1er-Mai : 116 500 manifestants en France selon l’intérieur, plus de 210 000 selon la CGT ; des heurts à Paris
A l’occasion de la Journée internationale des travailleurs, les syndicats souhaitaient notamment se faire entendre sur l’âge légal de départ à la retraite et la hausse des salaires. Des milliers de manifestants ont défilé dans toute la France.
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Merci à tous de l’avoir consulté durant cette journée de manifestations. Un récit des mobilisations du 1er-Mai sera publié prochainement, mais un point sur les négociations en vue d’un accord à gauche est déjà disponible. Bonne soirée à tous !
116 500 personnes ont défilé dans toute la France, dont 24 000 à Paris, selon le ministère de l’intérieur
Un total de 116 500 personnes ont manifesté dimanche en France pour le 1er-Mai, dont 24 000 à Paris, où le cortège a été émaillé de violences, a annoncé le ministère de l’intérieur, la CGT dénombrant, elle, plus de 210 000 manifestants sur l’ensemble du territoire.
Le ministère a dénombré 278 manifestations dans le pays et huit policiers et gendarmes blessés. Le parquet de Paris a indiqué, selon un premier bilan, que 50 personnes avaient été placées en garde à vue à la suite des violences ayant eu lieu dans la capitale.
Gérald Darmanin annonce 45 interpellations à l’occasion de la manifestation parisienne du 1er-Mai
Il n’y a « pas eu de défaillances » des autorités dans le maintien de l’ordre pendant le rassemblement syndical du 1er-Mai à Paris, a affirmé M. Darmanin lors d’un point de presse à la Préfecture de police. Le ministre de l’intérieur a fait état de 45 interpellations peu avant 19 heures, et de huit blessés parmi les forces de l’ordre.
Parmi les personnes interpellées figure une femme suspectée d’avoir assené deux coups avec sa main sur le casque d’un pompier alors que celui-ci éteignait un incendie, a-t-il précisé. Le soldat du feu n’a pas été blessé. Cette agression, largement relayée sur les réseaux sociaux, a suscité une vive indignation.
Fin de manifestation place de la Nation, à Paris
Selon nos reporters sur place, les derniers manifestants quittent la place de la Nation, terminus du cortège parisien du 1er-Mai, sous la surveillance de la police.
La CGT annonce « plus de 210 000 manifestants » en France
19:14 SUR LE TERRAIN
« Les femmes seront les premières concernées par la réforme des retraites », soulignent deux militantes
Si les militantes féministes n’avaient pas de cortège attitré dans le défilé du 1er-Mai, plusieurs d’entre elles répondaient à l’appel pour dénoncer « une dérégulation du marché du travail sous Emmanuel Macron qui a touché en premier lieu les femmes ».
Alors qu’Emmanuel Macron a fait du recul de l’âge légal de départ à 64 puis 65 ans un point cardinal de son programme, Pauline Baron, militante chez Nous toutes, évoque « un gros temps syndical » auquel les féministes ont « voulu laisser la place et s’unir à leurs combats ». La trentenaire rappelle que « les femmes seront les premières concernées par cette réforme », évoquant leur plus grande précarité, bas salaires et temps partiels en tête.
Quant à Fatima Benomar, elle évoque plus largement un quinquennat marqué par « une explosion des inégalités ». Après une campagne « sans débat autour des questions féministes » et « un deuxième tour vampirisé par le fait de faire barrage », ce 1er-Mai constitue « l’occasion de se remobiliser » : « Il y a une envie de démonstration de force. »
« On ne commence pas le quinquennat en se disant qu’on laisse une chance à Emmanuel Macron, prévient Fatima Benomar. On veut commencer en étant dans le combat. »
Selon les deux militantes, la Marche pour le futur du 9 avril, réunissant des collectifs féministes, écologistes et contre les violences policières, « a posé les bases de notre stratégie future ».
« Pour montrer à Emmanuel Macron que nous allons continuer à lutter contre sa politique, nous cherchons à nous rassembler autour d’un mouvement unitaire », assure Pauline Baron.
Cécile Bouanchaud
Et dans le monde ?
Il n’y a pas qu’en France qu’ont eu lieu des mobilisations pour le 1er-Mai, Journée internationale des travailleurs.
A Madrid, ils étaient environ 10 000 manifestants, selon un porte-parole du gouvernement, à défiler pour réclamer des hausses de salaires et des mesures face à l’inflation. D’autres manifestations ont eu lieu à travers l’Espagne et en Andorre, où la hausse du coût de la vie, du prix des logements et la perte du pouvoir d’achat ont été au centre des revendications.
Des milliers de personnes ont manifesté à Athènes, en Grèce, réclamant davantage de mesures de soutien du pouvoir d’achat, face à l’inflation qui a atteint 9,4 % en avril. Si le salaire minimum a été augmenté ce 1er mai de 50 euros, à 713 euros mensuels, cette mesure est jugée insuffisante par les syndicats, qui réclament 825 euros.
En Italie, les principales confédérations syndicales avaient appelé à un rassemblement à Assise (centre), sur le thème « au travail pour la paix » dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. « Nous devons absolument œuvrer à mettre fin à cette guerre absurde, voulue par Poutine », a déclaré le leader du syndicat CGIL, Maurizio Landini, devant plusieurs centaines de militants.
Plusieurs milliers de personnes ont aussi défilé à Londres, à l’appel de syndicats et d’organisations environnementales ou sociétales, comme Black Lives Matter.
Au Sri Lanka, l’opposition a demandé à l’unisson la démission du président Gotabaya Rajapaksa. « Go home Gota », ont scandé des dizaines de milliers de militants à Colombo. Des mois de pannes d’électricité, une inflation galopante et de graves pénuries de nourriture, de carburant et de produits pharmaceutiques ont suscité de nombreuses manifestations depuis mi-mars.
Le président de l’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, a quitté les célébrations après que des mineurs en colère ont envahi la scène sur laquelle il devait s’exprimer au stade Royal Bafokeng de Rustenberg (nord). Les protestataires, qui scandaient « Cyril doit partir », exigeaient une augmentation des salaires.
Affrontements à Paris
Le NPA toujours favorable à des « candidatures d’alliance » avec L’Union populaire aux législatives
Le Nouveau Parti anticapitaliste conserve l’espoir de « candidatures d’alliance » avec L’Union populaire de Jean-Luc Mélenchon en vue des élections législatives. C’est Julien Salingue, membre du NPA chargé des négociations, qui l’affirme à l’issue de la manifestation du 1er-Mai à Paris.
« On a eu une discussion jeudi et rien n’a changé depuis le communiqué », affirme-t-il. Dans ce dernier, la formation politique d’extrême gauche assurait ne pas croire que « le Parti socialiste, qui a été le principal agent du social-libéralisme depuis quarante ans dans ce pays, puisse devenir du jour au lendemain une force de rupture avec les politiques libérales et antisociales ».
M. Salingue assure que la reprise de la discussion bilatérale entre le PS et La France insoumise ne modifie pas l’attitude de son propre mouvement. « A ce stade, les discussions continuent, cela ne nous perturbe pas. Les membres de L’Union populaire discutent avec qui ils veulent, c’est leur préoccupation. Nous, on discute avec eux », fait-il savoir, sans s’avancer sur la conclusion d’un accord dans les heures à venir.
Charles-Edouard Ama Koffi
Journée internationale des travailleurs à travers le monde
Heurts à Rennes et Nantes entre des manifestants d’ultragauche et les forces de l’ordre
A Rennes, la manifestation du 1er-Mai organisée dans la matinée (1 650 personnes selon la préfecture) s’est déroulée dans le calme, mais plusieurs centaines de militants d’ultragauche ont joué pendant deux heures au chat et à la souris avec les forces de l’ordre, qui ont fait usage de lacrymogènes et d’un canon à eau. Des feux de poubelles ont été constatés.
Dégradations aussi à Nantes, où les forces de l’ordre sont intervenues pour disperser des militants d’ultragauche, selon la préfecture.
A la CFDT, « on cherche des mobilisations qui soient plus symboliques que de masse »
La CFDT n’est pas dans la manifestation parisienne du 1er-Mai. Le premier syndicat de France fait sans surprise bande à part, en organisant un « 1er-Mai engagé pour le climat » et pour des augmentations de salaire. « On cherche des mobilisations qui soient plus symboliques que de masse », a déclaré à la presse son secrétaire général, Laurent Berger, lors d’un rassemblement « revendicatif et festif » organisé sur les rails désaffectés de la « petite ceinture », dans le 18e arrondissement de Paris.
Travailleuse du sexe, PetitexSirène réclame « les mêmes droits que tout le monde, la retraite et le chômage »
« Pas de 1er-Mai sans les travailleuses du sexe. » Celle qui se fait appeler « PetitexSirène » a parcouru tout le cortège pour montrer sa pancarte aux différents syndicats et partis politiques. « Les travailleuses du sexe participent à la vie de la société, nous votons aussi, ce serait bien qu’on nous écoute », estime la jeune femme de 38 ans, qui déplore l’indigence des annonces politiques concernant sa profession.
