WALL STREET TERMINE EN BAISSE
par Caroline Valetkevitch
NEW YORK (Reuters) – La Bourse de New York a rechuté vendredi en clôture de sa pire semaine depuis octobre 2008 alors que les mesures de confinement se répandent aux Etats-Unis, New York ayant suivi vendredi l’exemple de la Californie, face à la pandémie de coronavirus qui paralyse une grande partie de l’activité mondiale.
En hausse dans les premiers échanges dans la foulée de la séance de la veille, les trois grands indices de Wall Street ont ensuite progressivement cédé du terrain au point de finir proches de leurs plus bas du jour.
L’indice Dow Jones a finalement cédé 913,21 points (-4,55%) à 19.173,98.
Le S&P-500, plus large, a perdu 104,47 points, soit 4,34%, à 2.304,92.
Le Nasdaq Composite a reculé de son côté de 271,06 points (-3,79%) à 6.879,52 points.
Sur la semaine, le Dow a plongé de 17,30%, le S&P-500 de 15% et le Nasdaq de 12,64%.
Alors que les grandes banques centrales dans le monde, au premier rang desquelles la Réserve fédérale, et de nombreux gouvernements multiplient les initiatives pour tenter de limiter l’impact économique de la pandémie de coronavirus, les investisseurs attendent toujours l’adoption aux Etats-Unis d’un plan de soutien budgétaire évalué à 1.000 milliards de dollars, qui devrait notamment passer par une distribution directe d’argent à une partie des Américains.
« Le fond de l’affaire, c’est que le marché attend avec vraiment beaucoup d’impatience le plan de soutien budgétaire. On dirait que nous allons continuer à connaître ces accès de volatilité tant que nous n’en saurons pas un peu plus sur l’ampleur de ce plan », a dit Ryan Detrick, stratégiste marchés chez LPL Financial.
La volatilité de ce vendredi a aussi probablement été amplifiée par le phénomène des « quatre sorcières », l’expiration simultanée des options et contrats à terme sur actions et sur indices.
Alors que l’économie mondiale est déjà en contraction selon une enquête de Reuters, les craintes liées au coronavirus ont déjà fait chuter le S&P-500 d’environ 30% depuis son record de clôture du 19 février.
A Wall Street, la pire semaine depuis 2008
Des courtiers sur le parquet du New York Stock Exchange le 19 mars ( AFP / Johannes EISELE )
Wall Street est repartie dans sa spirale baissière vendredi, à la fin de sa pire semaine depuis la crise financière de 2008, les milliards mis sur la table par les autorités pour faire face à la propagation du coronavirus ne parvenant pas à effacer la crainte d’une récession.
Son indice vedette, le Dow Jones Industrial Average, a perdu 4,55% vendredi et 17,3% sur la semaine pour terminer à 19.173,98 points.
Il avait encaissé lundi sa pire séance depuis octobre 1987, et termine vendredi sous le niveau auquel il évoluait le jour de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, le 20 janvier 2017.
Une mauvaise nouvelle pour le locataire de la Maison Blanche, qui faisait jusqu’à récemment de la bonne santé de l’économie américaine et des marchés financiers un de ses principaux arguments de campagne.
Le Nasdaq, à forte coloration technologique, a reculé vendredi de 3,79%, à 6.879,52 points, de 12,6% sur la semaine. L’indice élargi S&P 500 a baissé de 4,34% à 2.304,92 points, de 15% sur la semaine.
Après un début de séance hésitant, les indices ont d’abord perdu du terrain quand le gouverneur de l’Etat de New York, Andrew Cuomo, a décrété l’arrêt de toutes les activités non essentielles, moins de 24 heures après des décisions similaires en Californie. De quoi freiner grandement l’activité de deux zones primordiales dans l’économie du pays.
Les indices ont ensuite creusé leurs pertes pendant une conférence de presse donnée à la Maison Blanche au cours de laquelle Donald Trump a exclu un confinement total du pays.
