Le fait de ne pas avoir eu de majorité absolue en sièges pour les macroniens, qui, de plus, étaient au second rang en voix au premier tour des législatives, était pourtant prévisible ; il engendre manifestement une crise profonde. C’est qu’il est le révélateur du rejet réel, majoritaire, envers le président et envers les institutions existantes.
Aussi surprenant que cela semble, il apparaît que cette situation avait été très mal anticipée par les principaux « acteurs ». Le jupitérien président Macron apparaît KO debout encore plus après qu’avant, ce qui n’est pas peu dire. L’ex-aspirant premier ministre J.L. Mélenchon qui nous avait promis deux Bonaparte pour le prix d’un, a prestement oublié cette revendication et se félicite du fait que le parlement deviendrait le lieu principal du pouvoir, « oubliant » que nous restons dans la V° République. Mme Le Pen est la première surprise du nombre de députés du RN et elle multiplie les offres de collaboration et de « responsabilité ».
Un épisode a été peu mis en valeur alors qu’il mérite de l’être : Macron avait auparavant annoncé le lancement de son « Conseil national de la refondation » juste après le second tour. Il n’en est rien,car il n’en a pas les moyens. M. Larcher, président du Sénat, le lui aurait déconseillé. P. Martinez pour la CGT avait fait savoir que son organisation ne participerait pas à des instances où serait présent le RN. F. Souillot pour FO s’était interrogé sur le fait que le Conseil Économique et Social est une institution (de la V° République) ayant déjà vocation à jouer le rôle imparti par Macron à son « CNR ».
A la veille du premier tour, B. Teste pour la FSU avait condamné le fait d’inviter les syndicats à « discuter » avec le recul de l’âge de départ en retraite en préalable, et revenait sur la loi dite de « transformation de la fonction publique » de 2019 et ses effets corporatistes visant à enchaîner les syndicats aux mesures patronales. L’intégration des syndicats à un tel dispositif se présentait donc mal. Ceci aussi reflète le rejet qui monte. Jusqu’au congrès confédéral de la CFDT où a été adoptée, à une large majorité, une « motion surprise » rejetant toute nouvelle hausse de l’âge du départ à la retraite …
Que restait-il à Macron ? Il lui restait de recevoir les dirigeants de tous les groupes parlementaires qui, tous sans exception, sont venus en soulignant leur attachement au bon fonctionnement des institutions de la V° République et à la légitimité de son président !
C’est fort de cela et uniquement de cela, qu’il nous a fait mercredi soir une déclaration invitant toutes ces forces politiques, du RN à LFI inclus, à « collaborer » avec lui dans le cadre du parlement !
Ce serait donc cela, le parlement le plus puissant de l’histoire de la V° République : le haut lieu des combinazione pour mettre en œuvre la politique présidentielle soi-disant légitimée par le second tour de la présidentielle ?!
Quelle que soit la bonne volonté des uns et des autres, ceci est intenable et ne tiendra pas. Pour les salariés, jeunes et retraités, pour l’urgence sociale et vitale, ce n’est ni cela ni une dissolution présidentielle qui est à l’ordre-du-jour mais c’est la dissolution de ce régime et de son président et l’élection d’une assemblée constituante que, de plus en plus, nous pouvons et devons dessiner comme l’issue concrète effective à la crise de régime !
Le 24-06-2022.
Poster un Commentaire