« Durant la campagne, seul Philippe Poutou [le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste] a réclamé l’abrogation de la loi de pénalisation des clients de prostituées, que nous réclamons depuis six ans », rappelle-t-elle. « D’un point de vue sociétal, le regard change, mais d’un point de vue politique c’est l’inertie », poursuit PetitexSirène, alors que la Belgique vient de décriminaliser le métier de travailleuse de sexe.
En cette Journée internationale des droits du travail, elle réclame « les mêmes droits que tout le monde : le droit à la retraite et au chômage ».
« On veut juste dire qu’on existe et que nous avons le droit à une place dans la société », poursuit-elle, avant de regretter les discours qui présentent les prostituées comme des victimes : « Un tiers des travailleuses du sexe le font de leur plein gré. »
Deux sympathisants LFI à Paris : « Même la police n’a pas les moyens de remplir ses missions »
Alors que le cortège parisien arrive sur la place de la Nation, Marie, 26 ans, étudiante en urbanisme, et Jérémy, 25 ans, informaticien au chômage depuis peu, se tiennent en retrait. Ils sont nouveaux parisiens et participent à leur premier 1er-Mai. Ils reconnaissent qu’ils sont un peu légèrement équipés pour assister aux heurts sur la place entre les forces de l’ordre et certains manifestants.
Ils ont voté LFI au premier tour de la présidentielle, et se sont abstenus au second. Ils ne s’attendaient pas à tant d’incidents et de dégradations au cours de cette manifestation. Ils les imaginaient plus tard, lors du vote des lois dans le domaine social.
Pour l’avenir, « on a des attentes – environnement, fraude fiscale, corruption, retraite, service public avec plus de moyens », disent-ils. Et d’ajouter : « Même pour la police, qui n’a pas les moyens de remplir ses missions. »
Jérémy est prêt à redescendre dans la rue, Marie en est moins certaine. Au sujet des négociations en cours autour de La France insoumise pour le « troisième tour », comme Jean-Luc Mélenchon a qualifié l’échéance des législatives, ils admettent qu’ils ne sont pas certains que « la gauche soit majoritaire » à l’issue du scrutin.
Bonjour Girondin,
Selon nos journalistes sur place, la manifestation parisienne s’est en effet annoncée d’envergure modeste quand elle s’est élancée de la place de la République, vers 14 h 30, mais elle s’est largement étoffée au cours de sa progression vers la place de la Nation, son terminus. Les estimations du nombre de participants devraient commencer à nous parvenir en fin d’après-midi ou en début de soirée.
D’où vient cette date du 1er mai pour la journée internationale des droits des travailleurs ?
Bonjour,
Le 1er-Mai est devenu la Journée internationale des travailleurs après que des ouvriers américains ont massivement manifesté, le 1er mai 1886, pour obtenir la journée de huit heures. Les syndicats portaient cette revendication depuis très exactement deux ans.
Le premier jour du mois de mai avait été choisi car il correspondait au début de l’année comptable des entreprises. En France, le 1er mai est férié et chômé depuis 1948.
18:00
Les pompiers de Paris dénoncent la « sauvagerie » d’un manifestant cherchant à les empêcher d’éteindre un feu
Les pompiers de Paris ont commenté, sur Twitter, des images de BFM-TV sur lesquelles on voit un manifestant chercher brutalement à empêcher un soldat du feu de faire son travail dans une rue de la capitale.
« Honte à la sauvagerie », écrit la brigade de sapeurs-pompiers de Paris, jugeant « incompréhensible cette nouvelle agression ».
Gérald Darmanin dénonce les « casseurs » qui « viennent perturber les manifestations » à Paris
Gérald Darmanin a dénoncé, sur Twitter, les « casseurs » qui « viennent perturber les manifestations du 1er-Mai notamment à Paris, en commettant des violences inacceptables ». « Je suis cela avec attention », ajoute le ministre de l’intérieur, assurant son « plein soutien aux policiers et gendarmes mobilisés, garants de la liberté de manifester et de l’ordre public ».
Le cortège du 1er-Mai parisien arrive place de la Nation
Le défilé parisien du 1er-Mai, désormais plus dense qu’au démarrage, arrive tranquillement, au son d’une batucada, vers la place de la Nation, qui se trouvait quelques minutes plus tôt sous des volutes de gaz lacrymogènes.
Dans le défilé parisien du 1er-Mai : « Hollande ou Valls n’ont pas tenu les valeurs de la gauche »
Ils sont quelques dizaines à manifester sous la bannière du Parti socialiste, quelques mètres devant le cortège de L’Union populaire, le rassemblement mélenchoniste, bien plus nombreux et bruyant. Pour autant, plusieurs militants du parti à la rose espèrent bientôt pouvoir manifester aux côtés de ces derniers si une alliance est trouvée entre les deux formations en vue des élections législatives.
« Je pense que les désaccords ne sont pas insurmontables. Pour moi, l’union va se faire », estime Arnaud (un prénom d’emprunt), militant socialiste de 22 ans. Pour lui, cette union ne signifie pas la disparition du parti, comme l’a laissé entendre François Hollande cette semaine. « Il y a bien longtemps que les militants actuels du PS n’attendent plus rien de François Hollande, il ne représente plus rien », tranche-t-il. Et le parti ? « Ce n’est pas parce qu’on a fait 1,75 % au premier tour de la présidentielle qu’on ne représente plus rien. On a encore beaucoup d’élus locaux. »
A quelques mètres de lui, Gaël Chabert, délégué de la 4e circonscription des Hauts-de-Seine, est favorable à un accord avec le mouvement de Jean-Luc Mélenchon. « Je fais partie de ceux qui pensent qu’on pourra dépasser nos différences. L’enjeu est celui du pouvoir d’achat mais aussi des retraites et de l’assurance-chômage », égrène-t-il.
Pour autant, il souhaite que sa famille politique ne se désagrège pas : « Il ne faut pas une union coûte que coûte car le PS a déjà gouverné, il a son histoire, ses valeurs. »
De son côté, Brigitte Sassou-Messan, déléguée de la 7e circonscription des Hauts-de-Seine s’estime « gênée » par la position défendue par François Hollande. « Lui comme certains dirigeants du PS, on ne les a pas vus dans les manifs. Cette union, je la souhaite depuis longtemps. Je veux que le PS redevienne comme moi, et parle aux personnes issues des milieux modestes, affirme cette femme de 53 ans issue d’une famille de huit enfants. J’ai honte pour Hollande ou Manuel Valls, qui n’ont pas tenu les valeurs de la gauche, mais je suis très fière de moi. »
Des manifestants se servent dans une épicerie ouverte par effraction
Sur le trajet du cortège du 1er-Mai, près de la place de la Nation, à Paris, un magasin de la chaîne Naturalia a été « ouvert » par des manifestants. Des personnes de tous les âges et de tous les milieux (étudiants, militants anticapitalistes, personnes démunies, parisiens branchés) viennent se servir. Certains sortent avec quelques bières, d’autres avec des cagettes remplies de provisions. Des étudiants plaisantent : « C’est l’heure de faire les courses », avant de s’engouffrer dans le magasin.
La scène provoque des débats houleux, entre ceux qui dénoncent des actes de pillage et de vandalisme et ceux qui comprennent le geste de personnes qui « crèvent de faim à la fin du mois ». Ahmed est sorti avec un sac remplit de conserves : « Il y a des milliers de gens qui vivent dans les rues de Paris, sous nos yeux, je vais les leur donner. »
Place de la Nation à Paris, la foule massée attend la dispersion du rassemblement
La place de la Nation, où arrive le défilé du 1er-Mai, est relativement calme, si ce n’est une détonation ou deux sur le boulevard Voltaire, nappé de gaz lacrymogènes. Des grappes de manifestants accrochés à la statue du Triomphe de la république ont chanté L’Internationale puis les « hits » des « gilets jaunes ». La foule attend la dispersion et l’entrée en action du canon à eau.
« Je suis là pour dire à Emmanuel Macron que je suis opposée à toutes ses mesures »
Après un vote en faveur de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle, Emma, 21 ans, et Marine, 23 ans, se sont résignées à voter pour Emmanuel Macron. « Mais uniquement pour faire barrage à Marine Le Pen », prévient Emma, étudiante en licence d’anglais à la Sorbonne, où elle s’était déjà mobilisée durant l’entre-deux-tours pour protester contre les résultats donnant le président sortant et la candidate d’extrême droite en tête.
Elles sont dans le cortège parisien du 1er-Mai. « Aujourd’hui, je suis là pour signifier à Emmanuel Macron, que, malgré mon vote, je suis opposée à toutes ses mesures », prévient Emma, rousse aux grands yeux noirs, évoquant notamment sa volonté de réformer l’université. « Je ne veux pas que mes enfants soient contraints de payer des milliers d’euros pour pouvoir faire des études supérieures », s’alarme la jeune femme.
Pour suivre son master de philosophie, Marine cumule d’ailleurs deux « petits boulots », surveillante dans un lycée et baby-sitter. « C’est absurde, pour étudier, j’en suis à devoir sacrifier mes études en travaillant beaucoup trop à côté », commente la jeune femme, pour qui le quinquennat d’Emmanuel Macron « a été marqué par une entrée dans la précarité, avec une baisse de nombreuses aides ». Elle évoque également « les périodes de confinement éprouvantes pour les étudiants, dont Macron se moquait totalement ».
