ARTFICIALISATION DES SOLS La préfecture de Marseille a reçu une délégation d’opposants au projet d’artificialisation de 86 hectares de terres agricoles à Pertuis, non loin d’Aix-en-Provence
- Depuis plus d’un an des collectifs, associations et élus se mobilisent contre un projet d’artificialisation de 86 hectares de terre essentiellement agricole en Provence.
- La zone avait fait l’objet d’une occupation sauvage entre novembre et juin dernier.
- Ce mardi, une délégation d’élus, de parlementaires et d’associatifs était reçue en préfecture.
Poursuivre l’artificialisation des sols est-il un luxe que la Provence peut s’offrir, à l’heure où sécheresses et épisodes de pluie intenses se succèdent ? C’est la question que pose depuis près d’un an associations, collectifs et élus mobilisés contre le projet d’extension d’une zone d’activité à Pertuis (Vaucluse), commune située au nord d’Aix-en-Provence, qui prévoit la bétonnisation de 86 hectares de terres agricoles.
En novembre dernier, des dizaines de militants s’étaient lancés dans une opération d’occupations sauvages du site afin de lutter contre ce projet. Ils y avaient planté des pommes de terre et baptisés leur occupation : ZAP (zone à patates), un détournement de ZAD (zone à défendre), terme popularisé depuis la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Vers un moratoire en douceur ?
Ce mardi, une petite centaine d’entre eux étaient réunis devant la préfecture de Marseille, où une délégation de responsables associatifs, de parlementaires et d’élus ont été reçus par des représentants du préfet. « Nous avons rappelé au préfet qu’il s’agissait d’un projet anachronique, surtout depuis la loi qui prévoit d’atteindre zéro artificialisation nette des sols. Nous avons bon espoir pour la suite », a exprimé Hendrick Davi, député Nupes de Marseille. « Nous sommes contents de l’échange et il y a une écoute favorable », a estimé Sébastien Barles, élu EELV de Marseille et de la métropole. « La préfecture nous a dit que cela dépendra du plan local d’urbanisme intercommunal qui sera voté en début 2023. Si le conseil métropolitain acte la sanctuarisation de ces terres, la préfecture devrait lever la déclaration d’utilité publique, et ce projet s’arrêtera. Nous avons six mois pour convaincre les élus du territoire », a-t-il résumé.
Un euro du mètre carré
Laurent Dubois est propriétaire de 20.000 mètres carrés de terres qu’il utilise dans son activité de location de benne. « Ils m’ont proposé un euro du mètre carré pour l’expropriation. Tout ça pour installer une activité disent-ils, mais moi j’en ai une déjà d’activité ». Au-delà de la bétonisation des terres se pose également la question d’un modèle de développement et d’agriculture. « Les anciens disaient que Pertuis et la vallée de la Durance étaient le cellier de Marseille. Je crois qu’il reste trois agriculteurs », se désole Anne, 76 ans, venue soutenir la lutte.
Une lutte qui a été menée de manière protéiforme, entre action directe, occupation et recours administratifs. « S’il n’y avait pas eu de mobilisation et d’action directe, il ne se serait rien passé aujourd’hui », estime Jules*, un jeune marseillais qui a activement participé à l’occupation sauvage qui a pris fin en juin dernier avec une expulsion menée par les forces de l’ordre. « Et maintenant, voilà les élus qui se pointent et se font mousser », raille le jeune homme qui contemple les scènes d’interview devant la préfecture. Reste que la partie décisive de cette bataille devra se jouer au vote en conseil métropolitain.
*Le prénom a été modifié
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