Le Conseil scientifique a recommandé la fermeture des écoles jusque septembre

Dans un avis, le Conseil scientifique a recommandé au gouvernement de fermer les écoles jusque septembre. Il « prend acte » de la décision politique de les rouvrir à compter du 11 mai. Avant la présentation, mardi, du plan de déconfinement par Edouard Philippe, le Conseil a toutefois listé une série de précautions à prendre. Elle va du port du masque pour les collégiens et lycéens aux repas à prendre en classe.

En vue de la réouverture des écoles à compter du 11 mai, le Conseil scientifique recommande « que les enfants mangent dans la salle de classe à leur table » si cela est possible. (Eric Gaillard/Reuters)
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esechos.fr – Par Marie-Christine Corbier – Publié le 26 avr. 2020 

C’est un pavé dans la mare. Alors que l’exécutif a choisi de rouvrir les établissements scolaires à partir du 11 mai , le Conseil scientifique avait, lui, proposé, dans un avis daté du 20 avril et publié samedi soir, de « maintenir les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et les universités fermés jusqu’au mois de septembre ». Un avis qu’Emmanuel Macron avait sollicité avant son allocution du 13 avril .

Défavorable à cette réouverture, le Conseil scientifique « prend acte de la décision politique prenant en compte les enjeux sanitaires mais aussi sociétaux et économiques, de réouverture progressive et prudente des crèches, écoles, collèges et lycées ». Dans une note complémentaire à cet avis scientifique, il liste les recommandations sanitaires à respecter pour la réouverture, alors qu’Edouard Philippe doit présenter mardi à l’Assemblée nationale le plan de déconfinement . Et émet « des solutions alternatives permettant un accueil et un apprentissage tout en respectant les mesures barrières et de distanciation ».

« Au moins » un mètre entre les tables

Parmi ces mesures figure le respect d’un mètre « au moins de chaque côté », « notamment pour les tables » mais aussi dans les couloirs et les escaliers. Tout en étant conscient que cela pose une « difficulté », notamment pour les classes de maternelles. Si ce n’est pas possible, il faut alors envisager une ouverture un jour sur deux, une semaine sur deux ou par demi-journée. L’idée est que les élèves d’une classe ne croisent pas les élèves d’une autre classe ou que les élèves d’un même niveau ne croisent pas ceux d’un autre niveau afin d’éviter de devoir fermer l’ensemble d’un établissement si un cas est identifié dans l’établissement.

Le Conseil scientifique recommande aussi « que les enfants mangent dans la salle de classe à leur table » si cela est possible.  Les collégiens et lycéens, ainsi que les adultes, devront porter un masque. Et les parents, prendre la température de leur enfant avant le départ pour l’école.

« Avec cette note du Conseil scientifique, nous avons la base pour l’élaboration du protocole sanitaire annoncé pour donner un cadre sûr au déconfinement scolaire, a réagi samedi soir, sur Twitter, le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer. Ce protocole national sera la référence de tous les acteurs pour la préparation de rentrée. »

Suivre l’avis du Conseil scientifique

Dans un contexte d’inquiétude et de colère des syndicats enseignants mais aussi des maires qui, tous, dénonçaient déjà un manque de préparation, la réouverture risque de freiner encore davantage les intentions des parents. Selon un sondage Odoxa publié par «Le Figaro», près des deux tiers affirmaient déjà, la semaine dernière, qu’ils n’enverraient pas leur enfant en classe à partir du 11 mai.

« La santé des élèves et des adultes ne doit pas se jouer à la roulette russe de l’agenda politique », a réagi Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du SNES-FSU, principal syndicat d’enseignants du secondaire. Dans un communiqué titré « la mort aux trousses », le Snalc demande avec virulence « que l’avis du Conseil scientifique soit suivi, et que le gouvernement annonce au plus vite que les écoles, collèges et lycées resteront fermés jusqu’en septembre », avec la seule poursuite du service minimum d’accueil mis en place pour les enfants des personnels soignants . Le syndicat se dit toutefois prêt à « discuter l’extension des modalités d’accueil à d’autres catégories de personnes ». 

Marie-Christine Corbier


Coronavirus: le Conseil scientifique verrouille le retour à l’école

Masque, distanciation, cantine: «prenant acte» de la date du 11 mai, il livre de strictes recommandations.

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Par Marie-Estelle Pech
Un parent d’élève, membre du personnel soignant ou policier, emmène son enfant, accueilli à l’école élémentaire Borderouge à Toulouse, le 16 avril, pendant les vacances de Pâques.
Un parent d’élève, membre du personnel soignant ou policier, emmène son enfant, accueilli à l’école élémentaire Borderouge à Toulouse, le 16 avril, pendant les vacances de Pâques. LIONEL BONAVENTURE/AFP

Deux avis du Conseil scientifique ont été rendus publics samedi soir, marquant une distance avec la volonté du gouvernement de rouvrir progressivement les écoles à partir du 11 mai. L’instance proposait d’attendre septembre, rappelle-t-elle, mais a «pris acte» de la décision d’Emmanuel Macron.