Pour ce 1er-Mai, elle souhaite appeler à la responsabilité du président : « Macron a des vies entre les mains, chaque décision prise, c’est des quotidiens qui sont bouleversés. »
Alors que beaucoup de leurs amis craignent désormais de descendre dans la rue « à cause des violences policières qui émergent désormais à chaque manifestation », les deux étudiantes se réjouissent de défiler, cette fois, dans « un calme relatif », même si le défilé a été émaillé d’affrontements avec des forces de l’ordre.
Journée internationale des travailleurs à travers le monde
17:18 SUR LE TERRAIN
Olivier Faure : « On ne négocie pas à tout prix avec LFI, on négocie avec nos convictions »
Interrogé par Le Monde, dans le cortège parisien du 1er-Mai, au sujet des négociations en cours avec La France insoumise (LFI) en vue des législatives, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a assuré : « On ne négocie pas à tout prix avec LFI, on négocie avec nos convictions. »
« Je ne peux même pas vous dire, à cette heure-ci, si on conclura l’accord dans les heures ou les jours qui viennent », a-t-il ajouté, alors que Jean-Luc Mélenchon a maintenu, plus tôt dans la journée, la fin de ce week-end comme date butoir.
« Si on veut se placer à la hauteur du moment qu’on est en train de vivre, de traverser, et de ce que les Français attendent de la gauche, on a le devoir de chercher jusqu’au bout l’accord avec l’ensemble des forces [de la gauche] », a-t-il souligné.
L’ambiance se tend dans le défilé parisien du 1er-Mai
Selon nos journalistes sur place, des CRS ont effectué une charge contre des manifestants sur le boulevard Voltaire. Plusieurs manifestants violents se trouvent à l’avant du cortège, qui se trouve coupé en deux par les forces de l’ordre, à hauteur de la rue Alexandre-Dumas. Au niveau du métro Charonne, des manifestants ont fait demi-tour, tandis que la tête du défilé continue d’avancer vers Nation.
Une devanture a été endommagée à proximité de la place de la Nation.
16:47
Plusieurs dizaines de commerces dégradés en marge du cortège parisien du 1er-Mai
Des accrochages opposent les forces de police à des groupes très mobiles de jeunes vêtus de noir en marge de la manifestation du 1er-Mai, à Paris, à laquelle participent des milliers de personnes dimanche après-midi, ont constaté les journalistes du Monde ainsi que ceux de l’Agence France-presse.
Les premières tensions ont eu lieu quelques minutes seulement après le départ du cortège, de la place de la République. Un groupe très mobile de manifestants, portant vêtements, gants et masques noirs, s’est détaché du cortège principal à hauteur de la rue Oberkampf pour se heurter aux forces de l’ordre.
Plus loin, dans les rues adjacentes au boulevard Voltaire, les manifestants ont tenté de dresser une barricade à l’aide de palissades. La vitrine d’un assureur a été détruite à coups de marteau.
Sur le même boulevard Voltaire, à la hauteur de la place Léon-Blum, les manifestants présents en amont du cortège s’en sont pris à un restaurant McDonald’s, dont la plupart des vitres ont été brisées ou recouvertes de tags. Ils ont lancé des projectiles, notamment des fruits, sur les forces de l’ordre. Les policiers ont tenté de les disperser à l’aide de gaz lacrymogènes.
Plusieurs dizaines de commerces ont été dégradés, selon nos reporters sur place, dont des restaurants McDonald’s, des agences d’assurances, des agences immobilières ou bancaires.
Dans le cortège parisien, Magali, 35 ans, a voté Macron sans rien en attendre
Magali, médiatrice culturelle de 35 ans, vient du Loiret, près de Montargis. Elle est conseillère régionale en Centre-Val de Loire, et porte un drapeau EELV. « Le côté casse et tags, je n’y suis pas habituée, confie-t-elle. Les lacrymos peuvent toucher tout le monde, y compris les non-manifestants… »
« Ce qui se sent le plus » autour d’elle, « c’est le ras-le-bol » : « Les services publics n’ont pas les moyens, on met l’accent sur la quantité, pas la qualité », déplore-t-elle.
Elle a voté Yannick Jadot au premier tour de la présidentielle. Au second, elle a hésité pour le vote blanc. Finalement, elle a voté Macron mais n’en attend rien. A ses yeux, la société bouge par les associations, la rue, les élus qui partagent les luttes sociales.
« Il est important d’envoyer des députés de gauche et écolos à l’Assemblée », concède-t-elle. Les tractations à gauche en vue d’une union ? « Pour avoir connu ça dans les élections régionales, je sais que c’est un moment tendu », déclare-t-elle.
« J’ai une vision locale : chez nous il y a du EELV, des “insoumis”, Génération. s, et des citoyens non encartés. Et dans la région de Montargis, c’est souple. On s’adapte », raconte-t-elle. « La présidentielle, c’est autre chose, on essaie de ne pas coller nos affiches les uns sur les autres, et on se connaît tous. »
A Paris : « Je ne voterai jamais pour le RN, mais ça fait cinq ans que je défile contre Macron »
« Il y a plus de jeunes que d’habitude ! » : Sina Krishnan, 60 ans, militant de la CGT depuis des décennies, est un habitué des défilés du 1er-Mai : « Je n’en ai pas manqué beaucoup ces vingt dernières années ! »
Employé par un loueur de voitures à l’aéroport de Roissy, il s’inquiète face à ce qu’il estime être un mouvement de remise en cause durable des droits des salariés, en ce qui concerne les salaires aussi bien que les retraites : « Ça ne date pas de Macron, déjà sous Hollande, et encore avant ».
Il a voté Mélenchon au premier tour, comme en 2017, avant de voter blanc au second pour ne pas avoir à choisir entre le président sortant et la candidate de l’extrême droite.
« Je ne voterai jamais pour le RN. Mais ça fait cinq ans que je défile contre Macron. Cela n’aurait pas eu de sens de voter pour lui. » Pour les élections législatives, son espoir est de voir les listes de Jean-Luc Mélenchon faire le plein des voix à gauche. « J’ai toujours eu des valeurs de gauche, il faut les porter et les défendre. »
Négociations à gauche pour l’union aux législatives : où en est-on ?
Les négociations entre le Parti socialiste et La France insoumise au sujet d’un éventuel accord en vue des législatives ont été suspendues vendredi, mais le premier secrétaire du PS s’est à nouveau dit, dimanche, ouvert à la discussion.
Lire aussi : Législatives 2022 : le PS « continue à discuter de tout » avec LFI ; « on s’approche du but » pour un accord à gauche, assure Jean-Luc Mélenchon
Manifestation de moyenne envergure dans la capitale
D’après notre journaliste présente dans le défilé parisien, le cortège de tête est clairsemé et l’ensemble du défilé est très vite parcouru, signes que cette manifestation est de moyenne envergure. Les vacances parisiennes ont pu jouer. Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, avait appelé la veille à une mobilisation « la plus massive possible ».
Dans le cortège parisien : « Mélenchon n’est pas radical, c’est juste que le PS n’est plus de gauche »
Hadrien Cellie, 27 ans, n’avait pas manifesté depuis très longtemps. Défiler le 1er mai, pour lui, c’est marquer son opposition au système capitaliste.
« On vit dans la société de consommation, on pense qu’il faut acheter un appartement, une voiture, une montre, acheter des vacances, et que c’est comme cela qu’on est heureux. La réponse est non. Il faut remettre en cause le capitalisme dans son ensemble », affirme le jeune homme, employé dans l’audiovisuel, révolté de constater qu’il y a de plus en plus de pauvres, y compris parmi les enfants, et de plus en plus de riches.
Il a voté Mélenchon pour la présidentielle, convaincu par le discours du leader de L’Union populaire : « Il incarne une gauche qui a du sens. Il n’est pas radical ! C’est juste que le PS n’est plus à gauche. » Pour les législatives, il votera probablement pour un candidat soutenu par Mélenchon, avec l’espoir que la gauche puisse ainsi peser face à Macron et face à l’extrême droite.
Julien Bayou : « Les revendications syndicales peuvent servir de socle à une coalition » à gauche
Dans le défilé parisien du 1er-Mai, Julien Bayou, secrétaire national d’Europe-Ecologie-Les Verts, a réaffirmé auprès du Monde le soutien de son parti aux revendications des organisations syndicales qui ont appelé à manifester aujourd’hui.
« Ce qui est important dans leur communiqué est qu’ils insistent sur le recul de la retraite à 65 ans, qui est brutal et injuste, souligne-t-il. Mais ils insistent également sur les services publics et la transition écologique. Ce n’est pas aux syndicats de fixer la ligne politique, mais ces revendications peuvent servir de socle à la coalition que nous voulons former avec l’Union populaire, les socialistes et les communistes. »
« Eux proposent des revendications et nous nous voulons nous attacher à les transformer en politiques publiques », affirme M. Bayou.
Le conseiller régional d’Ile-de-France a également évoqué les négociations en cours avec La France insoumise, concernant une union à gauche pour les élections législatives.
« Les négociations sont toujours en cours et elles n’ont jamais vraiment été en pause, a-t-il fait savoir. Tout le monde comprend qu’un 1er mai, on ne peut pas passer son après-midi dans un bureau, on doit être dans la rue, évidemment, et ensuite on reprend. »
Plus tôt dans l’après-midi, Jean-Luc Mélenchon a fixé la fin de la journée (et de la nuit), comme date butoir.
