Le débat Trump-Biden risque de dégoûter les Américains de la politique

LR: Les Etats Unis sont confrontés à une crise sanitaire, financière, économique, écologique de grande ampleur; la première puissance économique et militaire mondiale montre aux yeux du monde un visage terrifiant.

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https://www.huffingtonpost.fr/
30/09/2020 

Véritable pugilat, il n’a rien apporté aux Américains, si ce n’est un triste reflet de la division du pays. Un spectacle qui sert directement Trump.

Abyssal. Plus encore qu’en 2016, c’est le niveau qu’a atteint la campagne présidentielle américaine. Dans un style très agressif, interrompant sans arrêt son adversaire démocrate, Donald Trump a joué sa partition habituelle contre Joe Biden. Confus et très mal géré par le modérateur Chris Wallace, le premier débat n’a rien apporté aux Américains, si ce n’est un très triste reflet de la division du pays.

Bien avant la joute télévisuelle, les intimidations du camp Trump avaient débuté par les rumeurs totalement infondées de dopage du candidat démocrate, et les mensonges autour de l’utilisation possible d’une oreillette pour aider Biden. En retour, l’ancien vice-président de Barack Obama a simplement publié sa plus récente feuille d’impôts, pour répondre à l’enquête accablante sur Trump parue dimanche dans le New York Times.

Historiquement, le premier débat est toujours difficile pour le président sortant.

Historiquement, le premier débat est toujours difficile pour le président sortant: en 1984, 2004, ou encore 2012, Reagan, Bush Jr ou Obama avaient tous peiné à trouver leur rythme. Il n’en pas été autrement pour Trump, qui a utilisé durant 90 minutes sa méthode de la terre brûlée, à son détriment. Se sachant battu d’avance sur le plan des idées, Trump a simplement tenté de rabaisser le niveau de son adversaire.

On peut malheureusement lui apporter du crédit à cet égard. Avec les interruptions incessantes de Trump, Biden a fini par perdre son calme en qualifiant son adversaire de “clown”, ou encore en lui demandant simplement de “la fermer”. C’est le fruit d’une stratégie minutieusement préparée, qui a consisté à sortir du cadre politique traditionnel et à diviser le camp démocrate.

Néanmoins, de manière plutôt fine, Biden a réussi à placer quelques idées phares au milieu du tumulte. En rappelant les réductions d’impôts massives votées par Trump en 2017 pour les plus riches et en énumérant son bilan sur l’assurance santé, l’ancien vice-président s’est positionné pour convaincre l’électorat col-bleu du Wisconsin, de l’Ohio ou de la Pennsylvanie, Etats capitaux pour remporter la Maison-Blanche.

De l’avis de tous les observateurs américains, ce débat était un désastre. Mais à quel point cela va-t-il changer la course? A l’image des divisions de l’Amérique, une minorité impressionnante de 41% des téléspectateurs ont pensé que Trump avait remporté le débat. Ce n’est que 7% de moins de Biden, quand en 2016 Hillary Clinton avait 35 points d’avance. Selon les divers instituts de sondages, seulement 10% des Américains sont encore indécis quant à leur vote pour l’élection de novembre.

Pour le moment, Biden est bien devant, et il l’a été tout au long de l’année. Cela n’augure pas du résultat final, comme l’élection de 2016 l’a prouvé.

Pour le moment, Biden est bien devant, et il l’a été tout au long de l’année. Cela n’augure pas du résultat final, comme l’élection de 2016 l’a prouvé. Néanmoins, Trump entre dans le dernier mois de campagne avec un déficit considérable, avec seulement 43% des intentions de vote, contre 49% pour Biden. Malgré la limite des sondages nationaux, puisque l’élection se joue par Etats, jamais un candidat n’était entré dans la dernière ligne droite avec une avance aussi grande depuis 1996.

Après sa victoire très étriquée de 2016, Trump n’a pas beaucoup de marge d’erreur. Il ne peut tout simplement pas se permettre de perdre de voix. Or, à l’issue de ce pugilat, il est permis de penser que le candidat républicain n’a pas gagné un seul électeur de plus. Mais il en a peut-être fait perdre à Biden, en dégoûtant un peu plus l’Amérique de la politique. Et comme depuis 2016, ce triste spectacle sert Trump directement, avant de servir la dignité du pays.

A voir également sur Le HuffPost: Le premier débat entre Trump et Biden a tourné au règlement de comptes

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