Mélenchon, le perdant magnifique

Member of parliament Jean-Luc Melenchon answers journalists' questions ahead of an extraordinary session of questions to the government at the National Assembly in Paris on March 19, 2020 as Parliament resumes with limited number of MPs for urgent matters linked to the novel coronavirus (COVID-19). - From midday on March 17, French have been confined to their homes. France is scrambling to contain the outbreak of the virus that has killed over 260 and infected more than 9,100 in the country. (Photo by Ludovic MARIN / POOL / AFP)

Jean-Pierre Boudine.

Il nous a ébloui de ses discours, de ses réparties, de ses initiatives tardivement unitaires. Jusqu’au dimanche 19 juin, 20h.

La poussière retombe. Pour la troisième fois, il a bel et bien échoué. Échoué à l’élection présidentielle, échoué à gagner, pour son camp, la majorité à l’Assemblée Nationale. Échoué à faire reculer l’abstention.

Nous avons remporté de beaux succès : la réélection aisée des sortants de la FI, dont le groupe plus que quadruple ses effectifs, le maintien du score du PCF et de celui du PS; la création d’un groupe d’écologistes, tout trois rescapés en dépit de résultats calamiteux de la présidentielle. Plus spécialement, divers sujets de joie comme l’élection de Rachel Kéké, la chute de Castaner, celle d’Amélie de Montchalin…

Au bout du compte, nous avons cependant bel et bien perdu. Certes, les partisans de Macron ont subi une défaite, et ils perdent une centaine de députés. Mais pas la capacité de gouverner, ni celle de manœuvrer à leur profit la situation chaotique qui résulte de la situation.

Les LR vont faire payer chèrement leur soutien, mais ce sont les travailleurs et les jeunes qui recevront la facture : l’inévitable (même si conflictuelle et gesticulatoire) coalition LREM-LR, avec la complicité de Bayrou et même, à l’occasion, celle du RN ne produira qu’une politique plus ouvertement réactionnaire, liberticide et climaticide !

Pire : la stupide stratégie du « barrage », en réalité de la confusion et du déni, porte les fruits dont elle a toujours été grosse : le Rassemblement National entre en force à l’AN, obtenant le meilleur score de son histoire. C’est le résultat d’un silence politique : le FN, puis le RN n’ont pas été politiquement combattus, avec des arguments. Ils ont été anathématisés, “diabolisés”, ostracisés. Ils étaient les méchants, les terribles, ceux à qui on devait, quand on était un honnête citoyen, préférer Macron !!!

Demain, le RN va ressusciter ce que la FI n’a pas voulu faire naître : un grand parti. Mais ce sera un parti anti ouvrier, antisyndical, anti environnement, anti démocratie. Qui interviendra physiquement dans la rue contre le mouvement social.

Du côté du grand Tribun, la machine à bévue est repartie. C’était à prévoir : Mélenchon est un grand Tribun durant les campagne présidentielles. Entre deux campagnes, il casse les meubles. Il a commencé : «Faisons un seul groupe NUPES !». Refus du PS, refus du PCF, refus de EELV. Question : pourquoi ne pas avoir discuté de cette question avec les dirigeants, au lieu d’en parler à la presse et de s’infliger trois désaveux ?

L’instant d’après il réitère : «La NUPES va déposer une motion de censure !». … «Il faut en discuter» déclare Olivier Faure…

S’il pouvait avoir une extinction de voix !

Notre pays entre dans une zone d’intenses turbulences. Nous avons besoin d’une ÉQUIPE de femmes et d’hommes politiques intelligents, réfléchis, prudents. Et nous avons besoin de CONSTRUIRE avec patience, jour après jour, dans les moindres villages, les moindres quartiers. Si nous le voulons, c’est possible et les 130 ou 140 députés de la NUPES seront un bon point d’appui. Cependant une ne construit pas une FORCE par en haut. On la construit par en bas.

JP Boudine.

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