Ils ont enfin piqué du nez en toute fin de séance alors que les prix du pétrole dégringolaient de nouveau, le baril de WTI perdant finalement 11% à New York.
Les investisseurs tentent d’évaluer les conséquences économiques de la pandémie de coronavirus, qui a déjà fait plus de 10.000 morts dans le monde et infecté près de 250.000 personnes.
« Les temps sont difficiles sur les marchés financiers. Tout ce que nous savons, ou plutôt ce que nous pensons savoir, sur les perspectives économiques du pays et du monde, et par ricochet sur les perspectives en ce qui concerne les bénéfices des entreprises, les dettes des pays, les risques liés à ces dettes, et tous les produits financiers, évoluent au jour le jour », remarque Christopher Low de FTN Financial.
« Le Covid-19 est passé en deux semaines d’une menace lointaine à une réalité toute proche pour la plupart des Américains », ajoute-t-il alors que les écoles se ferment, les vols sont interdits, les magasins non-essentiels sont appelés à fermer.
Surtout, la population comme les acteurs du marché commencent à réaliser que « les dommages économiques infligés par le Covid-19 ne s’effaceront pas en un ou deux mois », remarque M. Low.
Gouvernements et banques centrales promettent pourtant des programmes d’aide massifs pour tenter d’atténuer le choc.
Les sénateurs américains ont notamment entamé vendredi d’âpres négociations sur un plan d’environ 1.000 milliards de dollars.
Mais la multiplication des annonces en ordre dispersé ne rassure pas vraiment les acteurs du marché.
La Banque centrale américaine (Fed) de son côté continue à abreuver les marchés en liquidités et multiplie les mesures de soutien, comme sur la dette des municipalités vendredi.
« La Fed a sorti toute son artillerie et ce faisant a empêché que le marché obligataire, le plus important, ne soit complètement gelé », souligne Gregori Volokhine de Meeschaert Financial Services pour qui l’institution a ainsi « évité au système de s’écrouler ».
Le taux à 10 ans sur la dette des Etats-Unis reculait vendredi à 0,874%, contre 1,12% la veille.
La volatilité des indices a été accentuée vendredi par le fait qu’il s’agissait d’une journée dite, dans le jargon financier, « des quatre sorcières », à l’issue de laquelle expirent plusieurs contrats sur des produits financiers.
La séance a par ailleurs été marquée par des informations sur une société de Chicago, Ronin Capital, qui a dû fermer boutique faute d’avoir les niveaux de capitaux suffisants pour continuer à opérer comme chambre de compensation auprès de l’opérateur boursier CME. Ces entités assurent le paiement et la livraison de titres entre des investisseurs.
CME a assuré dans un communiqué que ses activités avaient été reprises par une ou plusieurs autres sociétés et qu’aucun client n’avait été affecté. Mais cet épisode reflète la pression pesant actuellement sur certains acteurs financiers.
Les marchés boursiers toujours fragiles au terme d’une nouvelle semaine noire
Le New York Stock Exchange (NYSE), le 18 mars 2020 à New York ( AFP / Johannes EISELE )
Les marchés mondiaux sont restés hésitants vendredi au terme d’une semaine fluctuante, peinant à s’accrocher à l’espoir suscité par la mobilisation massive des banques centrales et des gouvernements pour contrer les effets du coronavirus.
Les Bourses européennes ont bien poursuivi leur rebond de la veille: Paris est monté de 5,01% et Francfort de 3,70%. La progression a été moins forte à Londres (+0,76%), à Milan (+1,71%) et à Madrid (+0,74%).
De leur côté, les taux d’emprunt des pays européens ont connu une détente généralisée.
En revanche, Wall Street a de nouveau fini dans le rouge, achevant sa pire semaine depuis la crise financière de 2008. Le Dow Jones a perdu 4,55% vendredi, le Nasdaq 3,79% et le S&P 500 4,34%.
