Coronavirus : la courbe des cas en France suit-elle vraiment celle de l’Italie avec neuf jours de retard ?

liberation.fr – Par Luc Peillon et Christelle Perrin 
Christelle Perrin

La progression du nombre de personnes contaminées au Covid-19 et de décès dans l’Hexagone est similaire – pour l’instant – à celle de nos voisins italiens, avec une grosse semaine de décalage.

Question posée par Vonyer, le 10/03/2020.

Bonjour,

Vous faites référence, entre autres, à ce tweet de Mark Handley, professeur à l’University College de Londres, spécialiste des systèmes de réseaux :

Here’s the coronavirus data, overlayed with the dates offset by the amounts shown. One of these countries is not like the rest. Everyone else will be Italy in 9-14 days time.

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Selon lui, la courbe de progression des casde contamination au Covid-19 en France serait la même que celle de l’Italie, mais avec 9 jours de retard. Ce décalage serait de 10,5 jours pour l’Espagne ou encore de 13 jours pour la Suisse. Et de suggérer ainsi que le nombre de cas transalpins détectés aujourd’hui sera celui de l’Hexagone dans une grosse semaine.

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La situation italienne, futur de la France ? Selon les derniers chiffres publiés mercredi soir, les courbes des deux pays – en dehors de leur point de départ – sont effectivement, à 9 jours d’intervalle, quasi identiques.

Reprenant les données du ministère de la Santé en France et du Dipartimento della Protezione Civile en Italie, CheckNews a ainsi répété l’exercice du chercheur britannique, et aboutit à un résultat similaire : la courbe française apparaît comme un décalque de l’italienne.

coronavirus france italie

Même chose pour le nombre de décès, dont la progression – toujours avec un décalage de 9 jours – semble similaire entre la France et l’Italie.

coronavirus france italie décès

«Il n’est pas très surprenant que deux pays qui ont toute une série de points communs (nombre d’habitants, climat), connaissent un nombre de cas similaires face à un agent infectieux qui a le même taux de reproduction», estime Gilles Brücker, professeur de santé publique et membre de la direction des relations internationales de l’APHP (Assistance publique hôpitaux de Paris).

Est-ce à dire que l’Hexagone aura dans neuf jours un bilan semblable à celui de l’Italie aujourd’hui (12462 cas, 827 décès, au 12 mars)? Difficile de se prononcer sur la persistance de cette similitude, pour les cas de contamination, comme pour les décès.

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«Cela va dépendre, entre autres, du respect des mesures d’hygiène et de la gestion des foyers épidémiques, estime le professeur William Dabe, professeur au Cnam et directeur du laboratoire de recherche Modélisation et Surveillance des risques pour la sécurité sanitaire. Mais les comportements évoluent rapidement en France, avec beaucoup plus de gens qui ne se serrent plus la main, qui se font plus la bise, ou qui se lavent plus souvent les mains.» Résultat, selon lui, l’Hexagone pourrait connaître moins de morts, dans une grosse semaine, que n’en compte aujourd’hui l’Italie.

De nombreux commentateurs ont également imputé la très forte mortalité italienne au fait que la population transalpine est une des plus âgées du monde. Une particularité qui pourrait expliquer la très forte létalité du Covid-19 de l’autre côté des Alpes. Alors que la létalité du virus est beaucoup plus importante chez les personnes âgées, l’Italie affiche, en 2020, 31% de plus de 65 ans, contre 27,6% en France, selon l’Insee. Cette petite différence dans la pyramide des âges permettra-t-elle à la France d’afficher un bilan des décès inférieur?

La différenciation possible des courbes, concernant les décès, pourrait également venir de la réponse du système de santé français. «La question du nombre de lits en réanimation, de places en soins intensifs, est un élément qui aura un impact sur le taux de létalité en France, assure Gilles Brücker. Mais sommes-nous pour autant mieux équipés que nos voisins 

Plus globalement, le devenir de la courbe française dépendra des réponses politiques annoncées (y compris dès ce jeudi soir par Emmanuel Macron). Mais quoi qu’il en soit, «c’est comme toujours a posteriori, une fois l’épidémie terminée, que l’on saura vraiment si telle ou telle mesure a eu un impact ou pas», prévient Gilles Brücker.

Luc Peillon Christelle Perrin

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