Depuis son entrée dans la police, elle tient un carnet. Un petit carnet noir, où elle a noté tous les insultes racistes et sexistes qu’elle a subi, vu ou entendu ; toutes les violences auxquelles elle a assisté ; tous les contrôles abusifs, les menaces, les coups.
Des pages et des pages qui documentent le racisme, le sexisme et la violence qui gangrènent de l’intérieur la police française. Aujourd’hui, elle a décidé de rendre public ce carnet, que nous avons consulté (et dont la forme a été modifiée pour protéger notre source).
S’il est rare d’entendre un policier s’exprimer librement sur ces sujets, la parole d’une policière en fonction est encore moins fréquente. Cet agent a accepté de témoigner à condition que son identité ne soit pas révélée, pour peur de représailles.
“Il faut qu’ils ressentent la peur pendant le contrôle, » “tapez dedans comme si c’était du gilet jaune”, “je suis facho, raciste et j’assume”… Ce ne sont que quelques morceaux choisis de ce document, que nous exposons pour la première fois.
L’expérience de cette policière nous révèle les mécanismes profonds qui sont à l’œuvre dans la police en France. Elle nous montre le suivisme et l’omerta, la banalisation du racisme, les violences régulières en garde à vue, la stratégie de harcèlement et provocation envers les jeunes des quartiers populaires, le sexisme ambiant, l’impuissance ou l’indifférence de la hiérarchie, le manque de contrôle des brigades de nuit, l’insuffisance de la formation dans les écoles de police.
Elle nous montre, grâce à son courage, comment ces problèmes ne relèvent pas d’une poignée d’individus égarés, mais qu’il s’agit là d’un dysfonctionnement global de l’institution policière, qui valorise le racisme et la violence et sanctionne les comportements vertueux.
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