Accrochages près de la station de métro Voltaire, à Paris
Nos journalistes présents dans la capitale font état d’accrochages dans le 11e arrondissement de Paris, près du métro Voltaire. Des gaz lacrymogènes répondent à des jets de bouteille. La vitrine d’une agence de la Caisse d’épargne a été brisée.
A Paris : « La France insoumise est la seule opposition sérieuse »
Françoise Simon, 69 ans, défile à Paris, accompagnée d’une amie, ancienne collègue de travail dans le social, Françoise Sarny, 68 ans, venue avec sa fille de 28 ans, Mathilde, employée dans une association.
« Comme beaucoup de gens, j’ai voté en reculant pour Macron au second tour. Je suis là pour dire ce que nous attendons sur les services publics, sur l’écologie, sur l’immigration parce que nous savons que nous ne sommes pas d’accord avec Macron », explique Françoise Simon, électrice d’Anne Hidalgo au premier tour, extrêmement inquiète à l’idée que Marine Le Pen puisse un jour devenir présidente de la République.
Son ancienne collègue, également retraitée, a voté blanc au second tour après avoir choisi Jean-Luc Mélenchon au premier. Sa fille avait fait le même choix au premier mais elle s’est ensuite abstenue : « Le régime de Macron tend vers l’extrême droite. Dans cinq ans, on verra bien où il en est. »
Les trois soulignent que Mélenchon a redonné de l’espoir à gauche. Surtout après les années Hollande, jugées avec sévérité. « Je voterai pour La France insoumise aux législatives. C’est la seule opposition sérieuse. Le rassemblement doit se faire autour de lui », explique Mathilde Sarny, soulignant combien le 1er-Mai, cette année, est marqué par le calendrier électoral.
Le feu a été mis à du matériel de chantier, à l’angle des rues Popincourt et du Chemin-Vert (Paris 11e). Les manifestants n’affrontent pas les forces de l’ordre, qui se tiennent très à l’écart.
Des dégradations constatées dans la capitale
Sur le parcours parisien du défilé du 1er-Mai : quelques manifestants en tenue noire, un peu de casse, un dispositif policier presque invisible, disposé dans les rues adjacentes au cortège. Il y a une « volonté claire des autorités de ne pas échauffer les esprits », selon notre journaliste sur place.
Dans le cortège parisien
Discrète présence policière aux abords du défilé parisien
Dans la capitale, le dispositif de maintien de l’ordre est moins étoffé que lors des années précédentes. La police s’attend à la présence de plusieurs centaines de militants de l’ultra-gauche et de l’ultra-droite. Sur le chemin, une agence bancaire a reçu quelques coups, constate notre journaliste.
Pour la FSU, « Emmanuel Macron a développé un programme de régression ultralibérale »
« Le combat ne s’arrête pas le soir d’une élection quand on a réussi à faire barrage à une candidate de l’extrême droite, qui est l’ennemie absolue des travailleuses et des travailleurs, a déclaré Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, lors du défilé syndical du 1er-Mai, à Paris. Emmanuel Macron lui-même a développé un programme de régression ultralibérale. Pour nous, l’enjeu, c’est de contrer la mise en œuvre de cette politique. »
Selon le responsable syndical, le chef de l’Etat n’a pas la « légitimité » pour mettre en œuvre la retraite à 65 ans. M. Teste s’est dit prêt à participer à la concertation proposée aux partenaires sociaux par le locataire de l’Elysée, à condition qu’elle ne s’inscrive pas « dans un cadre contraint » et qu’elle permette de « discuter de tout ».
Quelques incidents en marge du cortège à Paris
Force ouvrière revendique le « droit à la grève » si les syndicats ne sont pas entendus sur les retraites
En ce 1er-Mai, « nous voulons rappeler aux politiques le rôle des syndicats, [qui] est de porter l’intérêt des salariés », a plaidé Yves Veyrier, le numéro un de FO, à Paris.
Première revendication : « le pouvoir d’achat », ce qui passe par le salaire, a-t-il insisté, les autres dispositifs tels que le chèque énergie ou les primes exceptionnelles (mis en place durant le quinquennat) ne constituant que des expédients peu satisfaisants à ses yeux.
M. Veyrier a, par ailleurs, redit toute son hostilité à la réforme pour un départ à la retraite à 65 ans. Il a expliqué avoir contacté ses homologues pour que les cinq confédérations représentatives à l’échelon interprofessionnel (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT et FO) disent « clairement et nettement » que la retraite à 65 ans est « une très mauvaise idée ».
Si les syndicats échouent à se faire entendre, M. Veyrier plaide pour exercer, le cas échéant, « le droit à la grève ». « J’espère qu’on n’en arrivera pas là », a-t-il complété. « Je ne me ferai pas abuser par une conférence dite des progrès sociaux qui nous ferait (…) prendre des vessies pour des lanternes », a-t-il mis en garde, en manifestant ainsi sa circonspection face aux propositions de concertation émises par le chef de l’Etat.
Jean-Luc Mélenchon envisage la victoire aux législatives « si on ne fait pas les imbéciles »
A Paris, lors de la mobilisation de la Journée internationale des travailleurs, Jean-Luc Mélenchon a déclaré que la victoire de la gauche aux législatives est possible « si on ne fait pas les imbéciles, si on ne fait pas durer les discussions plus que la nature humaine est en mesure de le supporter ».
Ces mots font référence aux tractations difficiles que son mouvement, l’Union populaire, a engagées depuis plusieurs jours avec les différents partis de gauche – PS, PCF, EELV et NPA.
« On s’approche du but », a-t-il souligné, précisant, à l’intention de ces partis, que « tous ceux qui participent auront un groupe » parlementaire, que « tout le monde aura sa propre association de financement », et enfin que « le programme sera un programme partagé, un programme de gouvernement ».
Dans le cortège parisien : « On est là », chantent quelques « gilets jaunes »
Calme début de manifestation à Paris
Nos reporters dans la capitale font état d’un cortège assez peu dense, qui s’élance de la place de la République à destination de Nation. La présence policière est discrète, avec quelques fourgons de CRS à hauteur de la station de métro Oberkampf.
Philippe Martinez (CGT) : « Emmanuel Macron connaît les messages, mais il faut qu’il les entende »
Quelques minutes avant le début de la manifestation parisienne, place de la République, les leaders syndicaux ont pris la parole devant les journalistes. Ce 1er-Mai, qui intervient une semaine après le second tour de l’élection présidentielle, constitue « une opportunité exceptionnelle pour montrer que les exigences sociales sont toujours là », assure Philippe Martinez, le patron de la CGT.
En tête des attentes, il y a ce que « l’on entend dans les entreprises », c’est-à-dire les salaires, a-t-il précisé, en affirmant que la revalorisation du smic, en vigueur depuis ce dimanche (+ 2,65 %), ne suffit pas. « La qualité de l’emploi » pose aussi problème, avec un nombre croissant de « précaires ». Sans oublier, bien sûr, « la protection sociale et la question des retraites ».
« C’est une manifestation sociale », a-t-il indiqué, centrée sur les enjeux « sociaux et environnementaux », même si « l’actualité politique est riche ». Emmanuel Macron « connaît tous ces messages, mais après, il faut qu’il les entende, et ce n’est pas son point fort ».
S’agissant de la promesse du chef de l’Etat de se montrer plus à l’écoute que lors de son premier mandat, M. Martinez remarque que « ce n’est pas la première fois » que le locataire de l’Elysée tient un tel discours. « La meilleure façon de le faire changer, c’est qu’il y ait du monde aujourd’hui et dans les jours à venir, dans les entreprises, dans les services, a-t-il poursuivi. C’est ça, la meilleure réponse pour lui déboucher les oreilles. »
Au sujet de la réforme des retraites, M. Martinez pense qu’elle peut déclencher des « mobilisations avant la rentrée [de septembre], car le niveau de mécontentement (…) est très fort », en lien avec les régimes de pension, mais aussi avec les salaires. Selon lui, « il ne faut pas jouer avec le feu. Souvent, on se brûle ».
Une poignée de « gilets jaunes » étaient présents devant le service d’ordre qui entourait les dirigeants de syndicat. « On est les vrais révolutionnaires, nous », a lancé l’un d’eux, un drapeau français à la main. Lui et d’autres ont chanté les refrains habituels (« On est là », « Emmanuel Macron, président des patrons »).
A Paris : « J’attends de Mélenchon qu’il mette l’accent sur les salaires et les retraites »
Jean-Luc Mélenchon, le candidat de l’Union populaire, qui est arrivé troisième au premier tour de l’élection présidentielle, ne devrait plus tarder à faire son apparition place de la République, dans la capitale. Il s’est dit bien décidé à entamer le « troisième tour » en ce dimanche 1er mai.
