USA: la police sur la sellette avant un nouveau week-end de rassemblements

AFP05/06/2020 

Sur cette image fournie par la radio publique de Buffalo, WBFO, prise par Mike Desmond, un manifestant de 75 ans est à terre après avoir été violemment poussé par la police, le 4 juin 2020 ( WBFO NPR / Mike Desmond )

Les Etats-Unis se préparaient vendredi à un nouveau week-end de rassemblements massifs contre les inégalités raciales et les brutalités policières, alors que la polémique augmente face à la répression de ces mêmes manifestations par les forces de l’ordre.

Plusieurs vidéos montrant des interventions policières musclées face à des manifestants pacifiques ont émergé ces derniers jours.

La dernière en date, diffusée jeudi soir, montre un manifestant fermement repoussé par deux policiers et heurtant violemment le sol, alors qu’il est seul face à des dizaines d’entre eux dans la ville de Buffalo, dans l’Etat de New York.

Un premier communiqué officiel affirmait que le manifestant de 75 ans, qui saignait abondamment et semblait avoir perdu connaissance, avait « trébuché et chuté ».

Devant l’indignation provoquée par cette réaction, les deux policiers impliqués ont été suspendus. Le gouverneur de l’Etat de New York, Andrew Cuomo, a appelé à ce qu’ils soient limogés, et le procureur local a ouvert une enquête.

– « Protecteurs, pas guerriers »

Un manifestant brandit un portrait de George Floyd lors d'une manifestation à,  Brooklyn le 5 juin 2020 ( AFP / Angela Weiss )

Un manifestant brandit un portrait de George Floyd lors d’une manifestation à, Brooklyn le 5 juin 2020 ( AFP / Angela Weiss )

« Les policiers doivent être des protecteurs, pas des guerriers », a déclaré le responsable du comté, Mark Poloncarz, alors que les policiers de l’unité d’urgence de cette ville de 250.000 habitants présentaient leur démission pour protester contre le traitement réservé à leurs collègues, selon la presse locale.

A New York même, le maire Bill de Blasio, hué jeudi lors d’une cérémonie hommage à George Floyd à Brooklyn pour n’avoir pas condamné les brutalités policières contre des manifestants non violentes, a promis d’enquêter sur les faits signalés, indiquant que des mesures disciplinaires suivraient.

A l’autre bout du pays, dans l’Etat de Washington, la maire de Tacoma a demandé le limogeage de policiers impliqués dans la mort d’un homme noir le 3 mars, après la diffusion d’une nouvelle vidéo semblant les montrer en train de s’acharner sur l’homme, plaqué au sol au bord de la route.

Le slogan "Black Lives Matter" peint en lettres capitales sur la chaussée d'une grande artère de Washington menant à la Maison Blanche, le 5 juin 2020 ( AFP / Daniel SLIM )

Le slogan « Black Lives Matter » peint en lettres capitales sur la chaussée d’une grande artère de Washington menant à la Maison Blanche, le 5 juin 2020 ( AFP / Daniel SLIM )

A Indianapolis, dans le Midwest, la police enquêtait après une autre vidéo montrant des policiers sortant matraques et gaz poivre lors de l’arrestation d’une manifestante dimanche.

– « George nous regarde de là-haut » –

Les nouveaux exemples de violences policières nourrissent la colère à l’origine des manifestations qui secouent les Etats-Unis depuis la mort de George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans, asphyxié par un policier blanc lors d’une interpellation le 25 mai à Minneapolis.

Les manifestations ont repris vendredi après-midi, notamment à New York, où plusieurs milliers de personnes ont convergé à Brooklyn et Manhattan.

Plusieurs manifestations ont aussi eu lieu à l’étranger, notamment au Canada, où le Premier ministre Justin Trudeau a défilé à Ottawa avec plusieurs milliers de manifestants.

Certaines revendications des manifestants qui défilent depuis 10 jours ont pourtant été entendues: le policier qui a appuyé pendant près de neuf minutes son genou sur le cou de George Floyd a été inculpé mercredi d’homicide volontaire — et non plus involontaire — et les trois autres agents présents inculpés de complicité.

La police de Minneapolis a aussi annoncé vendredi qu’elle interdisait dorénavant les « prises d’étranglement », technique dangereuse notamment utilisée en 2014 à New York sur Eric Garner, autre homme noir décédé aux mains de la police dont les cris « Je ne peux pas respirer » ont également été prononcés par George Floyd lors de sa mort.

Pour samedi, des rassemblements s’annoncent dans de nombreuses villes américaines, notamment à New York, Washington et à Miami.

Les marches des derniers jours étant restées pacifiques et plusieurs villes, dont Washington, Seattle et Los Angeles, ont désormais levé leur couvre-feu. Mais pas New York, où il est maintenu jusqu’à dimanche soir.

Donald Trump, qui ne cesse d’appeler à rétablir l’ordre public, a appelé à nouveau vendredi les Etats qui ne l’ont pas fait, comme New York, à appeler en renfort la Garde nationale.

