Publié
La junte militaire, qui a pris le pouvoir en Birmanie, tire chaque jour à balles réelles sur les manifestants. Le pays est traversé par une grave crise depuis que la cheffe du gouvernement civil, Aung San Suu Kyi, a été évincée par un coup d’État militaire le 1er février.
En 24 heures, 90 civils ont été tués en Birmanie. Selon l’ambassade américaine, plusieurs enfants font partie des victimes. Il s’agit du pire bilan depuis le début des contestations. Le pays est traversé par une grave crise depuis que la cheffe du gouvernement civil, Aung San Suu Kyi, a été évincée du pouvoir par un coup d’État militaire le 1er février. La junte militaire tire chaque jour à balles réelles sur les manifestants qui s’opposent à ce coup d’État.
« Tirez la leçon de ceux qui ont été brutalement tués »
L’armée a prévenu. Tous les Birmans ont entendu ce message diffusé à la télévision d’État : « Tirez la leçon de ceux qui ont été brutalement tués. Ne mourrez pas pour rien. » Dans le même temps, le défilé annuel des forces armées a été l’occasion d’une démonstration de force. Malgré les protestations internationales, rien ne semble pouvoir faire plier la junte du général Min Aung Hlaing. Voilà deux mois que la Birmanie est plongée dans la crise. Chaque week-end amène ses scènes de violences où l’armée n’hésite plus à s’en prendre à son peuple. Selon un groupe de défense de prisonniers politiques, 320 personnes ont trouvé la mort dans les troubles depuis le putsch, et plus de 3 000 ont été arrêtées.
Birmanie : journée de répression la plus sanglante depuis le coup d’Etat militaire
Il s’agit de la journée la plus sanglante depuis le coup d’Etat. Près de 90 personnes ont été tuées samedi 27 mars lors de la répression de nouvelles manifestations prodémocratie en Birmanie, selon l’Association pour l’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), une ONG locale qui recense le nombre de morts depuis le putsch du 1er février.
Selon le média local indépendant Myanmar Now, ce sont 114 personnes qui ont été tuées sur la seule journée de samedi, au cours de laquelle l’armée s’est livrée à une démonstration de force en faisant défiler un impressionnant arsenal militaire dans la capitale, Naypyidaw.
La sanglante journée de samedi porte à près de 420 le nombre des personnes tuées dans les violences depuis le coup d’Etat, selon l’AAPP. De nombreuses voix internationales ont condamné les « meurtres » commis par l’armée birmane, qui traverse une grave crise depuis que la chef du gouvernement civil Aung San Suu Kyi a été évincée du pouvoir par un coup d’Etat militaire le 1er février.
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken s’est dit « horrifié par le bain de sang provoqué par les forces de sécurité birmanes, qui montre que la junte sacrifiera la vie des gens au service de quelques-uns », ajoutant dans son tweet que « le courageux peuple de Birmanie rejette le règne de la terreur des militaires ».
Le ministre des affaires étrangères britannique, Dominic Raab, estime que la répression des manifestations a franchi un cap. « Le meurtre de civils non armés, y compris d’enfants, perpétré aujourd’hui constitue un nouveau palier », a-t-il déclaré sur Twitter, appelant à « mettre fin à cette violence insensée ».
Et tandis que les Nations unies évoquaient des « rapports » faisant état « de dizaines de morts, dont des enfants, de centaines de blessés », le secrétaire général de l’organisation Antonio Guterres a condamné « dans les termes les plus forts » cette « tuerie ».
« Un jour de révolution »
Les militants prodémocratie avaient appelé à de nouvelles manifestations samedi, jour où l’armée organisait, comme tous les ans, un gigantesque défilé militaire devant le chef de l’armée, le général Min Aung Hlaing, désormais chef de la junte au pouvoir.
Dans la région de Mandalay, dans le centre du pays, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants, abattant au moins dix personnes dans cinq villes différentes, selon les secouristes. A Myingyan, au sud de Mandalay, un manifestant, qui a vu un homme tué après avoir reçu une balle dans le cou, a déclaré que le nombre de morts augmenterait probablement. « Aujourd’hui, c’est comme un jour de révolution pour nous », a-t-il déclaré.
VIDEO: Myanmar forces kill more than 90 protesters in the deadliest day since the coup. Read the story: https://t.co/gjaeJlHDPv https://t.co/VdjJJ3jiaP
— The Associated Press (@AP) March 27, 2021
Dans deux villes de la région de Sagaing, dans le nord-ouest du pays, cinq personnes ont été tuées, dont un adolescent de 13 ans pris dans une fusillade, selon un habitant de Shwebo. « Il était juste assis devant sa maison », a-t-il assuré.
« Je suis fier de mon fils »
Dans le nord-est du pays, dans l’Etat de Shan, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur un rassemblement d’étudiants à Lashio, faisant au moins trois morts, selon un secouriste corroborant les informations des médias locaux. A Nyaung-U, près de Bagan, célèbre site classé par l’Unesco, un guide touristique a été tué par balles alors qu’il participait à une manifestation.