Une prise de parole est attendue d’une minute à l’autre, avant qu’il rejoigne le cortège au milieu de ses soutiens, tels que la députée de Paris Danièle Obono, présente aujourd’hui. « J’attends qu’il mette l’accent sur les salaires et les retraites, explique Nouria Gemal, une sympathisante de la France insoumise. Je ne vois pas qui peut encore travailler à 65 ans. »
A Lyon : écologiste ou insoumise, « la gauche, c’est une histoire de famille »
L’une est élue écologiste, tombeuse de Gérard Collomb dans le 9e arrondissement de Lyon, adjointe du maire (EELV) Grégory Doucet depuis deux ans. L’autre est cheffe de file de La France insoumise dans la 12e circonscription du Rhône, au sud-ouest de Lyon, possible candidate aux prochaines législatives.
Les deux sœurs se sont retrouvées, côte à côte, à la fin du cortège du 1er-Mai à Lyon. Symbole de l’union des gauches ? A l’heure où les rapprochements se négocient entre partis en vue des législatives, Camille et Apolline Augey font sensation, chacune tenant en main un drapeau de sa formation politique.
« La gauche, c’est une histoire de famille », s’amuse Apolline Augey, 29 ans, cadette de deux ans de Camille, qui porte son écharpe tricolore en bandoulière. Inspirées par leur père, militant associatif, les deux sœurs espèrent que la mobilisation sociale du jour va se traduire dans les urnes aux législatives de juin.
La fin du cortège lyonnais a été très politique, avec la présence des principales forces de gauche (Parti communiste français, Union populaire et La France insoumise, Europe écologie-Les Verts, Parti socialiste), à quelques mètres les unes des autres.
Les possibles candidats « insoumis » n’ont pas raté le rendez-vous, comme Gabriel Amard et Albert Lévy, désireux de démentir toute notion de parachutage dans les circonscriptions lyonnaises. Se tenant à l’écart de Cédric Van Styvendael, maire (PS) de Villeurbanne, présent dans le groupe des militants socialistes. Tandis que le PCF tenait un meeting en solo, avant la fin du parcours.
En ce 1ermai, l’union de la gauche se fait à petits pas. « Elle avance ! », veulent croire Camille et Apolline Augey, alors que se disperse la manifestation, place Bellecour.
A Marseille
A Strasbourg : « Macron est sourd, il en faudra des manifestations pour l’affaiblir à l’Assemblée »
Sur son vélo-cargo, en marge du cortège du 1er-Mai, à Strasbourg, « Jojo de la buvette » arbore fièrement un QR-code barré, pour bien montrer aux autres manifestants qu’il ne demande pas de passe sanitaire avant de leur servir une canette de soda.
Le jeune retraité, qui travaillait dans le secteur de l’insertion, est remonté contre la proposition d’Emmanuel Macron de conditionner l’octroi du RSA à une activité. Proche de La France Insoumise et sensible aux revendications des « gilets jaunes » et des antipasse, il s’est mobilisé comme à chaque 1er-Mai, « parce que Macron est sourd. Il en faudra des manifestations pour l’affaiblir à l’Assemblée nationale, au travers des élections législatives ».
En avant de la manifestation, Anaïs et Thibaut, trentenaires, marchent fièrement sous un drapeau LFI. L’une comme l’autre avaient voté pour les Insoumis il y a cinq ans, sans plus s’engager à l’époque. Mais le 10 avril, au vu du score réalisé par Jean-Luc Mélenchon dans leur quartier, ils ont décidé de monter un groupe local.
« Avec le score réalisé au premier tour, les Insoumis se sont soulevés. C’est le moment ou jamais de le montrer ! Jusqu’ici, c’était difficile d’exister, entre le RN et la majorité présidentielle », affirme Anaïs, éducatrice de jeunes enfants aujourd’hui mère au foyer.
De retour place Kléber, la manifestation se termine sur une image symbolique forte : celle de militants Insoumis, communistes, socialistes, du NPA ou de Lutte ouvrière, rassemblés derrière une même bannière. « On veut montrer qu’on est unis sur le terrain », explique Thibaut.
Passé ce moment d’union, Emilie, un drapeau PS à la main, avoue : « On a voulu me l’acheter comme objet collector. » « Il y a encore quelques années, le PS tenait tous les mandats électoraux dans ma circonscription. Aujourd’hui, on ne représente plus rien ; c’est dur pour les militants de base », note cette secrétaire de section de 53 ans.
Favorable à un accord avec LFI, elle soutient la mise en avant d’un rassemblement des différents partis de gauche à l’occasion de ce 1er-Mai. « Mais il faut avant tout laisser la place aux syndicats dans ce cortège, ajoute-t-elle. C’est leur journée. En temps normal, les partis politiques ne devraient pas être présents. »
Jean-Luc Mélenchon prendra la parole vers 14 h 15, à son arrivée au point de rassemblement de La France insoumise, place de la République, à Paris
Mobilisations du 1er-Mai : le point à 14 heures
- Plusieurs dizaines de milliers de personnes défilent dimanche partout en France pour la Journée internationale des travailleurs, à l’appel de nombreux syndicats et associations, qui espèrent faire entendre, une semaine après le second tour de la présidentielle, leur souhait d’une politique plus sociale et plus écologique.
- Les manifestations ont rassemblé 1 900 personnes à Bordeaux selon la police (4 500 selon les organisateurs), 3 600 à Marseille et 3 500 à Toulouse selon la police, 4 000 à Lyon selon la préfecture, de 1 500 à 2 500 à Strasbourg selon les sources. Au total, 255 points de rassemblement étaient prévus dans le pays, selon la CGT.
- La manifestation parisienne doit partir à 14 h 30 de la place de la République, en direction de la place de la Nation. Dans le contexte de négociations difficiles pour parvenir à un accord en vue des législatives, de nombreuses figures politiques de gauche sont attendues, dont Jean-Luc Mélenchon (LFI), Julien Bayou (EELV), et Olivier Faure (PS). Fabien Roussel (PCF) défile à Valenciennes.
- La police s’attend à la présence à Paris de plusieurs centaines de militants d’ultragauche et d’ultradroite, et jusqu’à un millier de « gilets jaunes ». Elle anticipe aussi la possible formation de blocs radicaux au sein du cortège parisien, « susceptibles de s’en prendre aux forces de l’ordre et au mobilier urbain ». Des militants radicaux sont aussi attendus ailleurs, notamment à Rennes.
- En 2021, les organisateurs avaient revendiqué plus de 170 000 manifestants, dont 25 000 à Paris. Le ministère de l’Intérieur avait quant à lui dénombré 106 650 manifestants en France, dont 17 000 dans la capitale.
François Bayrou favorable à un référendum sur les retraites
Le président du MoDem, François Bayrou, a affirmé dimanche, lors de l’émission « Dimanche en politique » sur France 3, être « favorable » à ce que la réforme des retraites fasse l’objet d’un référendum, ce qu’Emmanuel Macron avait dit considérer, sans le promettre formellement, lors de la campagne présidentielle.
« Il y a une espèce de blocage du pays chaque fois qu’on aborde cette question », a fait valoir M. Bayrou, important soutien du chef de l’Etat, en estimant qu’il y a « un moyen très simple pour lever le blocage, c’est de dire : Ce sont les Français qui choisiront ». « Et moi, je ne doute pas que ce choix ira dans le sens de l’équilibre », a-t-il estimé.
Lors de la campagne, au début d’avril, Emmanuel Macron avait estimé que les référendums « dans le cadre de l’article 11 » étaient un instrument qui pouvait être « utilisé », y compris pour une réforme des retraites, mais qu’il voulait « privilégier d’abord une large concertation politique, et avec les partenaires sociaux, sur ce sujet ».
A Bordeaux, de jeunes militants demandent l’union des partis de gauche aux législatives
La mobilisation bordelaise du 1er-Mai s’achève place de la Bourse. Un groupe de jeunes discute de la teneur du déjeuner qui va suivre. Devant eux, une banderole : « Un autre monde est possible ». Ils veulent croire à l’union des partis de gauche en vue des élections législatives. Leur cortège a réuni des représentants de La France insoumise, des socialistes, des écologistes, des communistes et des membres des mouvements Génération.s et Nouvelle Donne.
« On agit ensemble dans notre mouvement de jeunesse et on veut montrer l’exemple, qu’une union est possible », explique Laurene Azoulay, 26 ans, étudiante en droit à Bordeaux et membre de LFI.
Venus soutenir la manifestation et les « valeurs communes » qu’elle représente, ils ont aussi milité pour rappeler aux Bordelais qu’une nouvelle élection se prépare, celle des législatives. « On a voulu dire aux gens aussi qu’ils avaient jusqu’au 4 mai en ligne, au 6 mai en mairie, pour s’inscrire sur les listes électorales », ajoute la coanimatrice du mouvement. « Nous avons une vision d’avenir commune et on la porte tous ensemble dans la même direction pour un autre monde. Tout le monde est en faveur d’une cohabitation », poursuit la jeune femme.
« Cette manifestation montre que les jeunes Girondins de gauche peuvent se mobiliser ensemble sans renier leurs valeurs », ajoute Tom Bernard, 22 ans, étudiant à Sciences Po Bordeaux. Tous attendent les résultats des discussions nationales des partis de gauche, pour avancer vers la prochaine étape : militer pour les candidats qui seront investis, espèrent-ils, en faveur de ce front commun.
