LR: Les journalistes tiréEs du moule, adorent éviter les sujets fondamentaux, pour ne traiter que les controverses secondaires et superficielles, parler de l’écume en surface et pas des courants marins en profondeur. Il n’y a pas de consigne de vote parmi les gilets jaunes et dès qu’un propagandiste de tel ou tel parti met la question sur le tapis, tous les autres le font taire car elles et ils comprennent bien que le débat politicien divise, comme il a divisé depuis des décennies, pour aboutir à cette stérilisation absolue de la représentation politique populaire. C’est en raison de cette dégénérescence achevée que le mouvement des gilets jaunes a émergé, par dessus la tête des partis et syndicats. C’est donc un total contre-sens de renvoyer ce mouvement inédit vers cette grille de lecture politicienne. Cet article ci-dessous, comme tant d’autres est une entreprise de diversion, il traite donc un non-sujet, c’est une inclinaison permanente de la médiacratie. La bourgeoisie n’aime pas les gilets jaunes, elle mène une campagne de dénigrement hallucinante, son appareil d’état les réprime violemment, d’autres – c’est leur job – s’escriment à les faire rentrer dans les clous ou les grilles de la représentation électorale normalisée. Mais l’élection est surtout utile et bénéfique pour les éluEs qui se disputent âprement les bonnes places. La mise en scène électorale, est justement destinée à occulter les vrais problèmes de la société, à masquer les intérêts divergents qui la divise, à cacher la nature des conflits, des rapports de force mis en place, à détourner le regard des lieux et des centres réels du pouvoir, à dissimuler toutes les structures qui permettent de conforter tous les instruments de la domination, pour créer du consentement à l’ordre bourgeois. Quand on donne sa voix, on la perd et là où il y a « vote » il n’y a pas le « pouvoir » correspondant, tel qu’il est vendu à l’électeur. La représentation électorale a été justement mise en place pour que rien ne change dans le système, en défense du capital avec tous ces serviteurs. Les seuls intérêts récompensés, sont ceux qui bénéficieront essentiellement aux éluEs, Marx appelait ce travers électoraliste: « Le crétinisme parlementaire ». Dans cette mascarade achevée, les arguments pour expliquer le fameux « vote utile » sont presque risibles. Les gilets jaunes, feront ce qu’il leur plait, et celles et ceux qui la joueront à la « ploum » ou iront vivre ailleurs ne seront pas les plus sotTEs.
Le mot d’ordre est simple: barrer la route à Emmanuel Macron d’une manière ou d’une autre.
POLITIQUE – “Chacun fait ce qu’il veut mais…” À l’apprche des élections européennes, plusieurs figures des gilets jaunes n’hésitent pas à prendre publiquement la parole pour inviter les citoyens à voter. S’ils ne vont pas jusqu’à indiquer quel bulletin glisser dans l’urne, le mouvement étant ce qu’il est grâce à son immense diversité d’opinions et son rejet général de la politique, tous se rejoignent sur un point: faire barrage au président de la République.
Plus de six mois après l’émergence de la fronde et ses premiers “Macron démission”, ces gilets jaunes ne veulent pas rater l’occasion de mettre un coup d’arrêt à la politique du chef de l’État. Et pour cela, l’échéance la plus proche est le scrutin du 26 mai. Alors les appels à se rendre aux urnes se multiplient au même rythme que les sondages annoncent une abstention au zénith. Comme c’est souvent le cas pour les scrutins européens.
Pour mobiliser le gros de la troupe des gilets jaunes, tous les visages connus (ou presque) avancent à l’unisson et martèlent un deuxième message clair: ne pas voter pour les petites candidatures au détriment des forces politiques qui peuvent faire de l’ombre à Emmanuel Macron. Exit donc les listes estampillées gilets jaunes, qui, en plus de ne pas avoir la possibilité de faire vaciller la majorité (selon les derniers sondages), suscitent la polémique au sein même du mouvement.
Appels au vote utile
“J’appelle au vote, j’appelle surtout pas à l’abstention, l’abstention c’est voter Macron, ça rime, aussi bien pour le vote blanc, on évite, et surtout je m’inscris dans un vote anti-Macron”, détaillait par exemple Jérôme Rodrigues, une des figures de ce mouvement en marge d’une manifestation lyonnaise. Et le contestataire, blessé à l’œil lors de l’acte XI, d’enfoncer le clou en gardant toutefois un peu de mystère sur le bulletin que lui-même glissera dans l’urne: “j’appelle aujourd’hui aux européennes à faire un vote anti-Macron, quitte à ce qu’il finisse deuxième (…) qu’il redevienne un petit peu terre à terre et qu’il vienne nous servir nous plutôt que les plus riches.”