Des panaches de fumée s’élevaient au-dessus de Rangoun, la capitale économique. Au moins cinq personnes ont perdu la vie dans la nuit de vendredi à samedi quand la police a ouvert le feu sur des manifestants qui réclamaient la libération de leurs amis, ont rapporté des témoins. Un bébé jouant dans la rue dans une ville au nord de Rangoun a été touché à l’œil par une balle en caoutchouc lorsque la police a ouvert le feu sur des manifestants à proximité. Il a été transporté à l’hôpital par ses parents.
The one who could not escape – Kyaw Min Latt (a.k.a Pho Toke) was 16 years-old, from Painne Taw Ward, Dawei, Tanintharyi
Was killed.
Today in unmarked cars, the terrorist military shot unprovoked at 3 riding one bike, 2 have escaped for now #WhatsHappeningInMyanmar #Myanmar pic.twitter.com/T9JROWpwCr
— AAPP (Burma) (@aapp_burma) March 27, 2021
Près de la prison d’Insein, un rassemblement qui avait commencé avant l’aube a sombré dans le chaos lorsque les soldats ont commencé à tirer. Une personne au moins a été tuée, un policier de 21 ans, Chit Lin Thu, qui avait rejoint le mouvement anti-coup d’Etat. « Il a reçu une balle dans la tête et il est mort chez lui, a déclaré son père à l’AFP. Je suis extrêmement triste pour lui, mais en même temps, je suis fier de mon fils. »
La brutalité de la répression a entraîné sur la scène internationale une série de condamnations et de sanctions touchant les avoirs de nombreux militaires puissants, dont leur chef, mais la pression diplomatique a eu jusqu’ici peu d’impact.
Parallèlement, un groupe de rebelles armés de la minorité ethnique des Karen, l’Union nationale karen, a affirmé avoir été bombardé, samedi, par des chasseurs de la junte dans l’est du pays. Les autorités n’avaient pas réagi à ces accusations dans la soirée et on ignorait si l’attaque avait fait des victimes.
« Déshonneur »
« Les forces armées tuent des civils non armés, y compris des enfants, les personnes qu’elle a justement juré de protéger », a condamné l’ambassade des Etats-Unis à Rangoun dans un communiqué.
The one who could not escape – Kyaw Min Latt (a.k.a Pho Toke) was 16 years-old, from Painne Taw Ward, Dawei, Tanintharyi
Was killed.
Today in unmarked cars, the terrorist military shot unprovoked at 3 riding one bike, 2 have escaped for now #WhatsHappeningInMyanmar #Myanmar pic.twitter.com/T9JROWpwCr
— AAPP (Burma) (@aapp_burma) March 27, 2021
Près de la prison d’Insein, un rassemblement qui avait commencé avant l’aube a sombré dans le chaos lorsque les soldats ont commencé à tirer. Une personne au moins a été tuée, un policier de 21 ans, Chit Lin Thu, qui avait rejoint le mouvement anti-coup d’Etat. « Il a reçu une balle dans la tête et il est mort chez lui, a déclaré son père à l’AFP. Je suis extrêmement triste pour lui, mais en même temps, je suis fier de mon fils. »
La brutalité de la répression a entraîné sur la scène internationale une série de condamnations et de sanctions touchant les avoirs de nombreux militaires puissants, dont leur chef, mais la pression diplomatique a eu jusqu’ici peu d’impact.
Parallèlement, un groupe de rebelles armés de la minorité ethnique des Karen, l’Union nationale karen, a affirmé avoir été bombardé, samedi, par des chasseurs de la junte dans l’est du pays. Les autorités n’avaient pas réagi à ces accusations dans la soirée et on ignorait si l’attaque avait fait des victimes.
« Déshonneur »
« Les forces armées tuent des civils non armés, y compris des enfants, les personnes qu’elle a justement juré de protéger », a condamné l’ambassade des Etats-Unis à Rangoun dans un communiqué.
"On Myanmar’s Armed Forces Day, security forces are murdering unarmed civilians, including children, the very people they swore to protect. This bloodshed is horrifying. These are not the actions of a professional military or police force." Full statement by Ambassador Vajda: pic.twitter.com/7Gh2OTXEOe
— U.S. Embassy Burma (@USEmbassyBurma) March 27, 2021
« Cette 76e Journée des forces armées restera gravée comme un jour de terreur et de déshonneur. Les meurtres de civils non armés, dont des enfants, sont des actes indéfendables », a réagi l’ambassade de l’Union européenne à Rangoun sur Twitter et Facebook.
Pour la traditionnelle « journée des forces armées » qui commémore la résistance contre l’occupation japonaise pendant la seconde guerre mondiale, des milliers de soldats, des chars, des missiles et des hélicoptères se sont succédé sur une immense esplanade de Naypyidaw, devant un parterre de généraux des délégations russe et chinoise.
Le général Min Aung Hlaing a de nouveau défendu le coup d’Etat, accusant d’irrégularité les élections de novembre, remportées par le parti d’Aung San Suu Kyi, et a promis un « transfert de responsabilité de l’Etat » après des élections. « Les actes de terrorisme qui peuvent nuire à la tranquillité et à la sécurité de l’Etat [sont] « inacceptables », a-t-il déclaré dans un discours.
Poster un Commentaire