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[ad_1] 2021-05-11 18:12:09 Source
Réflexion critique à propos du mot d’ordre « Danser encore » et de la participation de la gauche à la manifestation du samedi 8 mai.
Ce weekend environ 500 personnes se sont rassemblées sur la place du Ralliement à Angers avec comme invité d’honneur le chanteur HK. Parmi les participant·es : des associations écolo, citoyennes et des syndicats de gauche. On peut donc se demander quelles étaient leurs revendications ? Était-ce la dénonciation des mesures qui causent plus de 200 morts par jour ? La demande d’une revalorisation des salaires des soignant·es et de l’assurance chômage ? La demande de la levée des brevets pour que le vaccin puisse être distribué partout ? Non, le mot d’ordre était : on veut DANSER ENCORE ! En pleine pandémie, due à un virus qui se transmet par aéroportation même en plein air, on veut danser en pleine rue sans masques et sans distanciation sociale.
Alors qu’on pourrait s’attendre à une telle revendication des turbo-libéraux, du patronat en manque de profit ou des partisan·es du darwinisme social, on a du mal à comprendre comment une telle revendication est possible dans les milieux de gauche ? Tout le monde sait qu’avec les réouvertures des lieux publics les contaminations et les hospitalisations vont réaugmenter. Tout le monde sait que ça va mettre une pression supplémentaire sur les soignant·es, les travailleurs/euses en premières lignes et mettre en danger des salarié·es qui auraient préféré le chômage. Tout le monde sait qu’ailleurs des militant·es de gauche doivent remplacer leurs gouvernements défaillants pour distribuer des masques et qu’en France des lycéns/ennes se sont fait matraquer pour avoir dénoncé les conditions sanitaires dans leurs cours. Alors, comment des militant·es soi-disant de gauche arrivent-ils aux mêmes revendications que des personnes pour qui dire « on accepte le risque » veut dire « on est d’accord d’avoir 200 morts par jour ou plus pour faire tourner l’économie » ?
Le fait que presque tout le monde fasse des entraves aux règles du couvre-feu ou ne respecte pas toujours les gestes barrières, n’est pas une raison de revendiquer un affaiblissement des mesures sanitaires quoi qu’il en coûte. S’il est clair que tout le monde à besoin de relâcher de temps en temps et égayer un peu sa vie sociale, cela ne signifie pas qu’il faut revendiquer le droit d’ignorer les règles sanitaires pour « Danser encore ». De même, le fait que le gouvernement ait laissé les Fnac ouvertes, ne signifie pas qu’il faut absolument tout rouvrir pour que ce soit « égalitaire ». Battons-nous plutôt la fermeture des Fnac et un renforcement de la protection sociale.
En plus d’être injustifiable d’un point de vue des valeurs, cette revendication floue mène indéniablement à une minimisation de la pandémie et à une dépolitisation de la crise sanitaire. On demande de « Danser encore », mais qui peut sortir danser ? Pas les personnes fragilisées, pas les soignant·es, pas les travailleurs/euses. Par ailleurs, on voit sans peine que cette minimisation de la pandémie sert le complotisme anti-masques, anti-vaccins ou pire encore. Derrière les mots d’ordre fourre-tout pour « la liberté » se cachent souvent la « dictature sanitaire » et d’autres concepts d’illuminés.
Le gouvernement a réussi à nous faire accepter plus de 200 morts par jour pour continuer à défendre les intérêts d’une classe qui n’a fait que s’enrichir pendant cette crise. La revendication de « Danser encore » ne sert qu’à renforcer ce status quo et correspond à un abandon des valeurs de gauche.
Crédit photo : la Rue ou rien.
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