Vite la gestion publique, écologique et citoyenne de l’eau !

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Dimanche 30 août, la multinationale française Veolia a annoncé avoir remis à Engie une offre visant à lui racheter sa participation dans Suez. Réaction de la Coordination EAU Île-de-France.

Les derniers soubresauts du monde d’avant

Cette opération devant être suivi immédiatement d’une OPA (offre publique d’achat) sur les actions restantes de Suez. Le rachat de l’ensemble est estimé à quelque 10 milliards, auxquels s’ajoute la dette de Suez.

Si son OPA aboutit, Veolia promet de revendre dans la foulée la filiale de Suez en France consacrée à la distribution et à l’assainissement de l’eau au fonds d’investissement Meridiam.

Le nouveau champion des PPP à travers le monde

Société de gestion française créée il y a quinze ans, Meridiam “investit”, selon le sinistre schéma des partenariats public-privé, dans les infrastructures, de la Finlande au Gabon.

Avec seulement 150 salariés, elle gère 8 milliards d’euros d’actifs placés dans des aéroports, des autoroutes, des hôpitaux, des écoles , ou des fermes éoliennes, à travers le monde, pour le compte de fonds de pension et autres fonds souverains. Ses profits impressionnants ont propulsé en quelques années son PDG Thierry Déau dans le club des plus grandes fortunes françaises.

Sous-couvert de discours sur la création d’un champion industriel français de taille mondial, le rachat annoncé détruit définitivement le mythe d’un “modèle français de l’eau” légitimé par l’ ingénierie et un savoir-faire technique de ses entreprises: cette opération acte le bradage de ce secteur à des opérateurs financiers hors sol exclusivement motivés par la sécurité et le taux des profits attendus par les actionnaires des fonds de pensions.

La franchise de Frérot

Reconnaissons ici au PDG de Veolia le mérite de la franchise: à aucun moment, il n’essaye de nous faire croire à une prise de conscience des prédateurs des services publics, ni une reconnaissance de l’obligation de faire prévaloir l’intérêt général dans la réponse aux besoins humains fondamentaux.

Il ne s’agit plus pour lui que de séduire les marchés financiers, avec succès, comme en témoigne le bond des actions Veolia, Engie et Suez dès le lendemain à la Bourse de Paris.

Que faut-il attendre de cette opération pour les usager-es du service de l’eau?

Rien de bon car Veolia est déjà le numéro 1 des entreprises privées du secteur et l’on voit le résultat !

L’entreprise se comporte mal vis-à-vis des usagers et pousse à l’augmentation des tarifs : ainsi Frédéric Van Heems, directeur général de Veolia Eau France, plaidait lors d’une rencontre parlementaire pour une augmentation de 40% du prix moyen !

Que faut-il en attendre pour les collectivités locales ?

Rien de bon car Véolia sera encore plus dominant et le rapport de force sera encore plus au détriment des élus locaux dans toutes les négociations.

Que faut-il en attendre pour les personnels ?

Rien de bon car le changement de propriétaire va se faire sur le dos des personnels, par la fusion des services conduisant à des suppressions d’emplois et par la volonté de baisser les coûts en réduisant les salaires et e dégradant les conditions de travail, comme cela se fait à chaque fois.

Les usagers, les élus, les personnels ont tout à perdre dans ce genre d’opération. Pourtant le gouvernement reste étrangement silencieux.

Des pouvoirs publics passifs

La passivité des pouvoirs publics à l’égard de ces manœuvres est inacceptable, le Ministre de l’Économie, Bruno Lemaire, se bornant à expliquer, comme d’habitude, que « l’État sera vigilant aux engagements que prendra Veolia ».

Vraiment Il est urgent que les citoyen-nes et leurs élu-es interviennent dans le débat public pour remettre les pendules à l’heure du monde d’après :

– Oui, il faut clore au plus vite l’époque de la gestion privée de tout le cycle de l’eau, pour le faire passer du statut de victime du dérèglement climatique à celui d’outil essentiel pour y remédier.

-Oui il faut bannir d’urgence le dispositif des partenariats public-privé (PPP) et notamment des délégations de service public, aussi incompatible et nocif pour la démocratie locale, la satisfaction des droits fondamentaux des humains et la transformation écologique de notre pays.

Veolia, Suez, Saur, sortez de nos corps!


Droit à l’eau : 10 ans après, où en est-on ? Réponses de Sylvie Paquerot

16 juil. 2020

L’ONU a reconnu le 28 juillet 2010 le droit à l’eau. Bien que l’on puisse se réjouir de cette victoire après plus de vingt longues années de batailles menées par des citoyens partout dans le monde, cette victoire est en demi-teinte. Le droit à l’eau, tel que défini par l’ONU, ne remet pas en cause la marchandisation et la privatisation de l’eau alors que c’était l’une des principales demandes des militants lorsqu’ils luttaient pour la reconnaissance de ce droit humain fondamental. La bataille politique reste donc entière. Découvrez plus en profondeur le bilan des 10 ans du droit à l’eau en visionnant l’intervention de Sylvie Paquerot, membre du Conseil d’Administration et professeure à l’Université d’Ottawa spécialiste des problématiques de l’eau.

Le 3 septembre 2020

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