Quelques dizaines d’enfants ont été hospitalisés ces derniers jours en Europe après avoir présenté des symptômes graves apparentés à une maladie rare. Une partie seulement de ces enfants s’est révélée positif au SARS-CoV-2. À cette heure, le lien de cause à effet n’est donc pas formellement établi.
Bonjour,
De nombreuses questions nous sont parvenues à propos de formes atypiques et potentiellement mortelles de covid-19 touchant des enfants au Royaume-Uni, mais aussi en France.
Plusieurs titres de presse britanniques ont en effet rapporté en début de semaine des propos de responsables des services de santé nationaux, selon lesquels un peu plus d’une douzaine d’enfants auraient été placés en soins intensifs à la suite de l’apparition «d’une nouvelle combinaison potentiellement mortelle de symptômes», «apparemment liés au Covid-19».
La société britannique des soins intensifs pédiatriques (PICS) a confirmé que les services de santé anglais (NHS) avaient signalé «une légère augmentation du nombre de cas d’enfants gravement malades présentant un tableau clinique inhabituel».
Si «beaucoup de ces enfants ont été testés positifs» au SARS-CoV-2, la PICS précise toutefois que «d’autres étaient négatifs». Cette information laisse à penser que plusieurs pathogènes distincts pourraient entraîner ces symptômes, ou que l’on serait face aux symptômes d’une autre maladie aggravés par la présence du SARS-CoV-2.
Des cas analogues ont été signalés ailleurs en Europe, notamment en Italie où 5 cas de Kawasaki ont été signalés à Gênes en moins d’un mois. Hier, la Dépêche a également relayé une alerte similaire émanant d’hôpitaux franciliens, concernant une vingtaine de cas. Là encore, une partie seulement des patients a été testée positive au SARS-CoV-2.
Un Kawasaki aggravé par le SARS-CoV-2 ?
Selon l’information transmise par la NHS England à la PICS, la douzaine de cas auraient en commun les symptômes associés à plusieurs pathologies : d’une part, le syndrome de choc toxique, et d’autre part la maladie de Kawasaki. La PICS fait également mention «de paramètres sanguins compatibles avec un Covid-19 sévère chez l’enfant».
La maladie de Kawasaki est une maladie essentiellement infantile, liée à une inflammation des parois des artères, associée à de la fièvre. L’atteinte des artères accroît le risque d’infarctus, d’arythmie et d’insuffisance cardiaque. Dans l’état actuel des connaissances scientifiques, cette maladie pourrait être liée à une infection par divers pathogènes peut-être saisonniers (spores, bactéries…) ainsi qu’à certaines prédispositions génétiques. De son côté, le syndrome de choc toxique désigne la réaction d’un organisme à une toxine bactérienne en circulation dans le sang (fréquemment, une toxine produite par le staphylocoque doré).
Selon une source de la NHS jointe par le quotidien The Guardian, le tableau clinique atypique observé pourrait correspondre à des cas de maladie de Kawasaki aggravés par l’infection à SARS-CoV-2. Un tel risque avait été soulevé début avril par des pédiatres nord-américains dans une étude de cas portant sur un nourrisson de 6 mois.
«Nous avons, comme tout le monde, reçu ces informations sur des formes atypiques qui ressemblent à un Kawasaki, nous confirme le Dr Elise Launay, médecin pédiatre au CHU de Nantes. Comme il s’agit de maladies relativement rares, la surveillance du nombre de cas est facile. Mais l’une des difficultés avec la maladie de Kawasaki est que l’on ne dispose pas d’un test diagnostic unique, mais que l’on se fonde sur un faisceau d’arguments. Il existe d’autres maladies qui provoquent une inflammation des vaisseaux, de même que certaines réactions post-infectieuses. Le diagnostic est donc difficile, ce qui nous amène parfois à traiter des suspicions de Kawasaki sans que certitude absolue [sur ce diagnostic].»
Les cas survenus en France depuis le début de l’épidémie concerneraient des enfants âgés de 2 à 10 ans.
Un message transmis par le M3C-Necker (centre de référence des maladies cardiaques congénitales complexes) aux différents services de cet hôpital, confirme une augmentation des hospitalisations liées à une «inflammation multi-systémique associant fréquemment une défaillance circulatoire, avec des éléments en faveur d’une myocardite» depuis début avril. Certains patients présentent en outre des dilatations des artères.
Dans un communiqué, la PICS insiste sur le fait qu’au Royaume-Uni comme dans d’autres pays, «il y a encore très peu de cas d’enfants gravement malades atteints du Covid-19 admis en pédiatrie intensive-unités de soins». Ils rappellent d’ailleurs aux parents inquiets «[qu’]une maladie grave résultant du Covid-19 est un événement très rare chez les enfants». Un constat également dressé par le Collège royal de pédiatrie.
Le Collège répond aux récents rapports sur COVID-19 et les enfants
Commentant les informations faisant état d’une affection liée au COVID-19 chez les enfants, le professeur Russell Viner, président du Royal College of Paediatrics and Child Health, a déclaré:
Nous savons déjà qu’un très petit nombre d’enfants peuvent devenir gravement malades avec COVID-19, mais c’est très rare – des preuves provenant du monde entier nous montrent que les enfants semblent faire partie de la population la moins touchée par cette infection.
De nouvelles maladies peuvent se présenter d’une manière qui nous surprend, et les cliniciens doivent être informés de toute évidence émergente de symptômes particuliers ou de conditions sous-jacentes qui pourraient rendre un patient plus vulnérable au virus.
Cependant, notre conseil reste le même: les parents doivent être rassurés sur le fait qu’il est peu probable que les enfants soient gravement malades avec COVID-19, mais s’ils s’inquiètent pour la santé de leurs enfants pour quelque raison que ce soit, ils devraient demander l’aide d’un professionnel de la santé.
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