POUR UNE POLITIQUE LUTTE DE CLASSE RADICALE

La longue période électorale est close. Place aux luttes !
C’est au fond ce que dit le résultat des législatives dont l’événement le plus marquant a été l’entrée d’ouvriers, de ceux d’en bas, à l’Assemblée nationale avec comme symbole de ce mouvement, l’élection de Rachel Kéké, une femme de chambre issue de l’immigration, animatrice d’une grève victorieuse importante et significative de la période.
Les échauffourées politiciennes à venir au Parlement dans la période à venir après la défaite politique de Macron, les succès relatifs de la Nupes et LR et RN qui vendront cher en mesures réactionnaires leur soutien à Macron, tout ça est tristement banal et sans espoir. Par contre, ce qui est important et qu’a révélé ce scrutin, c’est la tectonique souterraine des plaques et la politisation des classes populaires.
C’est pourquoi, la polémique s’est tout de suite centrée sur le passé de Rachel Kéké pour tenter de la salir et atténuer la portée de son succès.
Dans ce scrutin des législatives, il s’est passé la même chose à droite et à gauche : une radicalisation.
A droite, il n’y a pas eu une augmentation globale des voix mais une radicalisation au sein du noyau traditionnel de cet électorat qui a glissé de LR vers le RN et au second tour de LREM vers le RN contre la Nupes. C’est ce nouveau Front contre la montée des classes populaires même sous la forme déformée de la Nupes qui a fait le succès du RN en nombre de députés. Et c’est Macron qui a fabriqué ce succès du RN en diabolisant la Nupes et en organisant le déplacement des voix de Lrem en faveur du RN pour faire barrage à la Nupes, au fond pour faire barrage aux révoltes populaires qui ne vont pas manquer dans la période à venir.
A gauche, le succès de Rachel Kéké fait exister politiquement le prolétariat combattant et tout particulièrement celui d’aujourd’hui où les luttes des femmes travailleuses sont en train de modeler et de modifier le rapport de force entre classes.
L’évolution politique de Rachel Kéké, du soutien au RN ou à Bachar el Assad (ce qui est lié) à la candidature Nupes en passant surtout par la lutte gréviste victorieuse avec les femmes de chambre de l’hôtel de Batignolles avec la CGT HPE, est en effet la démonstration qu’une politique lutte de classe radicale jusqu’au bout menée par la gauche politique et syndicale pourrait entraîner une grande partie des travailleurs influencés par le RN dans le camp ouvrier de gauche.
La classe ouvrière est aujourd’hui majoritairement féminine en France et les luttes récentes ont surtout lieu dans les secteurs féminins, hôpitaux, ehpad, travail social, restauration, hôtellerie, nettoyage, commerce… avec tout particulièrement la lutte des agents des ehpad de fin janvier 2018, le plus souvent des travailleuses racisées parmi les plus exploitées, qui déjà avait mis le feu aux poudres des luttes sociales à cette époque, et incessante depuis, y compris ayant fertilisé la lutte des Gilets Jaunes où les femmes de ces milieux professionnels ont joué un rôle important .
Cette caractéristique de la lutte de classe actuelle a réintroduit à l’initiative de la classe ouvrière féminine la plus exploitée et opprimée, un combat qui n’est plus seulement économique mais aussi et en même temps féministe, anti-raciste et anti-patriarcal, faisant le lien des combats contre l’exploitation avec ceux contre les oppressions. Cela a fait entrer la lutte sociale dans la sphère politique, a bousculé les directions syndicales et en faisant progresser la conscience ouvrière a modifié par là même les rapports de force globaux entre classes au profit de la classe ouvrière.
En étant l’une des leaders de la lutte sociale victorieuse des femmes de chambre de l’hôtel des Batignolles, Rachel Keke est devenue à gauche une figure iconique des luttes syndicales récentes, intégrant par sa condition de femme immigrée, racisée et ouvrière, tout un combat contre le capitalisme raciste et patriarcal. Elle nous représente toutes et tous, ceux qui ne sont « rien », le prolétariat invisible, surexploité, méprisé, chosifié. Elle nous fait exister collectivement et politiquement, montrant aux yeux de tous que nous pouvons monter ensemble à l’assaut du ciel.
Bien sûr, il ne s’agit pas que du destin personnel de Rachel Kéké mais de ce que son élection dit du mouvement profond qui mûrit dans la classe ouvrière et des nombreuses autres Rachel Kéké qui vont germer dans la période à venir. Les Gilets Jaunes ont fait émerger quelques figures ouvrières masculines. Aujourd’hui, la classe ouvrière fait un pas de plus dans sa constitution en tant que classe politique pouvant bouleverser le monde.
Tout n’est pas fait, loin de là, pour que la classe ouvrière s’auto-organise et soit à même à partir de là de dicter ses conditions au capitalisme et à ses représentants voire prendre le pouvoir. Mais gageons qu’à l’occasion des luttes et des grèves, partielles ou générales, que l’augmentation des prix va multiplier dans la période à venir, une nouvelle étape va se franchir dans la constitution de la classe ouvrière en tant que classe consciente d’elle même et porteuse d’un monde libéré de toutes les exploitations et oppressions. Prenons toute notre part dans ce combat des mois à venir.
Jacques Chastaing, 26 juin 2022.
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