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Sanofi a annoncé ce mardi 3 août l’acquisition de la biotech américaine Translate Bio, spécialiste des thérapies et vaccins à base d’ARN messager. Le géant pharmaceutique français met ainsi la main sur une technologie dont l’efficacité a été prouvée par les vaccins anti-Covid. Entretien avec Mathieu Guerriaud, maître de conférences en droit pharmaceutique à l’université de Bourgogne-Franche-Comté.
En achetant l’américain TranslateBio, Sanofi se positionne dans l’ARN messager, une technologie qui représente un marché important, grâce notamment à l’essor des vaccins anti-Covid. L’entreprise déploie pour cela les grands moyens. Fin juin déjà, le géant français avait annoncé vouloir investir massivement dans l’ARN messager plus de 2 milliards d’euros d’ici à 2025 avec la création de deux centres de recherche. Son objectif est de mettre au point plusieurs vaccins ciblés sur des maladies infectieuses.
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Sur le front du Covid-19, le laboratoire français a déjà pris beaucoup de retard dans la course aux vaccins, s’attirant les critiques des responsables politiques. Un retard que l’entreprise relativise, estimant qu’elle est juste derrière, dans le deuxième wagon. Sanofi devrait commercialiser son premier vaccin anti-Covid d’ici à la fin de l’année en collaboration avec le britannique GSK. Parallèlement, le groupe développe un deuxième vaccin basé cette fois sur la technologie de l’ARN messager en partenariat avec l’américain Translate Bio.
On sait que l’ARN messager est utilisé par les laboratoires Pfizer/BioNTech et Moderna contre le Covid, est-ce que cette acquisition de Translate Bio vise aussi à rattraper le retard pris par Sanofi dans la course au vaccin?
Pfizer s’est associé à BioNtech pour mettre au point son vaccin et ça a été un pari. La situation de Moderna est différente car l’ARN messager est leur cœur de métier depuis le début. Mais c’est tout à fait logique que Sanofi cherche à racheter des entreprises compétentes dans le domaine. Cela fait des années que l’industrie pharmaceutique externalise sa recherche et son développement. Cette notion de fusion/acquisition est vraiment un grand classique de cette industrie. L’idée est certainement de rattraper son retard oui, mais l’entreprise en a largement les capacités. Et je pense qu’ils veulent aller au-delà de ce rattrapage, au-delà de la crise du coronavirus.
Effectivement le directeur général de Sanofi a affirmé vouloir « libérer le potentiel de l’ARN messager » pour d’autres domaines. Pour quel type de maladies cette technologie peut-elle s’avérer utile à terme ?
Avec cette technologie, on est capables de faire produire au corps ses propres médicaments. Sur un plan scientifique et technologique, c’est merveilleux. Cela pourrait aider à faire face à des maladies de « civilisation » comme le diabète, voire des choses beaucoup plus graves comme des maladies auto-immunes. Je pense que cela va révolutionner les vaccins, les anciennes technologies sont moins efficaces et prennent beaucoup de temps. On met six mois pour produire un vaccin « normal », lorsqu’on met en culture des virus. Avec l’ARN messager, ça se fait en un mois ou deux. Et surtout, c’est extrêmement pratique car on a juste à changer le code de l’ARN, ce qui permet de réagir facilement aux variants par exemple. Tout le champ des possibles est devant nous car c’est une technologie très modulable est adaptable.
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