Fin de manifestation à Toulouse, entre syndicats, partis politiques, Amnesty et le PKK
Le cortège toulousain, fort de 4 000 à 5 000 participants, a achevé vers 12 h 30 sa déambulation en entonnant L’Internationale. Dans la foule très marquée par la présence des partis politiques, dont une forte délégation de L’Union populaire, Amnesty International ou les indépendantistes du PKK au Kurdistan se sont frayé une place dans une ambiance très politisée.
Cédric Caubère, secrétaire départemental de la CGT, a d’ailleurs achevé son discours par ces mots : « Les syndicats, tout seuls, ne pourront pas aboutir dans leurs combats. Le mouvement social doit marcher sur deux pieds et nous appelons à l’unité des partis de gauche pour les futures élections législatives. »
La « fumée blanche », à ce sujet, n’est pas encore sortie des tractations conduites, à Paris, par Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise avec le Parti socialiste, Europe Ecologie-Les Verts, le Parti communiste français et le Nouveau Parti anticapitaliste.
Sous un soleil qui a fait son apparition tardivement, le défilé toulousain s’est terminé sans heurts. Ailleurs, dans la région Occitanie, à Tarbes, 650 personnes ont défilé à l’appel de la CGT, UNSA, Solidaires et FSU depuis la Bourse du travail jusqu’à la place de Verdun dans une très bonne ambiance. A Albi, ils étaient environ 250 à célébrer la Journée internationale des travailleurs ; une centaine à Cahors et environ 500 à Agen.
Le secrétaire général de Force ouvrière appelle à l’union syndicale contre le projet de réforme des retraites
Peu avant le début de la manifestation à Paris, le secrétaire général de FO, Yves Veyrier, s’est exprimé devant plusieurs dizaines de militants de son organisation, à quelques pas de la principale entrée du cimetière du Père-Lachaise.
Le leader syndical a, de nouveau, exprimé son hostilité à la réforme des retraites portée par le chef de l’Etat, consistant à repousser à 65 ans l’âge légal de départ. « Nous sommes résolument opposés » à ce projet, a-t-il dit, précisant que sa confédération fera tout pour l’« empêcher ».
La réélection d’Emmanuel Macron n’est « ni un référendum ni un plébiscite » sur cet aspect-là de son programme, a ajouté M. Veyrier. Interrogé par Le Monde, le responsable de FO précise qu’il a proposé à ses homologues de la CFDT, de la CFTC, de la CGT et de la CFE-CGC d’avoir une action commune sur ce dossier.
Un appel à la grève, soutenu par ces cinq confédérations représentatives à l’échelon interprofessionnel, serait une initiative bienvenue à ses yeux. A ce stade, les discussions entre dirigeants syndicaux n’ont débouché sur aucune prise de décision collective et se poursuivent.
Bonjour, les pensions de retraite sont bloquées depuis bien longtemps… Est-ce vrai quelles seront indexées sur l’augmentation du coût de la vie, au 1er juillet 2022 ? Mais pour combien de temps ?
Bonjour J-M P,
Les pensions de retraite ont été revalorisées au 1er janvier, de manière automatique. Ce fut certes assez modeste, avec une hausse de 1,1 %. Emmanuel Macron, en effet, a dit qu’il souhaite, au 1er juillet, réindexer les pensions sur l’inflation – récemment mesurée, par l’Insee, à 4,8 % sur un an. Cette indexation est prévue par la loi, mais pas toujours appliquée par les gouvernements.
Sur Franceinfo, Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, avait précisé qu’on « ne pourra pas se contenter » d’une telle indexation cet été. Il a évoqué une « réflexion plus globale » pour l’adapter le niveau des pensions à « une ère d’inflation plus élevée ».
En Grèce, les syndicats jugent la hausse du salaire minimal trop faible compte tenu de l’inflation
Des milliers de personnes, dont des salariés grévistes, ont manifesté dimanche à Athènes lors de la Journée internationale des travailleurs, selon l’Agence France-Presse, réclamant plus de mesures de défense du pouvoir d’achat pour faire face à l’impact de l’inflation sur les ménages. Selon la police, environ 9 000 manifestants ont défilé dans la capitale.
Ce 1er-Mai en Grèce marque l’entrée en vigueur d’une augmentation de 50 euros par mois du salaire minimal, à 713 euros. La mesure gouvernementale est toutefois jugée insuffisante par les syndicats, qui réclament que le salaire minimal soit porté à 825 euros par mois.
Le salaire minimal était de 750 euros en 2011, avant que l’année suivante, au pic de la crise de la dette, les créanciers de la Grèce (Union européenne et Fonds monétaire international) imposent une stricte austérité, en le rabotant notamment de 22 %.
Pour les syndicats, le coup de pouce du gouvernement est « très éloigné des besoins du moment et (…) du niveau d’inflation ». L’inflation en Grèce sur un an a atteint 9,4 % en avril, selon l’office européen des statistiques Eurostat.
Un manifestant bordelais : « Même avec Mélenchon, il n’y aura pas de changement »
Si à Bordeaux la manifestation du 1er-Mai rassemble traditionnellement les syndicats, le second tour de la présidentielle est bien présent, le cortège de tête encourageant les manifestants à « lever les poings contre le fascisme ». A l’instar du « On est là ! », chant bien connu et repris pendant toutes les manifestations des « gilets jaunes », qui avaient été très suivies dans la capitale girondine.
Dans les rues du centre-ville, Bernard Couturier, 77 ans « militant de très longue date », distribue des tracts du « comité girondin des législatives à gauche ». Un « appel d’unité lancé par les groupes politiques Ensemble ! et Nouvelle Donne, plus un certain nombre de militants associatifs, humanitaires, sociaux pour qu’il y ait une seule candidature à gauche par circonscription, désignée par des assemblées citoyennes en collaboration avec les tractations nationales », explique le militant. « Aujourd’hui, on profite du 1er-Mai pour republier l’appel », développe-t-il.
« C’est quoi le message qu’on donne à la jeunesse ? Travaille et ferme ta gueule », lance le groupe de Révolution permanente. « Nous, on porte le ni Macron ni le Pen », avance d’emblée Marco Pierre-Anillo, 17 ans, lycéen et militant de Révolution permanente, courant révolutionnaire qui avait porté la candidature d’Anasse Kazib a l’élection présidentielle.
« Ce qu’on veut, c’est le peuple au pouvoir. On défend les peuples opprimés », explique Marco Pierre-Anillo. « Même avec Mélenchon, il n’y aura pas de changement. Il doit venir du bas », poursuit le jeune homme.
A ses côtés, Andrea Vignatelli, 16 ans, lycéenne aussi, abonde : « Pour moi c’est pas comme ça qu’on pourra changer les choses. C’est comme dans un jeu, on joue contre des adversaires, mais c’est eux qui ont fait les règles. »
Même s’ils auront bientôt le droit de vote, ils ne comptent pas s’en saisir. Sauf pour leur candidat, Anasse Kazib, le seul qui porte, pour eux, les valeurs du peuple.
Journée internationale des travailleurs à travers l’Europe
Dans le cortège strasbourgeois : « Il faut faire contrepoids au résultat de la présidentielle »
A Strasbourg, le long du cortège du 1er-Mai, Georges Yoram Federmann, président du MRAP-Strasbourg, harangue la foule de manifestants : « Les soignants, avec nous ! » Le psychiatre, fortement engagé dans l’accompagnement des migrants et la cause palestinienne, déplore l’absence d’unité au sein de la manifestation : « Ce qui ressort de ce cortège, c’est le communautarisme de chacune de ses composantes. Les mouvements d’extrême gauche s’enferment sur eux-mêmes. Il manque aujourd’hui une fédération pour réunir tous ces militants. »
D’autres, au contraire, apprécient cette diversité, comme Bénédicte Elias, 46 ans. Fonctionnaire administrative dans l’enseignement supérieur et la recherche, elle a été de toutes les manifestations ces dernières semaines, qu’elles soient liées à la lutte contre le changement climatique, contre les violences faites aux femmes.
« Le troisième tour, c’est maintenant », est-il écrit sur sa pancarte. « Je ne participe pas tous les ans au cortège du 1er-Mai, j’ai des enfants en bas âge. Mais cette année, c’est indispensable ! Il y a tellement de griefs qu’il nous faut porter et amplifier d’ici aux élections législatives, pour faire contrepoids au résultat de l’élection présidentielle », explique cette électrice assidue.
« Cette conscientisation ne s’arrêtera pas à la manifestation », note-t-elle, tout en soulignant le caractère très pluriel du cortège, cohérent mais sans hégémonie – à l’image du rassemblement de la gauche qu’elle appelle de ses vœux.
Un peu plus loin, la pancarte de Jean-Jacques Pion tranche avec les principales revendications du cortège. « Non à l’envoi par Macron d’armes lourdes à l’Ukraine », peut-on lire. A 82 ans, ce « gilet jaune » « de la première heure » fait un peu office de doyen du cortège. « En mai 1968, j’ai vu le monde complètement basculer. Depuis, je suis dans la lutte », explique celui qui a tour à tour été syndicaliste, écologiste, et se classe aujourd’hui dans les antivax et « antipasse ».
