Déconfinement scolaire : priorité au primaire, les lycéens attendront

A teenager rides his scooter by an elementary school, on April 24, 2020 in Paris, as the country is under lockdown to stop the spread of the Covid-19 pandemic caused by the novel coronavirus. (Photo by THOMAS COEX / AFP)

Les élèves du primaire (maternelles et élémentaires) reprendront le chemin de l’école sur la base du volontariat à partir du 11 mai, de manière « très progressive » et « partout sur le territoire ». Pour les collégiens, cela se fera à partir du 18 mai et seulement dans les départements où le virus circule peu. Pour les lycéens, le gouvernement décidera fin mai.

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« La réouverture des écoles est nécessaire pour garantir la réussite des élèves dont la scolarité souffre considérablement du confinement », a insisté Edouard Philippe. (THOMAS COEX/AFP)

Publié le 28 avr. 2020 

A vos stylos et à vos calendriers ! Les annonces d’Edouard Philippe sur le retour « progressif » des élèves à l’école sont quelque peu complexes.

Pour les élèves scolarisés en maternelle ou en élémentaire, la réouverture sera « très progressive », mais elle se fera « partout sur le territoire » à partir du 11 mai, sur la base du « volontariat », a annoncé Edouard Philippe.

En revanche, pour les collégiens, tout dépendra s’ils habitent dans un département classé « rouge », où le virus circule beaucoup, ou « vert ». A partir du 18 mai, « nous pourrons envisager d’ouvrir les collèges en commençant par les 6e et 5e », a indiqué le Premier ministre – donc pour ceux qui résident en zone verte. Pour les élèves de 4e et de 3e, Edouard Philippe n’a rien précisé.

VIDEO. Déconfinement : les annonces d’Edouard Philippe

« Masques pédiatriques »

A défaut de retenir l’avis du Conseil scientifique qui recommandait de fermer les établissements scolaires jusqu’en septembre, l’exécutif a retenu l’argument de l’Académie nationale de médecine qui soulignait comme « absolue nécessité » que les choix faits et les mesures prises le soient « au plus près de l’échelon local », « établissement scolaire et commune, département et région, le cas échéant ». 

Pour lutter contre le décrochage scolaire mais aussi pour aider les parents à reprendre le travail, l’exécutif a donc choisi de donner la priorité au primaire, considérant que les enfants les plus âgés – à partir de la 4e notamment – peuvent plus facilement recourir à l’enseignement à distance . « La réouverture des écoles est nécessaire pour garantir la réussite des élèves dont la scolarité souffre considérablement du confinement », a insisté Edouard Philippe. « Le volontariat montre que l’école est un mode de garde pour ceux qui doivent aller travailler et ne pourront pas choisir de garder leurs enfants », a réagi la FCPE, principale fédération de parents d’élèves.

Les classes rouvriront « dans des conditions sanitaires strictes », avec « pas plus de 15 élèves par classe », et « tous les enseignants et encadrants scolaires recevront des masques ». Dans les écoles, l’Education nationale distribuera des « masques pédiatriques » à destination des directeurs, pour les enfants présentant les symptômes du coronavirus avant que ses parents ne viennent le récupérer, par exemple. L’Education nationale fournira des masques aux collégiens qui n’en auront pas – le port sera pour eux seuls « obligatoire ».

« Inacceptable et impossible »

Sur Twitter, les premières réactions des syndicats étaient vives. Entendu « en partie » sur les masques, le SNES-FSU pointait un « flou total sur la réouverture des collèges et, surtout, des lycées ». Pour le SE-Unsa, « la reprise de l’école et du collège présentée par le Premier ministre est inacceptable et impossible ».

En résumé, à partir du 11 mai, les élèves seront donc soit en enseignement à distance, soit à l’école en cours avec leur enseignant, soit en étude, soit dans des locaux périscolaires « pour les collectivités qui le souhaitent » pour des activités sport, culture, santé, civisme. Jean-Michel Blanquer avait déjà présenté ces options , la semaine dernière, devant les députés.


Dans chaque département, le déconfinement dépendra du respect de trois indicateurs sanitaires

A partir de jeudi, trois indicateurs vont être surveillés dans chaque département : nombre de nouvelles infections, capacités de réanimation, et ressources pour détecter les cas de coronavirus. Un écart trop grand avec les prévisions remettrait en question le déconfinement.

Edouard Philippe a présenté à l’Assemblée nationale les trois indicateurs clefs qui permettront d’autoriser le déconfinement par département. (David Niviere/AP/SIPA)

Publié le 28 avr. 2020

Ce serait aller un peu vite en besogne que d’assurer dès maintenant que la France sera déconfinée le 11 mai. Ce mardi, devant l’Assemblée nationale, Edouard Philippe a expliqué que le retour à une certaine liberté de circulation resterait suspendu jusqu’au bout au respect de critères sanitaires. En réalité, la date du 11 mai n’est pas assurée et un reconfinement ultérieur n’est pas à exclure. A minima, certains départements se verront appliquer des restrictions supplémentaires s’ils ne respectent pas les trois critères édictés par le Premier ministre, conformes aux recommandations du Conseil scientifique .

« Nous préparons le 11 mai en surveillant tous les indicateurs, département par département. Si par exemple, le 7 mai, le nombre de nouveaux cas par jour était supérieur à la fourchette, nous devrions en tirer les conséquences », a déclaré Edouard Philippe, et cela en ne déconfinant pas « ou plus strictement ». Pour appuyer son propos, le Premier ministre a évoqué des modélisations « moins favorables » de l’épidémie, qui lui ont été communiquées la veille par la Direction générale de la santé. Il a de nouveau appelé les Français à « la plus grande discipline » sur le respect des règles du confinement d’ici au 11 mai.

Trois critères

Premier critère à respecter, le nombre de nouveaux cas d’infection chaque jour . Selon le Conseil scientifique, il devrait être compris entre 1.000 et 3.000 par jour le 11 mai, avec une courbe censée descendre régulièrement dès à présent. Si le nombre de cas était supérieur aux prévisions dans certains départements, cela signifierait que le virus y circule encore activement, et qu’il faudrait refermer au moins partiellement le sas de déconfinement.

Deuxième critère, les capacités régionales en réanimation. Lundi soir, près de 4.700 malades graves du Covid étaient encore hospitalisés dans ces services, ce à quoi il faut ajouter autour de 2.500 personnes en réanimation pour d’autres motifs. On est encore au-dessus des capacités initiales de 5.000 lits à l’échelle nationale, et à plus forte raison dans les départements les plus touchés, en Alsace ou en région parisienne.

Troisième critère, le système local de tests et de détection des chaînes de contamination. L’organisation qui va être mise sur pied avec les collectivités, les préfets, les maires, a pour but de ne pas laisser émerger de nouveaux foyers infectieux. Mais si le personnel, les procédures ou les moyens matériels n’étaient pas au rendez-vous, le déconfinement ne pourra être autorisé.

La Direction générale de la santé commencera à publier la carte du respect des trois indicateurs à partir de jeudi, tous les jours, a annoncé Edouard Philippe. Ces résultats seront « cristallisés le 7 mai », et on pourra ainsi voir quels départements sont « rouges » – avec une circulation élevée du virus (dont certainement toute l’Ile-de-France, par exemple) – ou « verts » – une circulation limitée. La vie d’après risque d’être très différente entre ceux qui auront eu le feu vert et les autres.

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