LR: Quelques mois avant mai 68 Henry KRASUCKI déclarait « … rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classe , elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division . La lutte de classes au contraire , est la base de l’unité , son motif le plus puissant . C’ est pour la mener avec succès en rassemblant l’ensemble des travailleurs que fut fondée la CGT . Or la lutte de classe n’est pas une invention , c’est un fait , il ne suffit pas de la nier pour qu’elle cesse : renoncer à la mener équivaut pour la classe ouvrière à se livrer pieds et poings liés à l’exploitation et à l’écrasement … » Martinez est l’homme de la liquidation du syndicalisme de classe, l’homme qui pris à la gorge dans ses budgets, se doit d’achever un processus révisionniste entamé même au temps des belles paroles de Krasucki qui à défaut d’organiser des mobilisations concrètes s’en tenait à réciter les « évangiles ». Confronté à la dégénérescence bureaucratique de la CGT, Martinez sera peut-être celui qui n’aura plus qu’à éteindre la lumière en sortant.
A l’issue d’une première salve d’échanges et de rencontres, le Premier ministre semble plutôt apprécié des partenaires sociaux, qui saluent ses engagements sur la réforme des retraites ou de l’assurance-chômage.
A peine arrivé à Matignon, Jean Castex imprime sa marque. Et elle semble plutôt appréciée des syndicats, même sur des dossiers explosifs. De la CGT à FO en passant par la CFDT, tous saluent les premiers pas du successeur d’Edouard Philippe. Après l’annonce, vendredi 17 juillet, du report de la réforme de l’assurance-chômage et des négociations sur la réforme des retraites, franceinfo revient sur la façon dont le Premier ministre a réussi à séduire les partenaires sociaux.
Sur la forme : un style « franc » et « direct »
« C’est quelqu’un de direct et c’est bien de ne pas tourner autour du pot », a déclaré Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, sur France Inter, samedi 18 juillet.
Le Premier ministre est « franc, cash, direct » avait déclaré sur franceinfo Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, huit jours plus tôt, au lendemain d’une première rencontre avec Jean Castex, à Matignon.
Jean Castex est "franc, cash, direct", selon Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT. "Maintenant on juge aux actes (…), on lui a dit de ne pas relancer la réforme des retraites, on lui a dit l'emploi d'abord"
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Jean Castex « a un bon physique, c’est un rugbyman. Normal qu’il entre tout de suite dans la mêlée », avait confié le ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, au Parisien.
Une petite musique sportive jouée par le Premier ministre lui-même. Dans une interview au Journal du dimanche (article abonnés) peu après sa nomination à Matignon, il avait mis en avant son amour du rugby pour décrire, en partie, son style direct. « Quant au rugby, ne pas l’aimer quand on est un homme du Gers serait une anomalie !, avait-il déclaré. C’est un sport de combat et de convivialité. Sur le terrain, on ne peut pas ‘s’échapper »‘. Et si le collectif ne fonctionne pas, l’équipe perd. »
Sur le fond : une connaissance des syndicats
Jean Castex « a les codes, et je crois qu’il respecte le terrain qu’on représente » , a estimé François Hommeril, le leader de la CFE-CGC, dans les colonnes de Libération.
Il connaît bien les syndicats, il a un passé qui plaide pour lui.sur France Inter
« Hier, on a eu des annonces concrètes de faites (…) les Premiers ministres ne nous ont pas habitués à de telles annonces », a poursuivi le leader de la CGT, en parlant du report de la réforme de l’assurance-chômage à 2021 et du décalage des négociations sur la réforme des retraites, confirmé vendredi soir au « 20 heures » de France 2 par le Premier ministre.
Dans la pratique : une ouverture au dialogue
« Il y aura, on le sait, des divergences. Mais il faut d’abord savoir nous parler, nous respecter », a déclaré le Premier ministre, vendredi. « L’instauration d’un nouveau régime de retraite universel sera maintenue. Simplement, nous lui appliquerons une nouvelle méthode (…) en reprenant la concertation dans les mois à venir », a-t-il annoncé après avoir rencontré les syndicats.
Concertations entre le gouvernement et les syndicats : "Il y aura, on le sait, des divergences. Mais il faut d'abord savoir nous parler, nous respecter", déclare le Premier ministre Jean Castex
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Présenté par le chef de l’Etat et ceux qui l’ont côtoyé comme un farouche défenseur du dialogue social, le Premier ministre l’a martelé, vendredi soir, sur le plateau du « 20 heures » de France 2 : « Je suis convaincu que le dialogue social est une garantie d’efficacité et de cohésion nationale. »
Sauf que ses paroles se retrouvent dans les actes, d’après plusieurs leaders syndicaux. « Il y a un véritable changement de ton », a déclaré Yves Veyrier, secrétaire général de FO sur franceinfo, vendredi. « C’est un discours de gaulliste social qui rompt avec Macron, c’est déstabilisant », a-t-il commenté auprès de l’AFP.
Le Premier ministre parle beaucoup du dialogue. Il y met de la qualité, on va dire, y compris en soulignant qu’on peut parfois être en accord, parfois en désaccord.sur franceinfo
« Le Premier ministre crée des signes d’ouverture en direction du dialogue social », a abondé Laurent Berger, vendredi, sur Europe 1. Une posture qui s’accompagne de propos jugés convaincants. Jean Castex « nous a rassurés sur le fait qu’il faudrait faire la distinction entre ce qui est du domaine du conjoncturel et ce qui est du structurel », a indiqué François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME).
« En détendant les calendriers, cela permet d’éviter les sujets qui fâchent », a observé Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, à propos des reports annoncés. « C’est du concret, qui permet d’ouvrir un espace d’interaction », a estimé François Hommeril, de la CFE-CGC. Et d’ajouter : « Il semble que quelque chose est en train de changer dans la méthode de gouvernement. »
« L’un des enjeux va être de voir si Jean Castex est capable de dialoguer et d’abandonner le style un peu sec d’Edouard Philippe », avançait dans l’émission « C dans l’air », sur France 5, Françoise Fressoz, éditorialiste au Monde. Pour l’instant, le Premier ministre semble effectivement se distinguer.
Toutefois, si Jean Castex fait preuve de davantage de souplesse, Philippe Martinez relève chez lui des crispations. « Il y a des sujets qui restent tabous et qui restent problématiques. C’est le cas de la question des salaires. On a demandé une hausse du smic, cela n’a pas été relevé, a-t-il souligné auprès de Libération. L’idée que les salaires sont l’ennemi de l’emploi, on sent que c’est l’esprit du Premier ministre. Même s’il ne le dit pas franchement », grince-t-il.
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