À l’origine d’un projet fleuve intitulé « Effusion de sons », le rappeur issu du quartier du Panier a réuni autour de lui plus d’une centaine d’artistes de l’underground marseillais.
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Parallèlement à sa passion naissante, Fadaa embrasse le métier d’accordeur de piano. Un atout pour l’artiste en devenir. « Mon métier m’a permis de développer mon oreille, car j’ai pu écouter différentes musiques. Et ça m’a mis le pied à l’étrier pour le chant. » Au cours Julien ou vers la rue d’Aubagne, il multiplie les connexions et se fond au melting-pot musical qui bouillonne dans ce quartier interlope, devenu l’épicentre de la scène underground. « Des amis cap-verdiens m’ont fait découvrir leur musique, puis j’ai rencontré Teminik, slameur et poète organisateur d’ateliers d’écriture, qui a été le premier à me tendre le micro, et Lyrical Say, un autre rappeur du Panier et membre du groupe Massilia Street. »
Durant toutes ces années de jams sauvages, très peu d’enregistrements ponctuent son parcours. D’où la volonté, à partir de 2015, de laisser une trace de ses collaborations multiples. « Je voulais graver ça dans le marbre. Pour toutes ces nuits blanches à roder sur le pavé ou à faire l’apéro avec des collègues où chacun écrivait son couplet à n’en plus finir. »
S’engage le projet au long cours, entièrement réalisé en autoproduction, qui accouchera 5 ans plus tard d’une soixantaine de morceaux, auxquels prend part la bagatelle d’une centaine d’artistes. « J’ai composé pour tout le monde, suivant le style de chacun. J’ai enregistré chaque morceau et fait les arrangements, dans mon home studio à la Belle de Mai. J’ai été un peu le chef d’orchestre pour inclure des musiciens et rajouter un peu d’acoustique qui peut manquer parfois dans le rap. » Une « effusion de sons », comme l’intitulé éponyme du projet, qui mêle rappeurs, musiciens, beatmakers, techniciens du son et réalisateurs vidéos. Avec un sens inné du système D, Fadaa agrège et fédère un réseau tentaculaire d’artistes et de compétences. « L’objectif, c’était de générer une synergie entre nous. Il y a tellement de créations à Marseille. Dans le milieu du rap, on est un peu livré à nous-même», reconnaît le rappeur, qui avec ce concentré d’underground,conjure l’aseptisation de sa ville,qu’il redoute,«surtout avec la disparition de tous ces lieux culturels, à cause de la crise sanitaire et de la gentrification qui fait rage».
Chaque semaine, LaMarseillaise vous fait découvrir les artistes de la scène musicale locale. En attendant leur retour sur scène, cette série de portraits témoigne de la vitalité de la création musicale dans notre région.
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