ANALYSE DE LA SITUATION ACTUELLE – D’un billet d’humeur à l’autre
CGT USD SANTE 04 <cgtsantesocial04@gmail.com>
jeu. 26 mars
Bonjour, je vous fais partager un billet d’humeur de ce jour de Christophe Prudhomme que je trouve très juste et très intéressant. Et en dessous, je partage également mon billet d’humeur de ce matin qui à mon sens complète celui de Christophe.
>> Le billet d’humeur du jour de Christophe Prudhomme :
Osez dire que le gouvernement actuel n’est pas responsable de la pénurie de masques et autres matériels dans les hôpitaux est un énorme mensonge !
En effet qui a décidé de ne pas débloquer les crédits pour maintenir la réserve datant de la grippe H1N1 : Bercy. Et qui était à Bercy à l’époque : Emmanuel Macron !
Ils sont pitoyables à à ce jeu du « c’est pas moi qui suis responsable mais c’est mon prédécesseur ».
Mon constat est simple : la dégradation des services publics et des hôpitaux a débuté avec le tournant libéral initié par Thatcher et Reagan aux Etats-Unis et en France avec Bérégovoy relayés par les guignols médiatiques Tapie et Montand. Depuis, que les gouvernements aient été de « droite » ou de « gauche », la même politique libérale nous a été imposée avec la fermeture massive de lits et d’hôpitaux. Aujourd’hui nous manquons de lits de réanimation mais qui a validé par exemple le Projet régional de santé de la région PACA qui prévoit la fermeture de 13 réanimations ! Qui a fermé, il y a un an, la réanimation de l’hôpital Jean Verdier à Bondy dans mon département, que nous avons pu rouvrir heureusement la semaine dernière car le matériel et le personnels était encore présent ? Les ministres de la santé qui se sont succédés, servilement assistés par une partie des directeurs et des médecins en postes de responsabilité.
Et aujourd’hui, ils viennent pleurer dans les médias, comme le premier de la classe, Martin Hirsch, pour faire appel à la générosité publique pour acheter du matériel et aux retraités pour venir aider le personnel en nombre insuffisant.
Manque de lits et de personnels, ce sont les revendications qui motivent notre grève depuis plus d’un an. Un de ceux qui nous a envoyé paître lorsqu’il était rapporteur du budget de la Sécurité sociale, c’est Olivier Véran qui aujourd’hui essaye de se dédouaner dans ses interventions en tant que Ministre de la santé.
Aujourd’hui nous faisons notre boulot pour assister au mieux nos patients avec des moyens insuffisants. Mais après la crise, il faudra que ces « braves » gens passent à la caisse pour payer car leur responsabilité est clairement étable.
>> Mon billet d’humeur du jour :
Leur rationalité nous met tous en danger
Au nom de la rationalité, on nous explique depuis des années qu’il faut réduire le nombre de médecins.
Au nom de cette même rationalité, on nous explique qu’il faut fermer des maternités, il faut fermer des services d’urgences et il faut fermer des services de réanimation.
Ils ferment des services et des lits dans les territoires ruraux, en prétendant que c’est plus sûr dans les grandes villes et que c’est plus sûr d’avoir des super usines à soins. Puis ensuite, dans les grandes villes, il faut encore procéder à des regroupements, des fermetures en nous parlant encore de rationalité.
Et c’est souvent quand on en a besoin qu’on se rend compte que ces services nous manquent et qu’ils sont indispensables.
On nous dit que la rationalité c’est le progrès et donc l’efficacité. Alors la question que je me pose c’est : c’est quoi le progrès ? Et cet efficacité, ce progrès sont pour qui ?
J’ai l’impression que l’idée de progrès a été travestie, détournée, volée depuis une quarantaine d’année par les politiques menées comme par les modes de management propagés à tous les échelons.
De même c’est quoi être rationnel ? Car à l’heure où on nous parle de plus en plus d’humaniser les robots, on robotise de plus en plus les travailleurs. L’être humain est dépossédé de ses savoirs, de ses savoir-faire et savoir-être.
Ensuite, nous avons des territoires où ils détruisent le maillage territorial en termes de services publics et parapublics. Ils laissent à l’abandon les infrastructures. Au nom d’une rationalité de court terme, ils créent de plus en plus d’irrationalité basée sur une hyper spéculation de court terme et un désinvestissement de long terme. Ils créent également davantage d’arbitraire.
Et quand on observe comment s’organise les territoires, les services publics, les hôpitaux, les modes d’organisation du travail, on se rend compte qu’ils sont organisés en fonction des besoins du Capital, des marchés et non en fonction des besoins des populations. Cette rationalité si souvent mise en avant est en fait un outil au service d’une stratégie de classe.
Et au nom de cette rationalité, on nous dit que ceux qui travaillent pour apporter des solutions comme le professeur Raoult à Marseille ne sont pas rationnels, n’ont pas respectés toutes les procédures, n’ont pas respectés tous les codes.
Quand on décide de donner des centaines de milliards aux banques, il me semble qu’ils ne sont pas très regardant sur les procédures, les consultations, les contreparties demandées, l’utilisation qui en fait, et qu’en quelques jours des décisions chocs peuvent être prises.
Et là avec les propositions mises en avant par le professeur Didier Raoult, dans l’urgence d’une situation de crise majeure, on nous dit qu’il faut respecter les protocoles. Même si le fait de ne pas les respecter peut sauver des milliers de vie ? Des dizaines de milliers de vie ?
J’ai l’impression qu’ils sont dans une démarche dogmatique, radicale d’un bout à l’autre de la chaine.
Et la rationalité imposée est avant tout une rationalité économique, donc sur un angle très précis, entrainant de l’irrationalité dans de nombreux domaines : écologie, sanitaire, solidarité… et plus globalement sur l’humanité dans son ensemble. Aujourd’hui, on a besoin de dépasser ce dogme, cette rationalité, cette dictature économico-financière, basée sur un rapport de force à un instant T, qui n’est pas en faveur des populations. car tous les choix qui sont fait sont réalisés dans ce cadre là.
On a besoin de se servir du factuel, de la crise actuelle pour travailler au renversement de ce rapport de force. Tout ce qu’on annonce depuis des années est en train d’arriver. Tous les combats que nous menons depuis des mois, des années, prennent aujourd’hui encore plus de légitimité.
Nous avons besoin de travailler nos stratégies aujourd’hui afin de préparer l’après.
Comment on prend soin de nous et de notre organisation ?
De quoi avons-nous besoin pour continuer notre activité syndicale ?
Comment on gère le problème de matériel dans les établissements ?
Comment on gère les morts dans les EHPAD ?
Quelle riposte juridique ?
Comment on prépare l’après crise ?
Comment on répond aux attaques sur le droit du travail ?
Ils profitent de la crise pour accélérer l’impact des nouvelles technologies et modifier les pratiques, comment on y répond ?
Comment on répond à la gestion des étudiants qui sont traités comme des personnels comme les autres en étant payés 40 euros par semaine ?
Comment on réagit aux entraves syndicales particulièrement dans le privé ?
Nous avons un CNF téléphoné vendredi 27 mars de 9h00 à 12h00. Cela peut être l’occasion de mener des réflexions afin d’apporter des réponses à ces questions.
Bonne journée et bon courage,
Cédric Volait
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