Donald Trump lors d'une conférence de presse dans les jardins de la Maison Blanche, le 5 juin 2020 ( AFP / Mandel NGAN )

Donald Trump lors d’une conférence de presse dans les jardins de la Maison Blanche, le 5 juin 2020 ( AFP / Mandel NGAN )

Mais à cinq mois de l’élection présidentielle, il a lié de façon surprenante les manifestations à ses espoirs de reprise de l’économie, après une baisse surprise du chômage en mai.

« J’espère que George (Floyd) nous regarde de là-haut en pensant que ce qui arrive au pays est grandiose. C’est un grand jour pour lui, c’est un grand jour pour tout le monde », a dit le président américain.

Une déclaration dénoncée par son adversaire démocrate Joe Biden.

« Les derniers mots de George Floyd, +Je ne peux pas respirer, je ne peux pas respirer+, résonnent dans tout le pays. Que le président mette d’autres mots dans sa bouche est franchement méprisable », a-t-il déclaré.

Dans ce contexte, la légende de la NBA, Michael Jordan, a annoncé un don de 100 millions de dollars à des organisations oeuvrant pour l’égalité raciale et la justice sociale, évoquant « le racisme qui gangrène les Etats-Unis ».


Etat de New York : la vidéo choquante d’un manifestant âgé projeté au sol

Paris Match |

L'homme de 75 ans a été projeté à terre par deux policiers à Buffalo, le 4 juin 2020.
L’homme de 75 ans a été projeté à terre par deux policiers à Buffalo, le 4 juin 2020.Capture d’écran WBFO

Un homme de 75 ans se trouve dans un état grave après avoir été violemment bousculé par un policier à Buffalo, dans l’État de New York.

Les images sont choquantes : on voit un septuagénaire se diriger dans une rue de Buffalo (New York) vers les policiers, en tenue de protection, et être violemment projeté au sol par deux d’entre eux. À terre, il ne bouge plus, sa main qui tenait un papier lâche prise et du sang s’écoule de son oreille droite. Un officier se penche sur lui, mais est tiré par le bras par un de ses collègues qui le contraint à avancer. «Il saigne!», crient des passants, pendant qu’un journaliste de la station de radio locale WBFO filme la scène, qui se déroule durant une manifestation contre le racisme et les violences policières. Après l’avancée des policiers, trois officiers se penchent sur l’homme à terre, dont on a depuis appris qu’il avait été transporté à l’hôpital. Vivant, mais dans un état grave, souffrant d’une commotion cérébrale et de lacérations.

WBFO

@WBFO

Just about an hour ago, police officers shove man in Niagara Square to the ground (WARNING: Graphic). Video from: @MikeDesmondWBFO

Les images ont rapidement fait le tour des réseaux sociaux -elle a été vue plus de 38 millions de fois sur Twitter-, choquant de nombreux internautes. Le gouverneur de l’État de New York, Andrew Cuomo, a qualifié l’incident de «complètement injustifié et entièrement honteux», rappelant que «les officiers de police doivent faire respecter la loi – ET NON PAS EN ABUSER». Le maire de Buffalo Byron Brown s’est dit «profondément perturbé», annonçant que le chef de la police de la ville Byron Lockwood avait «demandé l’ouverture immédiate d’une enquête». Les deux policiers vus en train de pousser le septuagénaire ont été suspendus sans salaire : «Après des jours de manifestations pacifiques et plusieurs rencontres avec la direction de la police et des membres de la communauté, l’incident de ce soir me brise le coeur. J’espère continuer d’avancer sur les progrès que nous avons accomplis ensemble pour répondre à l’injustice et à l’inégalité raciales dans la ville de Buffalo», a-t-il déclaré.

Des manifestations pourtant pacifiques à Buffalo

Jusqu’à présent, les manifestations organisées à Buffalo n’avaient pas connu de débordements majeurs. Un automobiliste a été mis en examen après avoir foncé sur trois officiers, en blessant grièvement un, mais il ne faisait pas partie des protestataires. Comme à travers le reste des États-Unis, ces manifestations sont une expression de la colère populaire après la mort de George Floyd, un Afro-Américain de 46 ans asphyxié lors de son interpellation par un policier blanc à Minneapolis (Minnesota). Le quadragénaire a répété pendant près de neuf minutes qu’il n’arrivait pas à respirer, plaqué ventre à terre pendant qu’un policier appuyait avec son genou sur sa nuque. Les manifestants protestent depuis dix jours contre les violences policières à caractère raciste, dans le cadre du mouvement Black Lives Matter, né il y a plusieurs années après des faits similaires, et demandent justice pour les victimes. Les noms d’autres Afro-Américains tués par des policiers dans des conditions semblables reviennent régulièrement dans les manifestations : Eric Garner, Michael Brown, Trayvon Martin (tué par un garde volontaire), Tamir Rice, Freddie Gray, Philando Castile…

Trois autres affaires, toutes survenues depuis le début de l’année, ont également choqué à travers le pays : Breonna Taylor et David McAtee, la première tuée lors d’une perquisition alors qu’elle dormait chez elle et le second en marge d’une manifestation, tous deux abattus par des policiers à Louisville (Kentucky), mais aussi Ahmaud Arbery, tué alors qu’il faisait son jogging -les deux suspects, un père et son fils, n’ont été mis en examen qu’après deux mois.

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