La « pression » des actionnaires « empêche les entreprises de prendre en compte un horizon plus long, selon Oxfam ( AFP / Andy Buchanan )
Les entreprises du CAC 40 ont privilégié pendant dix années leurs actionnaires, aux dépens de l’environnement, de leurs salariés et des femmes, dénonce l’ONG Oxfam dans un rapport publié lundi et dont l’édition précédente avait suscité des critiques sur sa méthodologie.
« Dividendes records, écarts de salaires vertigineux, rentabilité à court terme… le CAC 40 est à contre-courant du bon sens économique », a affirmé Quentin Parrinello, co-auteur du rapport intitulé « CAC 40 des profits sans lendemain? » et porte-parole d’Oxfam France, cité dans un communiqué.
La « pression » des actionnaires « empêche les entreprises de prendre en compte un horizon plus long et d’investir à la hauteur des besoins dans la transition écologique », a-t-il encore regretté.
Selon ce rapport, les versements aux actionnaires du CAC 40 ont augmenté de 70% depuis la crise financière (2009) à 2018. Pendant cette période de dix ans, la rémunération des PDG a bondi de 60%.
En revanche, le salaire moyen au sein de ces entreprises « n’a augmenté que de 20% et le SMIC de 12% sur la même période », a souligné l’ONG qui dénonce régulièrement les inégalités créées dans le monde économique.
« En 2018, un dirigeant du CAC 40 avait déjà gagné l’équivalent d’un SMIC annuel le 2 janvier », dénonce Oxfam qui s’indigne aussi de la faible représentation féminine dans les directions du CAC 40.
« Fin 2019, les femmes ne représentaient en moyenne que 20% des équipes dirigeantes du CAC 40, alors qu’elles constituent la moitié des salariés, et 5 entreprises ne comptaient aucune femme dans leurs instances dirigeantes », a-t-elle constaté.
Face à cette situation, Oxfam appelle le gouvernement français, qui prépare un plan de relance pour la rentrée, « à adopter des règles de plafonnement des versements des dividendes pour financer la transition écologique ».
Elle lui demande aussi de « limiter les écarts de salaires, revaloriser les métiers à prédominance féminine ou encore renforcer la représentation et les pouvoirs des salariés dans les instances de décisions ».
Il y a deux ans, le rapport précédent d’Oxfam avait présenté la France comme la championne du monde en matière de distribution de dividendes aux actionnaires, suscitant la réaction virulente du Medef qui l’avait traité de « biaisé ».
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