Ukraine, OTAN, Russie…

People sit with banners as they take part in a protest against Russia's invasion of Ukraine, at Trafalgar Square, in London, Britain March 5, 2022. REUTERS/Peter Nicholls
Plus le temps passe, plus il est manifestement absurde d’analyser la guerre en Ukraine comme une guerre entre l’OTAN et la Russie. Il faut être au moins deux pour faire la guerre et les deux seuls belligérants a ce jour sont toujours le puissant agresseur russe et la valeureuse petite Ukraine. La retenue de l’impérialisme US est frappante, et il faut être aveugle pour ne pas la voir. Les USA livrent des armes (mais pas d’avions, même pas les MIG polonais!) et imposent des sanctions économiques, oui; mais ils ne veulent pas entrer en guerre.
Cela ne signifie évidemment pas que l’impérialisme US serait devenu pacifique! Selon moi, le calcul des USA est le suivant:
1) l’enjeu majeur, c’est la Chine, pas la Russie;
2) avec leur accord « sans limites », Chine et Russie ont entame un rapprochement stratégique dangereux pour Washington;
3) face a cela, l’affaire ukrainienne offre l’opportunité de resserrer les rangs dans l’OTAN et de remilitariser l’Europe sous direction étasunienne;
4) que Xi ait été au courant des intentions guerrières de Poutine ou pas, la brutalité démesurée de l’offensive russe met la Chine en position très inconfortable, d’autant que les retombées économiques de la guerre qui se prolonge nuisent tout particulièrement a SON économie, donc a la stabilité sociale (prix du blé!) qui conditionne la stabilité politique;
5) la résistance ukrainienne imprévue ouvre une possibilité que Poutine (même si son armée gagne) finisse par se casser les dents tout seul dans sa fuite en avant meurtrière, il ne faut donc rien faire qui pourrait lui servir de prétexte – car il est capable de « pousser sur le bouton »;
6) au minimum, l’alliance Russie-Chine sortira affaiblie de cette séquence, au maximum un changement de pouvoir a Moscou rebattra les cartes en profondeur au profit des usa, tant sur le plan géostratégique que sur le plan économique (contrôle des ressources), avec la possibilité pour Washington de profiter des défaites que Poutine a imposées à la classe ouvrière russe.
Il y a un quadruple grain de Sable dans ces calculs: le développement surprenant de l’auto-organisation du peuple ukrainien, la montée du mouvement antiguerre en Russie, la solidarité massive avec les refugiées (qui met potentiellement en question les « politiques d’asile » criminelles de l’UE et des USA) et l’accélération par la guerre de la catastrophe sociale-écologique (qui met en crise les politiques néolibérales).
C’est a partir de ces éléments, et pas a partir de dogmes sur la guerre froide, que la Gauche internationaliste doit oser penser séquence.
Ce champ est nécessaire.

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