Cette année, il a voté Zemmour au premier tour et Le Pen au second. « Je suis là parce que je ne veux pas laisser la manifestation aux seuls syndicats, qui sont aujourd’hui dépassés, explique-t-il. C’est Poutine qui va redistribuer les cartes ; il est plus révolutionnaire que tous les gens qui sont autour de nous. »
A Marseille, « on n’a pas donné un blanc-seing à Macron »
Dans la cité phocéenne, sous un grand soleil, plusieurs milliers de manifestants se sont élancés dans la matinée du Vieux-Port, et croisaient des supporters de l’OM en balade avant le match du soir (OM-OL), nous fait part l’Agence France-Presse.
Sous un drapeau « pour l’union populaire », Martine Haccoun, médecin retraitée de 65 ans, est venue « montrer qu’on n’a pas donné à Macron un blanc-seing pour cinq ans, on a voulu faire barrage à Mme Le Pen ». Ce 1er-Mai lui paraît singulièrement important face « à la destruction de l’hôpital public ».
A Lyon, « qui sème la misère récolte la colère »
Un groupe d’environ 250 militants d’ultragauche ont pris la tête du cortège lyonnais, en tenue noire, poussant une réplique de proue de bateau, arborant l’inscription : « La piraterie n’est jamais finie ». « On ne dissout pas une révolte qui gronde », dit aussi une banderole, en référence à la procédure de dissolution du Groupe antifasciste Lyon et environs, en cours devant le Conseil d’Etat. A part quelques tirs de mortier très sonores, aucun incident n’émaille la manifestation.
La mobilisation est plus importante que l’édition pluvieuse du 1er mai 2021. Plus de 4 000 personnes défilent à Lyon, selon plusieurs participants, habitués des défilés. La tête du cortège arrive place Bellecour, alors que la queue passe le quartier de la Guillotière. « Le climat est plus lourd d’inquiétudes que d’habitude. Le niveau des salaires compromet le recrutement, pour la prise en charge des élèves c’est la catastrophe », dit Anne-Christine Burlon, 51 ans, enseignante à Lyon, syndicaliste au SNES.
Dans le défilé, chaque syndicat organise son carré, avec drapeaux, slogans. « Qui sème la misère récolte la colère », lance SUD.
La manifestation est élargie à d’autres thèmes. Des syndicats turc, algérien, des groupes féministes, ainsi que des militants pro-palestiniens sont présents. Les principaux partis de gauche ferment la marche.
Olivier Faure s’exprime au sujet des négociations entre le PS et LFI : « Si nous avons la prétention de gouverner demain, il faut être d’accord sur le fond »
Sur France Inter, le premier secrétaire du Parti socialiste et député de Seine-et-Marne s’est exprimé sur les négociations que La France insoumise (LFI) mène avec le Parti socialiste, mais aussi avec Europe Ecologie-Les Verts (EELV) et le Parti communiste français en vue d’un accord visant à désigner des candidats communs pour les législatives des 12 et 19 juin prochains.
Les discussions avec les socialistes ont été « suspendues » vendredi, ces derniers critiquant les attitudes « hégémoniques » de LFI, parti arrivé en tête des forces de gauches avec 21,95 % au premier tour de la présidentielle, les autres étant restés sous la barre des 5 %.
Olivier Faure s’est cependant montré ouvert à reprendre les discussions, en insistant sur le fait qu’il ne s’agit pas que d’un accord électoral visant seulement à se partager les circonscriptions :
L’idée n’est pas d’improviser quelque chose sur un coin de table. L’idée est de provoquer une cohabitation. (…) Si nous avons la prétention de gouverner demain, il faut être d’accord sur le fond.
Plus de 4 000 manifestants à Lyon, selon la préfecture
« On peut prendre l’Assemblée », s’enthousiasme un militant toulousain de L’Union populaire
Dans les rues toulousaines, alors que la sono du camion du Parti communiste crache du Jean Ferrat, Frédéric Borras se félicite. Ce directeur de campagne départemental de L’Union populaire – le rassemblement mélenchoniste – pour les élections législatives voit ses troupes « gonfler dans la rue, après le succès des urnes ».
« C’est un défilé politico-syndical qui revendique la retraite à 60 ans et le blocage des prix. La dynamique doit être décuplée pour rejouer le match avec Macron », dit-il. Dans la semaine, il a participé à des réunions improbables en banlieue, « où il y avait parfois 90 participants ». « C’est du jamais-vu », selon lui.
Par ailleurs, toujours selon M. Borras, « à l’issue de réunions avec la CGT, on a senti que pour la première fois ils appelleraient clairement à soutenir nos candidats. On a tourné la page des vieilles querelles avec les communistes, on peut prendre l’Assemblée », conclut-il.
Dépendants des négociations qui se déroulent au niveau national, les représentants de L’Union populaire à Toulouse, où Jean-Luc Mélenchon était en tête du premier tour avec plus de 36 % des voix, se disent « sereins pour un accord avec toute la gauche en début de semaine ». Dans le défilé toulousain, on croit à des lendemains qui chanteront.
Philippe Martinez appelle à la mobilisation « la plus massive » possible
Les salaires, l’emploi, les retraites ; voici les trois nerfs de la guerre, selon le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, qui a appelé le gouvernement, dans un entretien au Parisien, à mettre en œuvre des hausses pérennes de rémunération, et à ne pas leur préférer les « chèques » octroyés en fonction de la conjoncture.
Lire aussi : Avant le 1er-Mai, Philippe Martinez appelle le gouvernement à préférer les hausses de salaires aux aides ponctuelles
Jean-Christophe Cambadélis vent debout contre un accord PS-LFI
De François Hollande et Anne Hidalgo à « tous les socialistes », l’ex-premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis appelle dimanche, dans une lettre ouverte, à « s’opposer » à un accord entre le PS et LFI en vue des législatives, et à « refonder » le parti. Dans ce document, il dit ne pas voir pourquoi « le premier des battus [Jean-Luc Mélenchon] devrait être le premier de cordée ».
Plaidant pour une « profonde refondation » et une « gauche de transformation responsable, décomplexée vis-à-vis de la radicalité », il s’interroge aussi sur l’absence de « discussions avec les écologistes » au profit d’une « négociation exclusive avec Mélenchon ».
Alors qu’un accord est en train d’être négocié entre le PS et LFI pour les législatives, il juge que celui-ci n’est, à la fois « dans la forme et le fond (…), pas acceptable en l’état ». « Il ne s’agit pas d’une proposition de coalition mais d’une reddition », déplore-t-il :
Le slogan, c’est Mélenchon ; le premier ministre, c’est Mélenchon ; la photo de campagne, c’est Mélenchon ; le programme, c’est Mélenchon, et le sigle commun sera imposé à tous : c’est toujours Mélenchon.
Il évoque aussi « des raisons programmatiques » pour le refuser, citant les velléités de LFI de « sortir des traités européens », de « fonder la VIe République », de ramener la retraite à 60 ans et de lancer des « dépenses vertigineuses impraticables ». Et aussi « des raisons de représentation », avec des socialistes « sacrifiés » alors que le PS a « gagné des villes lors des dernières municipales ».
A Bordeaux : « Nous souhaitons des entreprises sans patrons, gérées par les ouvriers »
Mathieu, 29 ans, travaille dans le bâtiment et a rejoint la CNT, Confédération nationale du travail, il y a un an. Sur la banderole « contre la casse sociale et le patronat, grève générale », le message est clair. « Nous sommes venus montrer que la lutte est toujours d’actualité contre l’oppression du patronat. Nous souhaitons des entreprises sans patrons, totalement gérés par les ouvriers », développe le jeune homme.
« Nous n’oublions pas que le 1er-Mai s’est formé grâce aux syndicats américains suite à une révolte aux Etats-Unis », tient à préciser Mathieu.
Le résultat de l’élection présidentielle ? « Le contexte politique est pourri depuis une dizaine d’années déjà. Nous avons la crainte de voir encore les retraites attaquées. Ce n’est ni avec un président La France insoumise ni socialiste qu’on pourra continuer tant qu’il y a des salariés non considérés », s’inquiète Mathieu, même si le syndicat était présent dans les cortèges de manifestations contre le Rassemblement national pendant l’entre-deux tours.
« Notre acte politique se fait tous les samedis lors de nos permanences pour tous les travailleurs, syndiqués ou non, précise-t-il. La politique, c’est un truc de tous les jours c’est pas que des paroles, c’est dans les actes. Et c’est pas que tous les cinq ans. »
« Ceux qui ont voté Macron sont des gens riches », estime la CGT toulousaine
A Toulouse, le cortège a démarré vers 10 h 30 à partir de la place Esquirol. Ce sont une trentaine de « gilets jaunes » qui en ont pris la tête, arborant une banderole « Gilets jaunes de tous pays, unissons-nous ».
Les trois syndicats organisateurs de la manifestation, qui se sont vus au cours de la semaine à la Bourse du travail – la CGT, la FSU et Solidaires –, sont rejoints par l’union départementale CFDT.
« Cela fait des années que nous n’étions pas venus, dit le secrétaire général départemental, Thierry Lataste. Nous voulons mettre en avant la solidarité internationale, notamment à cause de ce qui se passe en Ukraine, mais également défendre une augmentation des salaires et des pensions ».
Dans la semaine, la CGT avait souligné que « ceux qui ont voté Macron sont des gens riches, déjà à la retraite, et qui pensent que les jeunes doivent partir plus tard. L’attente des salariés est très forte sur les retraites : pas touche à l’âge de départ, augmentation des pensions, lutte pour l’abaissement de l’âge de départ. Il y aura un combat sur les retraites. C’est évident. La bataille est déclarée ».