De même, en dépit d’un démarrage positif, l’Asie n’a pas réussi à maintenir le cap, Tokyo en particulier, lesté par la déroute historique de Softbank.
Les marchés actions ont enchaîné cette semaine les séances aux fluctuations intrajournalières fréquentes.
« Il y a quelques bourgeons aujourd’hui », estime toutefois auprès de l’AFP Alain Zeitouni, directeur des gestions pour Russell Investments France, basé à Londres.
A commencer par la baisse de la volatilité. « Hier, l’indice S&P 500 a connu une variation inférieure à 1% pour la première fois en 13 séances. Cela pourrait être le début d’un signe de stabilisation », détaille-t-il.
Les investisseurs ont assisté à un déluge d’annonces monétaires et budgétaires supplémentaires pour tenter d’éviter le pire des scénarios alors que les premiers impacts de l’épidémie sont déjà visibles.
Avec pour conséquence directe de voir les déficits publics s’accroître, avec des dépenses ciblées pour soutenir les entreprises ou encore des dépenses de santé.
– Tableau économique sombre –
Alors que le pic semble désormais avoir été atteint en Chine, c’est au tour de l’Europe d’être la proie du Covid-19 qui y a fait plus de 5.000 morts, soit la moitié des décès dans le monde.
Les marchés font face à un tableau économique peu réjouissant mais espèrent que les centaines de milliards promis par les banques centrales et les gouvernements porteront leurs fruits.
Le fait que le président américain Donald Trump vante jeudi le recours à la chloroquine, un antipaludéen, comme possible traitement pour le coronavirus, après des résultats encourageants en Chine et en France, leur a offert également un soutien.
Pour l’heure, ils continuent de suivre les redoublements d’efforts de confinement et guettent particulièrement tout signe de détérioration aux Etats-Unis, où le gouverneur de Californie a décidé de placer en confinement la totalité de ses quelque 40 millions d’habitants et celui de New York a annoncé des mesures similaires.
« Alors que les cas de coronavirus se multiplient aux États-Unis et de plus en plus de firmes abaissent très fortement leurs estimations de croissance pour la première économie mondiale », souligne John Plassard chez Mirabaud.
Certains experts redoutent que la crise économique résultant de la pandémie soit pire que celle des « subprimes » de 2008.
Si des poids lourds, comme Apple, disposent de trésoreries conséquentes, d’autres ne peuvent tenir que quelques mois sans rentrée d’argent du fait des confinements.
Pour éviter une crise de liquidités financières, plusieurs banques centrales, dont la Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne, la Banque du Japon et celle d’Angleterre, ont annoncé vendredi une action coordonnée pour faciliter l’accès à des dollars.
« Nous avions déjà des taux (d’intérêts) proches de zéro (…) le problème n’est pas la liquidité » et les politiques de relance risquent de ne pas fonctionner parce qu' »à la fois l’offre et la demande sont brisées », Ian Goldin, un économiste de l’université d’Oxford qui avertissait dès 2015 sur les risques systémiques d’une pandémie.
L’urgence, préconise-t-il, est de donner un revenu de base à tous ceux qui ont « des revenus faibles ou pas de couverture médicale » et qui, s’ils sont infectés par la coronavirus, voudront continuer à travailler au risque de contaminer les autres.
Sur le marché des changes, l’euro se repartait à la hausse face au dollar (+0,26% à 1,0694 dollar) après être tombé jeudi à son plus bas niveau en trois ans face à la monnaie américaine en perte de vitesse, après sa flambée des derniers jours.
Les cours du brut, fortement fragilisés par la crise, ont sombré vendredi en fin de journée. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a perdu un peu plus de 5% à 26,98 dollars et le baril américain de WTI pour avril, dont c’était le dernier jour de cotation, a chuté d’environ 11% à 22,53 dollars. Sur la semaine, il a abandonné près de 30%.
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