“Faire redescendre” le président de la République d’un étage? C’est en effet l’objectif affiché des leaders non-officiels de la contestation. Se souciant très peu des enjeux européens de cette élection, les gilets jaunes veulent se servir du scrutin comme d’une nouvelle arme de contestation. Rien de très surprenant dans une élection polarisée par le Rassemblement national et l’image même du chef de l’État. Comme certains de ses opposants, à l’image de la France insoumise, Emmanuel Macron n’hésite pas à faire de ce scrutin un référendum sur sa personne en étant omniprésent sur la fin de la campagne.
Gageons toutefois que Maxime Nicolle (alias Fly Rider) ou encore Éric Drouetn’ont pas eu besoin de l’implication du chef de l’État dans la campagne pour voir en cette échéance une façon de mettre un coup d’arrêt démocratique à la politique de la majorité. Parmi les visages connus de la fronde, François Boulo ou encore Priscillia Ludosky se sont également exprimés tour à tour en ce sens. Seule Jacline Mourau, l’une des premières figures rapidement mises à la marge de la mobilisation, a indiqué qu’elle voterait blanc.
Sondage gilet jaune
Toujours mobilisé sur les réseaux sociaux et dans la rue, Éric Drouet n’a pas hésité à publier un sondage sur sa page Facebook “la France en colère!!!” -rassemblant plus de 300.000 contestataires- pour aider les gilets jaunes à identifier “les listes européennes qui sont en tête” et qui “ont une chance de contrer Macron.” “Peu importe quelles sont vos opinions. Vous aurez un aperçu des plus grosses listes en tête. Comme ça à vous de voir pour qui voter, le choix vous appartient”, explique-t-il dans une vidéo qui accompagne le sondage.
Et à ce petit jeu là, c’est la France insoumise qui arrive en tête devant le Rassemblement national (avec pratiquement le double de suffrages) et l’UPR de François Asselineau. Dans la lignée de ce vote contre le président de la République, le choix qui arrive en quatrième position est baptisé ”SURTOUT ALLEZ VOTER SINON C’EST POUR MACRON.”
Ne surtout pas choisir… les gilets jaunes
Mais qu’en est-il des listes estampillées gilets jaunes et portées par le chanteur Francis Lalanne et le forgeron Christophe Chalençon? Elles ne mobilisent pas les foules et c’est peu de le dire. Ces deux candidatures, censées répondre directement aux revendications portées par le mouvement suscitent, quasi exclusivement, des critiques et autres moqueries.
Les leaders médiatiques appellent en effet à se déporter de ces candidatures. Et ce pour de nombreuses raisons. La première est que leur poids à l’issu du scrutin ne devrait pas -sauf retournement de situation dantesque- être en mesure d’affaiblir le chef de l’État. Pire, en s’éparpillant, les gilets jaunes ont conscience qu’ils affaibliront les partis capables de barrer la route du président de la République.
Leurs listes souffrent également d’une double difficulté inhérente au mouvement: le rejet de tout représentant officiel et l’impossibilité de construire un projet cohérent et satisfaisant pour l’ensemble des contestataires, tant la fronde est hétéroclite.
Certains s’en prennent même nominativement aux têtes de liste en sortant des cadavres du placard, dans des méthodes rappelant celles, justement, du jeu politique qu’ils honnissent. Ainsi, une sympathisante du mouvement n’hésite pas à rappeler que Christophe Chalençon, le candidat principal de la liste Évolution citoyenne, est accusé de ne pas s’être acquitté de son loyer depuis plusieurs années.
De la même manière qu’elle n’a eu de cesse de couper toutes les têtes qui dépassaient pour se lancer dans l’arène politique, de Jacline Mouraud à Ingrid Levavasseur, la base du mouvement rejette toutes les candidatures aux européennes. Un engagement que certains vivent même comme une trahison à la doctrine apolitique qui a permis de rameuter des Français de tous horizons et entraîné le succès de la fronde.
“Vous êtes en train de trahir des dizaines, des centaines voire de milliers de personnes qui avaient confiance”, s’emportait par exemple Maxime Nicolle en janvier, lors de la rumeur autour d’une liste menée par Ingrid Levavasseur, avant d’appeler comme ses camarades à se rendre aux urnes pour affaiblir Emmanuel Macron. Chacun fait ce qu’il veut, donc. Mais pas trop quand même.
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