En fin de cortège, tous les mouvements de la gauche sont présents (NPA, Union populaire, Parti communiste, EELV).
En 2002, ils étaient plus de 100 000 à Toulouse, un 1er-Mai, à défiler pour les droits internationaux et, à l’époque, contre le Front national, parvenu pour la première fois au second tour de la présidentielle.
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La Journée internationale des travailleurs à travers le monde
A Strasbourg : « C’est grâce aux “gilets jaunes” que ma prime d’activité a augmenté »
A Strasbourg, ce n’est manifestement pas aujourd’hui qu’aura lieu le « troisième tour social ». Sur la place Kléber, le cortège est certes bigarré et le fond musical aussi, entre Internationale et chants alévis de l’autre, mais peu de monde semble s’être mobilisé en dehors des responsables syndicaux et militants d’organisations politiques.
Quentin, 28 ans, est venu avec trois amis. Ces dernières semaines, le risque de répression a pu freiner sa participation à d’autres manifestations, mais aujourd’hui il n’a pas peur de la police, et tient à rappeler l’enjeu des élections législatives à venir. « Si Macron passe, il va tout casser ! », craint-il. Lui-même a voté au premier tour de la présidentielle, et s’est abstenu au second :
Je comprends les appels prônant la réalisation d’un troisième tour dans la rue, mais les législatives vont être très importantes. J’appelle tout le monde à voter, sauf à l’extrême droite ; ça ne me dérangerait pas qu’elle ne se mobilise pas !
Un peu plus loin, Alain Françon a mis son gilet jaune, comme une tache printanière dans une mer de rouge. Ancien délégué syndical CGT, il a été de toutes les mobilisations depuis la fin de novembre 2018 – une implication qui lui a été reprochée par ses anciens camarades syndicalistes :
Si je suis dans la rue aujourd’hui, c’est à cause de la réforme des retraites. J’ai 60 ans le mois prochain, je travaille depuis quarante-deux ans comme préparateur de commandes, à manipuler des roulements de voiture ou de tramway. Je ne veux pas partir à 65 ans ! La deuxième raison, c’est le pouvoir d’achat. C’est grâce aux « gilets jaunes » que ma prime d’activité a augmenté. Mais si j’étais bien payé, je n’en aurais pas besoin.
Sept cents jeunes militants appellent à l’union de la gauche aux législatives, autour de Jean-Luc Mélenchon
En cette journée internationale des travailleurs, sept cents jeunes militants issus de toute la gauche, de la France insoumise aux Jeunes Socialistes en passant par les Jeunes Ecologistes, les Jeunes génération.s, des Jeunes Communistes et le milieu associatif, appellent les partis de gauche à établir un accord commun à l’occasion des élections législatives.
« Dimanche, l’extrême droite a été évitée de justesse, écrivent-ils dans une tribune. Cela démontre bien la crise démocratique dans laquelle notre pays est plongé, en grande partie à cause du quinquennat Macron. » « Il ne peut pas être reconduit avec les pleins pouvoirs législatifs, poursuivent-ils. Emmanuel Macron pourrait être le président qui augmentera les frais d’inscription à l’université, nous privera d’une retraite digne ou diminuera encore les droits des bénéficiaires du RSA. »
Et d’appeler à l’union de la gauche aux législatives :
L’unité autour du bloc populaire peut forcer le destin pour le climat, pour les gens. Oui, Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête de ce bloc. C’est désormais à lui de rassembler le camp de l’espoir et de la transformation pour les législatives. L’Union populaire est légitime pour construire ce cadre commun (…). Les partis de la gauche et de l’écologie politique ont le devoir moral de trouver un accord pour donner aux Français une alternative, respectant la pluralité de nos idées respectives.
A Bordeaux : « C’est pas le moment de rajouter de la fracture à la fracture »
La place de la République se remplit à Bordeaux, tandis que le cortège du 1er-Mai se prépare à partir. Les membres de l’UNSA, syndicat des enseignants, se retrouvent sous les bannières installées.
Catherine Ambeau, 51 ans, enseignante à Pessac, au lycée professionnel, a tenu à être là, « après le second tour de la présidentielle, pour montrer la mobilisation du peuple réformiste avec tout le symbole qu’il y a derrière le 1er-Mai ». Plusieurs sujets doivent être pointés selon elle, par exemple la question de la réforme des retraites. « Nous voulons mettre la pression sur Emmanuel Macron. La retraite à 65 ans, c’est non », affirme-t-elle.
Surtout dans un contexte électoral qui a vu l’extrême droite gagner des points au second tour. « On veut défendre la démocratie, comment on fait ensemble pour que tout le monde puisse vivre dignement son parcours qui commence à l’école, puis quand on travaille et ensuite à la retraite », poursuit Catherine Ambeau.
Elle précise que le syndicalisme a toute son importance pour ce nouveau mandat. « Le syndicalisme existe encore, il a porté et apportera encore de grandes réformes sociales et on se bat ensemble au quotidien. Le réformisme n’est pas mort, il y a beaucoup de choses à faire et beaucoup de réformes sont venues des syndicats. Macron a dit qu’il consultera les syndicats et j’espère qu’il le fera, que le réformisme et le dialogue social seront mis sur la table », conclut-elle.
A ses côtés, Dominique Corona, 54 ans, secrétaire général adjoint de l’UNSA, qui vit à Paris mais se trouve en vacances dans le coin et a tenu à soutenir ses camarades locaux. Au sujet de la réforme des retraites, il est optimiste : « Je pense que Macron peut revenir dessus. Le pays est déjà fracturé, c’est pas le moment de rajouter de la fracture à la fracture. »
A Lyon, on ne veut pas d’un pouvoir qui ferait « semblant de concerter »
A Lyon, le défilé du 1er-Mai s’apprête à s’élancer de la place Jean-Macé, sous un soleil printanier. « Pour la première fois depuis longtemps, nous constatons un appel intersyndical, sur la base de revendications claires », se félicite Jérémy Ferrer, 30 ans, technicien informatique à la Sécurité sociale.
Le syndicaliste FO prend un café à une terrasse, avant le départ. « Le président mal élu va utiliser son quinquennat pour appliquer son programme antisocial », dit-il, approuvé par Laurent Valla, 35 ans, accompagnant d’élèves en situation de handicap (AESH). L’éducateur, affilié à la CGT-éducation, partage les craintes d’un « pouvoir qui n’écoute pas, qui fait semblant de concerter et applique des décisions déjà prises ».
Salaires et retraites figurent en tête des préoccupations. « On risque de se retrouver dans la rue pas mal de fois », redoute Henri Ferrer, 59 ans, agent dans la grande distribution. Pour le père de Jérémy, ce 1er-Mai serait un prélude à « une année compliquée ».
Un peu plus loin, Louis Aujogue, 78 ans, s’apprête à participer à son quarante-huitième 1er-Mai. Le retraité des transports en commun lyonnais est surtout « très inquiet de la montée du racisme et de la xénophobie ». Il a dû se résoudre à voter Emmanuel Macron. « Il a fallu faire barrage en contradiction avec tout », soupire le syndicaliste CGT. En espérant que « le président n’en profite pas pour faire de la casse sociale ».
A quoi s’attendre aujourd’hui ?
- Des dizaines de milliers de personnes doivent défiler ce dimanche, pour la Journée internationale des travailleurs, à l’appel de syndicats et d’associations, qui espèrent faire entendre leur souhait d’une politique plus sociale et plus écologique. Deux cent cinquante-cinq points de rassemblement sont prévus dans le pays, selon la secrétaire confédérale CGT Céline Verzeletti.
- La manifestation parisienne partira à 14 h 30 de la place de la République, en direction de la place de la Nation.
- Dans la ligne de mire des syndicats, la réforme des retraites, alors qu’Emmanuel Macron a fait du recul de l’âge légal de départ un point cardinal de son programme.
- Parmi les autres revendications de l’intersyndicale CGT-UNSA-FSU-Solidaires, auxquelles se sont jointes les organisations étudiantes et lycéennes UNEF, VL, MNL et FIDL, « les questions des salaires, des services publics, de protection sociale et de transition écologique ». Contrairement à l’année dernière, Force ouvrière n’a pas signé cet appel national. La CFDT, premier syndicat de France, fait bande à part, en organisant de son côté un « 1er-Mai engagé pour le climat ».
- Des figures de gauche sont attendues dans le cortège parisien, dont Jean-Luc Mélenchon (LFI), le chef de file d’EELV, Julien Bayou, et son homologue du PS, Olivier Faure. Le communiste Fabien Roussel sera à Lille. Il n’est pas dit que les partis de gauche, engagés dans de difficiles tractations autour de LFI avant les élections législatives, défilent sous une bannière commune.
Bonjour et bienvenue dans ce direct consacré aux manifestations du 1er-Mai
Après la réélection d’Emmanuel Macron, plusieurs organisations syndicales ont appelé à la mobilisation pour obtenir des hausses de salaires, plus de pouvoir d’achat, et s’opposer au projet de reporter l’âge légal de départ à la retraite.
Girondin