Contrôleurs contre Macron : 1 à zéro.

Arguments pour la lutte sociale

aplutsoc2

Déc 23

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Déc 23
Depuis quelques jours, les médias français avaient trouvé les gens les plus méchants du monde. Les tortionnaires de Poutine ? Les nervis de Xi Jinping ? Les bassidjis iraniens ? Les flics violeurs de Lagos au Caire et dans des dizaines de pays ? Ou encore la couche de milliardaires jet set qui pollue la planète, fait suer les exploités, gonfle la bourse et nous fait la morale en prime ? Mais non, voyons : les horribles contrôleurs SNCF français qui allaient priver les petits enfants la magie de Noël !!! Quelle horreur !!!

Le coup de sifflet lançant cette campagne a été donné par Macron : des petites phrases dans les couloirs du palais furent distillées, la plus exquise étant celle-ci : des « sources proches du président » faisaient savoir qu’il « bouillonne de colère » et qu’il s’écrie dans les lambris : « Quel manque d’empathie » !

Manque d’empathie ! Le coordinateur de la casse des lits d’hôpitaux et de la faim des étudiants, le collaborateur du dézingage d’un système ferroviaire où tarifs et horaires n’ont plus rien de fiables, le voilà qui fait un caprice princier sur le « manque d’empathie » de ces si horribles contrôleuses et contrôleurs !

Horror ! Horror ! Horror ! (Shakespeare, Macbeth, acte II, scène 3) : même en cela, Macron n’avait rien inventé et ne faisait qu’imiter le beau numéro d’indignation surfaite des ministres et des médias britanniques qui ont décidé, eux, de désigner comme les gros méchants les ambulanciers !

Dans les deux cas, cette indignation surfaite s’explique par un fait fondamental : les contrôleurs SNCF en France ne sont pas isolés, les ambulanciers britanniques ne sont pas isolés. La photo britannique illustrant cet article le montre …

La vague de grève pour les salaires et d’indignation pour les services publics monte, monte. Et Macron doit pourtant restaurer son autorité présidentielle, et jouer son second quinquennat, en cassant encore école et santé, en punissant les chômeurs, en brisant l’enseignement professionnel public, en mettant l’âge de la retraite à 65 ans, mesure dont l’annonce est maintenant annoncée, si l’on peut dire, pour le 10 janvier. D’ici là, trêve de Noël, n’est-ce pas … et voila que les contrôleurs …

En surjouant cette indignation de Tartuffe grossier, Macron a aussi annoncé de nouvelles attaques contre le droit de grève. N’en doutons pas : ceux qui sèment la misère à Noël interdiraient volontiers la grève à Noël !

Seulement voilà. Si la grève menaçait, c’était parce que la direction de « l’entreprise » SNCF avait voulu jouer à l’ultimatum avec les contrôleurs, sommés d’accepter en bloc ses premiers reculs des 7-8 décembre et de se taire désormais. C’est ensuite la même direction de la SNCF qui a semé la panique en acceptant quelques 200 000 billets dont elle a promis ensuite le remboursement. Et la voilà qui finalement reçoit les fédérations syndicales, jeudi 22 au soir, des représentants du Collectif National ASCT ayant été intégrés aux délégations par certains d’entre eux. Elle annonce une indemnité de 720 euros par an, des évolutions du taux de qualifications et de progression de carrière, 550 recrutements, et des mesures de suivi.

SUD-Rail, la CFDT et la CGT avaient déposé les préavis légalisant la grève des contrôleurs qui s’annonçait. Suite au nouveau gros recul de la direction, SUD-Rail et la CFDT ont communiqué, avec le Collectif (CAN) : « Enfin des propositions acceptables », et ont retiré leurs préavis, de même que la CGT-cheminots qui, en outre, s’est pour la première fois exprimée en tant que telle sur le collectif des contrôleurs, pour dire qu’elle n’avait « pas été contactée pour intégrer le groupe »(le collectif a pourtant bel et bien demandé à la rencontrer), mais que de toute façon elle n’avait pas « cherché à s’y associer » parce que elle, elle porte « les revendications de tous les salariés » (les salariés auraient-ils donc à perdre d’une victoire des contrôleurs ?), tout en affirmant qu’il y avait eu, au début mais pas « par la suite », des « oubliés dans les premiers écrits du groupe » … (communiqués ci-dessous).

La consultation des contrôleurs dans le cadre de la CAN, sur les premières « propositions » de la direction, semble avoir été plus ou moins disloquée volontairement, et il est possible que certains, peut-être beaucoup, estiment ne pas être allés jusqu’au bout de ce qui pouvait être obtenu. Nous devons donc rester réservés sur le détail des évènements, mais une chose est sure : les provocations de la direction et de Macron conduisaient à un arrêt massif des trains le week-end de Noël et c’est cela qui a fait reculer la direction et aussi Macron. Il peut donc trépigner encore plus.

C’est une démonstration de ce que peuvent les salariés, actifs, chômeurs, retraités, jeunes, qui vient d’être faite en cette veille de Noël.

Joyeux Noël plein de la magie de la lutte des classes !

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