La cour d’assises de Paris a estimé que le brigadier-chef avait agi en état de légitime défense. L’avocate du syndicaliste éborgné rappelle que son client avait « les mains dans les poches » quand il avait reçu au visage la grenade de désencerclement.
La décision a été accueillie dans le public aux cris de « Police partout, justice nulle part ». Mercredi 14 décembre, la cour d’assises de Paris a acquitté un CRS jugé pour avoir lancé une grenade qui a éborgné un syndicaliste lors d’une manifestation contre la loi « travail » en septembre 2016.
Après trois heures et demie de délibéré, la présidente de la cour, Catherine Sultan, a annoncé que le brigadier-chef de 54 ans, Alexandre M., bénéficiait d’une cause d’irresponsabilité pénale, estimant qu’il avait agi en état de légitime défense. Laurent Theron, rendu définitivement aveugle de l’œil droit depuis qu’il a été atteint par cette grenade, a immédiatement quitté la salle d’audience alors que ses soutiens continuaient de scander « Honte sur vous ».
« Ce verdict est un vrai soulagement pour notre client qui était poursuivi depuis six longues années. C’est une décision juste et conforme au droit », a réagi l’avocat du CRS, Laurent-Franck Liénard.
Les mains dans les poches
Le 15 septembre 2016, le défilé parisien contre la loi « travail » avait été émaillé de violences. La place de la République, point final de la manifestation, avait été le théâtre d’affrontements qui avaient culminé avec l’embrasement d’un CRS, atteint par un cocktail Molotov.
La situation s’était calmée en fin d’après-midi. Vers 16 h 50, Laurent Théron, secrétaire hospitalier et militant du syndicat SUD-Santé, s’apprêtait à quitter la place lorsqu’une grenade à main de désencerclement (GMD), lancée depuis une ligne de CRS située 15 mètres plus loin, explosait près de lui. Laurent Théron s’effondrait au sol. Il avait reçu au visage l’un des 18 galets en caoutchouc de 9,3 grammes propulsés à très grande vitesse par la GMD au moment de son explosion.
Quant à M. Théron, il avait « les mains dans les poches » quand il avait reçu au visage le galet, a rappelé son avocate, Lucie Simon, à l’issue de la décision.
Interdiction de port d’arme requis
Le juge d’instruction, qui avait renvoyé cette affaire devant les assises, avait justifié sa décision par le fait que le CRS « et sa compagnie n’étaient ni assaillis, ni encerclés, ni même réellement pris à partie, étant séparés de plusieurs mètres des manifestants épars ». « Rien ne permet d’objectiver l’existence à ce moment-là d’un assaut ni même d’une avancée de la part de manifestants hostiles », avait-il ajouté.
L’accusation avait demandé à la cour de reconnaître Alexandre M. coupable de « violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente par personne dépositaire de l’autorité publique ». L’avocat général, Christophe Auger, avait requis par conséquent deux à trois ans d’emprisonnement avec sursis, ainsi qu’une interdiction de port d’arme pendant cin
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