Au son notamment du titre « Danser encore » de HK, des événements très localisés se multiplient aux quatre coins du pays, au mépris bien souvent des gestes barrière et du port du masque.
Le 17 mars, à Montpellier, le chanteur HK a joué son « Danser encore » devant une foule importante au sein de laquelle le masque et les gestes barrières étaient loin de faire l’unanimité.
CORONAVIRUS – “Je ne veux pas perdre cette France heureuse et conviviale”, “On les emmerde, les pourris du haut de la pyramide”, “Et là pas de pandémie, mais que disent les médias?”. Sur Facebook, ces commentaires accompagnent une séquence tournée à Saint-Antonin-Noble-Val, petite commune du Tarn-et-Garonne de moins de 2000 habitants. Mais ils pourraient aussi bien côtoyer des dizaines d’autres vidéos du même genre.
Sur ces fameuses images, visibles ci-dessous, on découvre quelques musiciens et plusieurs dizaines de personnes agglutinées sur la place du marché. Tous chantent et dansent avec légèreté, bien souvent sans masque, sous un soleil de printemps. Un flashmob donc, pour reprendre l’anglicisme consacré. Or si la scène n’aurait probablement surpris personne il y a dix-huit mois, à l’heure de la pandémie de covid-19, elles interpellent autant qu’elles attirent l’œil.
D’autant que des dizaines de vidéos du même genre ont fait leur apparition ces derniers mois sur les réseaux sociaux, avec à chaque fois des caractéristiques communes: l’absence généralisée de masque de protection contre le virus, des slogans vindicatifs contre les mesures sanitaires, un soutien affiché au monde de la culture et surtout la même chanson en guise de fond sonore.
“Danser encore”, hymne des flashmobs
De la Gare du Nord à Paris aux rues de la Rochelle, du centre-ville de Lille à celui de Saint-Malo en passant par Lodève, dans l’Hérault, ou Riom dans le Puy-de-Dôme, on retrouve toujours les mêmes paroles et la même mélodie. Celles de “Danser encore”, un titre composé par HK, le nom de scène de l’artiste originaire de Roubaix Kaddour Hadadi.
Une chanson dont la version officielle comptabilise 1,5 million de vues sur YouTube à l’heure où sont écrites ces lignes, et dont les paroles dénoncent la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement: “Et quand le soir à la télé / Monsieur le bon roi a parlé / Venu annoncer la sentence / Nous faisons preuve d’irrévérence / Mais toujours avec élégance”, peut-on par exemple entendre; ou encore “Chaque mesure autoritaire / Chaque relent sécuritaire / Voit s’envoler notre confiance / Ils font preuve de tant d’insistance / Pour confiner notre conscience”.
Un mot d’ordre repris par les participants et les organisateurs de plusieurs de ces happenings, dont certains assuraient par exemple sans équivoque rejeter le port du masque et les mesures sanitaires. “Face à ce monde cons finis, soyons moins cons finement… Inventons et explorons de nouvelles règles du Jeu”, pouvait-on lire ces derniers jours sur un événement Facebook depuis rendu inaccessible.
Surtout, en dépit de la pandémie, HK en personne continue de se produire régulièrement et de jouer son tube anti-confinement, avec par exemple un rassemblement de plusieurs centaines de personnes venues le voir jouer dans les rues des Vans, dans l’Ardèche samedi 20 mars. Avec très peu de masques visibles et toujours ce même “Danser encore” pour hymne.
Et rebelote le lendemain à Chambéry, en Savoie, où le chanteur a pu performer devant quelque 300 personnes rassemblées sans distanciation sociale aucune ni, bien souvent, port du masque. Un événement qui, comme celui de la veille, avait été déclaré en préfecture (au motif d’un rassemblement de soutien au monde de la culture), mais qui n’a pas pour autant eu lieu dans le respect des mesures sanitaires en vigueur.
Les autorités veulent sévir
Sur sa page Facebook, HK n’hésite pas à relayer les reprises en pleine rue les plus populaires de son morceau, ni à évoquer une “contagion” de sa musique, “un besoin irrésistible de se retrouver pour danser encore”. Et d’ajouter que les rassemblements en plein air “ne sont la cause d’aucun cluster”. Une affirmation confirmée jusqu’à présent par les études scientifiques, qui se sont notamment penchées sur des manifestations publiques, ne relevant aucune preuve de contamination massive dans le cas de rassemblements en plein air.
Il n’en reste pas moins, et le ministère de l’Intérieur l’a rappelé mercredi 24 mars, que les rassemblements à plus de six personnes sont actuellement interdits en extérieur sur l’ensemble du territoire (hors manifestations déclarées) et que les forces de l’ordre sont invitées à verbaliser leurs participants. D’autant, on le répète, que le port du masque n’est bien souvent pas respecté lors des différents flashmobs, ce qui vaut également une contravention dans les lieux où il est normalement obligatoire.
Localement aussi, les autorités s’inquiètent donc de la recrudescence des événements de ce type. Après la vidéo de Saint-Antonin-Noble-Val, la préfète du Tarn-et-Garonne a par exemple appelé les citoyens à la prudence et aux respect des gestes barrière. “Il faut garder les masques et ne pas faire d’attroupement non protégés”, déclarait-elle à nos confrères de Totem Radio.
Après l’événement de Chambéry, c’est la municipalité qui s’est alarmée, comme l’ont rapporté nos confrères du Dauphiné Libéré. “On a constaté que les gestes barrière n’ont pas été respectés et c’est inacceptable. On ne peut pas tolérer ces attitudes dans un contexte épidémiologique inquiétant”, ont déclaré des représentants de la mairie au journal local.
Et dans l’Ardèche, après le rassemblement de centaines de personnes aux Vans, la préfecture n’a pas hésité à parler d’une “irresponsabilité” des participants ainsi que de “grave trouble à l’ordre public”, évoquant en sus des risques “d’engendrer un cluster mettant en danger le rester de la population”.
Et de réitérer un appel “au civisme et à la responsabilité de chacun pour lutter contre la propagation du virus”. Un vœu (pieux?) qui risque fort de ne pas être respecté par les partisans du “Danser encore”, qui prévoient d’ores et déjà, partout en France, de nouveaux flashmobs.
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