Sinega Santhirarajah, étudiante en médecine à Paris, s’est suicidée mercredi 13 janvier 2021. D’après sa famille, les résultats de ses partiels seraient à l’origine de son acte.
« Depuis toute petite son rêve était de devenir chirurgienne. » Étudiante en médecine à la Sorbonne, à Paris, Sinega Santhirarajah s’est donnée la mort le mercredi 13 janvier 2021.
Des messages retrouvés par sa famille dans son portable laissent penser que ses résultats du premier semestre sont à l’origine de son suicide. Témoignage de sa cousine.
« Une femme exemplaire qui prenait ses responsabilités »
Sinega Santhirarajah venait d’avoir 18 ans le 3 janvier dernier. Sa cousine la plus proche, Sharuga Vishayamoorthy, fait le portrait d’une jeune femme souriante, responsable, « un exemple pour la famille ».
« Sinega était plus qu’intelligente, elle n’abaissait jamais personne, c’était un amour, un ange, une femme exemplaire qui prenait ses responsabilités. Chez elle, elle s’occupait des papiers pour aider ses parents tout en menant de front ses études »
« Sinega a toujours été une excellente élève, depuis l’école primaire elle obtenait les félicitations à chaque conseil de classe », raconte sa cousine.
« Je ne me vois pas en vie si je n’ai pas mon premier semestre »
D’après Sharuga Vishayamoorthy, la jeune femme vouait son existence aux études, dans le but de devenir chirurgienne et ainsi permettre à ses parents, cuisinier et femme de ménage, de changer de statut.
« Elle savait à quel point ses parents se sacrifiaient pour qu’elle puisse étudier, poursuit Sharuga. Alors quand elle a découvert son bulletin de notes, elle n’a pas supporté. Sinega vivait pour la médecine et elle n’avait obtenu aucune note au dessus de la moyenne, si ce n’est en anglais. »
Pour la famille de la jeune femme, le suicide est la conséquence de ces résultats. « On a retrouvé un message dans son portable. Un message qu’elle avait adressé à une de ses amies mais qu’elle n’avait pas envoyé et dans lequel elle avait écrit : « Je ne me vois pas en vie si je n’ai pas mon premier semestre » ».
« Le Covid-19 l’a isolée »
Selon sa cousine, Sinega n’était plus la même depuis les partiels blancs organisés début décembre. « Elle était anxieuse », décrit-elle. « Je me souviens de son anniversaire, elle était distante alors que d’habitude on est collées l’une à l’autre, maintenant je comprends pourquoi », glisse-t-elle dans un sanglot.
Pour Sharuga, le choc qui a bouleversé Sinega aurait pu être atténué par la présence de ses amis, de sa famille et un accompagnement de l’université.
« Le Covid-19 l’a isolée, il nous a séparées alors qu’on se voyait au moins cinq fois par mois, j’habite juste à côté de chez elle. Si elle avait été entourée par moi, par ses amies, je suis sûre que son suicide aurait pu être évité ».
« Elle n’aurait pas eu la force de passer à l’acte avec notre présence à ses côtés »
« Si elle avait été en cours, je suis sûre que ses camarades ou professeurs l’auraient aidé à relativiser »
Sharuga évoque également les conditions dans lesquelles étudiait sa cousine, « en distanciel » et « sans cours de soutien ».
« On a demandé à l’université de sensibiliser les élèves lorsque les professeurs délivrent de telles notes. C’est un cataclysme qu’ils doivent gérer tous seuls devant leur écran à cause de la crise sanitaire », explique Sharuga. « Si elle avait été en cours, en présentiel, je suis sûre que ses camarades ou ses professeurs l’auraient aidé à relativiser », ajoute-t-elle.
La Sorbonne nous a contactés pour nous adresser ses condoléances, puis elle a envoyé un mail à ses élèves et aux équipes enseignante où elle évoque la disparition de Sinega sans parler de suicide. Ca nous a blessés et choqués.
Mettre fin aux fausses informations sur la mort de Sinega
Aujourd’hui Sharuga demande à la Sorbonne d’encadrer ses étudiants en médecine en obligeant ces derniers à suivre des cours de soutien.
Contactée par actu Paris, la Sorbonne a répondu à nos sollicitations par le mail adressé à toute la communauté étudiante et pédagogique. Dans le message rédigé par Bruno Riou, le doyen de la faculté de médecine, les conditions de la mort de l’étudiante ne sont pas évoquées.
La jeune femme souhaite aussi apporter un éclairage sur l’origine du suicide de sa cousine. « Ce matin, on a reçu des informations selon lesquelles Sinega aurait été tuée par son amoureux. C’est faux, complètement faux », ne décolère-t-elle pas.
Pour pouvoir payer les obsèques de sa cousine, Sharuga Vishayamoorthy a créé une cagnotte en ligne, le lien ici.
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