Le grand nombre de contraintes, détaillées sur dix pages, que le Conseil scientifique demande d’imposer aux écoles pourrait néanmoins laisser croire qu’il préfère toujours la fermeture… Certains syndicats d’enseignants n’ont d’ailleurs pas manqué de s’engouffrer dans la brèche, réclamant son prolongement jusqu’à septembre ou appelant les enseignants à ne pas aller travailler dans les établissements, tel le Snalc, syndicat du secondaire, qui écrit un communiqué virulent, intitulé «La mort aux trousses». Si Francette Popineau, du Snuipp-FSU, syndicat majoritaire dans le primaire, préfère attendre la décision du gouvernement mardi avant de se prononcer, elle estime que ce dernier «ne pourra pas s’asseoir sur cet avis»et que le sanitaire«doit prévaloir».

Le Conseil scientifique a donc «pris acte de la décision politique de réouverture prudente et progressive des établissements scolaires à partir du 11 mai prenant en compte les enjeux sanitaires mais aussi sociétaux et économiques», souligne l’instance présidée par le Pr Jean-François Delfraissy. Le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer avait préalablement esquissé les pistes d’un retour étalé à partir du 11 mai sur trois semaines par niveau de classe, avec des groupes de quinze élèves maximum. Précisant que si une famille ne voulait pas envoyer son enfant à l’école, ce serait possible mais avec l’obligation de suivre l’enseignement à distance. Le gouvernement a plusieurs fois insisté sur les risques de décrochage scolaire chez les élèves. Et le Conseil scientifique reconnaît que l’absence d’école peut notamment «favoriser des situations de maltraitance». Cette situation empêche aussi de nombreux parents de jeunes enfants de travailler, voire de télétravailler, dans tous les secteurs économiques.

Une liste de mesures strictes

Dans sa note, le Conseil scientifique reconnaît le caractère bénin de la maladie chez les enfants et insiste sur le fait qu’il n’y a pas eu d’épidémie documentée dans les établissements scolaires à l’exception d’un lycée. Cela pourrait sembler rassurant mais les écoles restent des lieux de brassage de population important. Les scientifiques proposent donc une liste de mesures strictes. Avec un but, celui d’éviter «la fermeture de tout un établissement en cas de découverte d’un cas positif». Le masque doit être obligatoire dans les collèges et les lycées, pour les élèves comme pour le personnel, préconise le Conseil qui le considère en revanche «impossible» en maternelle et ne l’impose pas en primaire.

Les élèves et le personnel devront s’organiser pour respecter la règle de distanciation sociale

Conseil scientifique

Lorsqu’ils ne peuvent pas porter de masque, notamment pendant les repas, «les élèves et le personnel devront s’organiser pour respecter la règle de distanciation sociale». Les établissements, nettoyés plusieurs fois par jour, devraient faire en sorte que les élèves d’une classe ne croisent pas ceux d’une autre classe. Et, «si c’est possible», qu’ils déjeunent tous à leurs bureaux qui devront être notamment écartés d’un mètre en classe. Pour aller à l’école, «une multiplication de l’offre» devrait «permettre de réduire la densité des élèves dans les transports scolaires». Concernant les tests, le Conseil scientifique considère qu’un dépistage massif des élèves et de l’ensemble du personnel «n’est pas envisageable», car il concernerait plus de 14 millions de personnes et devrait être renouvelé toutes les semaines pour être efficace.

Le ministre de l’Éducation nationale a précisé que cette note sur les écoles servirait de «base» pour «l’élaboration du protocole sanitaire annoncé pour donner un cadre sûr au déconfinement scolaire». Un plan que le premier ministre Édouard Philippe doit présenter mardi après-midi et qui s’éloignera peut être de ce que recommande le Conseil scientifique. «Nous, on fait des recommandations d’un point de vue sanitaire, le gouvernement, lui, fait des arbitrages qui prennent en compte toutes les autres dimensions», rappelle l’un des membres du Conseil, l’épidémiologue Arnaud Fontanet, rappelant que le confinement, efficace pour limiter la circulation du nouveau coronavirus, a d’importantes conséquences négatives sociétales et économiques.

Pour Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, syndicat des chefs d’établissements, les recommandations du Conseil seront, en l’état, «très difficiles à réaliser»«Les élèves se croisent forcément dans les établissements. Les rentrées et sorties décalées ont peu de sens, à moins qu’on multiplie le nombre de bus scolaires. Quant au nettoyage des locaux plusieurs fois par jour, c’est infaisable. On réenclenche la machine à défiance. Peut-être s’agit-il de décourager les parents d’envoyer les élèves à l’école?», suggère-t-il.

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