devient mondiale : militariser la société ou agir avec la population ? Tous les pouvoirs optent pour la première solution, surtout quand, comme c’est le cas, l’état dans lequel ils ont mis la santé publique conduit à choisir qui doit mourir, comme cela se passe depuis quelques jours en Italie.
L’épidémie en France en est au stade où elle en était en Italie voici une semaine. Au mépris des libertés publiques, il est interdit de visiter les vieux dans les EHPAD, mais M. Blanquer, le dangereux ministre de l’Éducation nationale, appelle les parents à « apporter » (sic) leurs enfants à l’école, car les enfants ne développeraient pas gravement la maladie (pour ce qu’on en sait), en oubliant la présence d’adultes exposés : tous les personnels, enseignants et non enseignants, de l’Éducation nationale !
D’ores et déjà, trois revendications de base sont en train de monter dans les écoles, les collèges, les lycées : 1°) du savon dans tous les lavabos ! 2°) droit de retrait pour les personnels ! 3°) pas de « journée de carence » volant le salaire des malades ou les poussant à venir travailler au risque de la contagion !
Au centre de la crise, l’Hôpital public :
1°) suspension immédiate de la tarification à l’acte en vue de son abrogation !
2°) Réquisition et centralisation des moyens de santé publics et privés, dont ceux des cliniques privées !
3°) mise en place de lits en réserve pour tous les malades.
Des mesures stoppant le brassage du virus – transports publics, écoles – sont probablement nécessaires au plus vite : elles ne seront pas efficaces par la contrainte injonctive et les menaces d’amendes, elles le seraient par la démocratie.
Capitalisme globalisée comme V° République macronienne sont incompatibles avec la protection de la santé des populations.
Macron parle ce soir : gageons qu’il n’apportera rien, ni en ce qui concerne le savon dans les écoles, ni en ce qui concerne les lits dans les hôpitaux.
La pandémie, potentiellement meurtrière, ne doit pas être envisagée comme un épiphénomène perturbateur de la lutte des classes. Elle est un phénomène central, LE phénomène central des présentes semaines. Elle est la forme de la dislocation des échanges internationaux, c’est-à-dire du mode de production capitaliste en tant que division internationale du travail, quelques mois après qu’ait commencé la globalisation des résistances sociales, insurrections populaires et crises révolutionnaires.
En France, la lame de fond contre la destruction des retraites continue mais va se combiner à la crise politique et sociale liée à la pandémie, désormais incontournable.
Les appels des coordinations, les remarquables débats du meeting parisien de la coordination SNCF-RATP mardi soir, les débats dans les AG et groupes de discussions, les débats dans les intersyndicales locales, vont par la force des choses se structurer autour de cette question.
Le pouvoir exécutif qui interdit d’aller voir les vieux dans les EHPAD et les manifestations de « plus de 1000 personnes » est celui qui tape sur l’Hôpital public et organise la propagation de l’épidémie par ses dénis et par le maintien de beaucoup trop d’établissements scolaires ouverts.
En nous confinant, ils vont tenter de nous faire taire.
Plus dur sera le retour de bâton : battre et chasser ce pouvoir exécutif sans attendre reste la question politique clef.
Contre la pandémie, démocratie !
Le 12-03-2020.
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