Les employés de Sanofi-Pasteur de Val-de-Reuil (Eure) étaient en grève ce mardi 19 janvier 2021. Ils ont reçu la visite du député LFI de la Somme, François Ruffin.
Le rendez-vous était fixé à 5h du matin devant le site Sanofi-Pasteur de Val-de-Reuil (Eure) ce mardi 19 janvier 2021. 200 employés se sont rassemblés suite à un appel lancé par l’intersyndicale du groupe au niveau national.
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Contre les suppressions d’emplois
L’objectif principal de cette mobilisation : protester contre les projets de suppressions d’emplois de la direction du géant pharmaceutique français.
Les syndicats dénoncent également une dégradation des conditions de travail et salariales au sein de l’entreprise.
Samuel Lechevallier, élu au CSE (CFDT) sur le site rolivalois, explique :
« Tous les sites ont appelé à la grève suite à l’échec des NAO (N.D.L.R. Négociations Annuelles Obligatoires). Nous avons trois revendications communes : le retour à l’augmentation collective que nous avons perdue il y a dix ans et le versement d’une prime de 2000 euros pour tous les salariés. Nous dénonçons aussi le taux d’emplois précaires qui a un impact sur les conditions de travail. »
François Ruffin en soutien
En début d’après-midi, les salariés du site rolivalois ont reçu la visite de François Ruffin.
L’occasion pour le député LFI de la Somme d’afficher son soutien aux employés . Mais surtout d’exprimer une nouvelle fois sa colère face à la stratégie économique du groupe qui a versé 4,7 milliards de dividendes à ses actionnaires en 2020.
« En avril dernier, Sanofi-Pasteur a annoncé en plein confinement qu’il allait battre le record de versement de dividendes à ses actionnaires. Deux mois plus tard, ils ont annoncé la suppression de 1750 postes dont 1000 en France. »
« On aimerait aussi avoir notre part du gâteau »
Suite aux résultats enregistrés par le groupe en 2020, les syndicats réclament aujourd’hui une plus juste répartition des bénéfices :
« Sur l’année 2020, les actionnaires ont reçu 50 % des bénéfices. Ce serait bien que l’argent soit redistribué à tout le monde », insiste Samuel Lechevallier. « On aimerait aussi avoir notre part du gâteau », glisse à son tour un salarié au député.
Elue (CGT) au CSE, Karine Orsolle déplore elle aussi l’absence d’une prime pour les salariés. Elle rappelle que le groupe, leader mondial du vaccin antigrippe, a pourtant augmenté sa production de 20 % en 2020 :
« Il y a un ras-le-bol général qui est accentué par le mépris de la direction vis-à-vis des différentes organisations syndicales. Nous avons réclamé une prime exceptionnelle. On nous l’a refusée. On nous a répondu que c’était notre travail. À côté de ça, ils ont annoncé une augmentation du dividende pour les actionnaires en plein Covid. »
Retard dans la course au vaccin
Sur les 1750 postes – dont un millier en France – qui vont être supprimés, 400 concernent la branche Recherche & Développement (R&D).
Alors que les vaccins contre la Covid-19 de ses concurrents étrangers commencent à être injectés, Sanofi-Pasteur a annoncé que son vaccin ne sera pas mis sur le marché avant la fin de l’année 2021 à la suite d’essais cliniques décevants.
François Ruffin n’est pas surpris de ce retard :
« On assiste depuis dix ans au massacre de la recherche chez Sanofi. On est passé de onze à quatre centres de recherche en dix ans en France. On pourrait passer à trois d’ici la fin de l’année si on laisse fermer le centre de Strasbourg. C’est la casse d’un outil sanitaire mais aussi d’un outil industriel. Il s’agit de notre leader pharmaceutique. C’est lui qui devrait nous amener à être indépendant et à ne pas dépendre des Américains, et en l’occurrence de Pfizer pour avoir un vaccin à fournir. »
« Pression économique et sociale »
Maire de Val-de-Reuil, Marc-Antoine Jamet (PS) se déclare « catastrophé » par ce qu’il considère comme un « ratage industriel » en pleine crise sanitaire :
« Je ne peux m’empêcher de rapprocher ces délais non prévus, non seulement de la pénurie de doses que connaît notre pays actuellement et de la lenteur inacceptable des campagnes de vaccination, mais aussi de la pression économique et sociale que fait peser l’entreprise sur ses salariés. »
L’édile rolivalois se déclare favorable à la demande formulée par la ministre chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher. Laquelle a demandé à Sanofi-Pasteur d’utiliser ses chaînes de production pour fabriquer les vaccins anti Covid-19 de ses concurrents :
« Sans méconnaître les difficultés en termes de validation réglementaire et de propriété industrielle qu’entraînerait cette coopération inédite, je souhaiterais que les capacités de production, qui seraient inemployées dans l’industrie française de santé, soient utilisées à la fabrication du vaccin Pfizer. »
Une délégation syndicale à la mairie
Ce mardi matin, une délégation syndicale s’est rendue à la mairie de Val-de-Reuil. À l’issue d’un échange d’une heure, la municipalité a affirmé son soutien pour « une revalorisation de la politique salariale appliquée aux employés du site » et « le versement d’une prime exceptionnelle ».
Ce matin, avec @JjCoquelet, discussion avec les représentants @SanofiFR de @CgtSanofi et @CFDT pour soutenir leurs revendications @valdereuil_info : moins de précarité (25% d’intérimaires !), une prime 2020, des augmentations salariales. pic.twitter.com/86cA4VJB3E
— Marc-Antoine JAMET (@MA_Jamet) January 19, 2021
Dans un communiqué la Ville annonce que « la direction du site de Val-de-Reuil a indiqué, dans l’après-midi, au Maire de Val-de-Reuil qu’elle allait faire baisser son taux de précarité à 15% en 2021, qu’elle affirmait avoir versé une prime à 2100 salariés, (de 1500€ pour 1400 d’entre eux) et qu’elle entendait proposer aux salariés des augmentations de salaire sur une base allant au-delà du double de l’inflation. »
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