Le nombre de médecins généralistes exerçant en cabinet a baissé de 11 % en dix ans

Parmi les revendications des médecins libéraux actuellement en grève figure le doublement du tarif de la consultation, pour encourager l’installation en ville et « éviter la fuite vers des pratiques plus attractives ».

Par

Publié aujourd’hui

Le collectif Médecins pour demain et plusieurs syndicats appellent à fermer les cabinets des médecins libéraux, depuis lundi 26 décembre jusqu’au lundi 2 janvier. La précédente mobilisation, les 1er et 2 décembre, avait entraîné une baisse d’activité de l’ordre de 30 % chez les généralistes, selon l’Assurance-maladie. Le collectif prévoit une journée de manifestation nationale à Paris le 5 janvier.

Leur principale revendication est le doublement du tarif de la consultation de base (passant de 25 à 50 euros) afin de créer un « choc d’attractivité pour que les jeunes médecins s’installent en médecine libérale » et d’« éviter également la fuite vers des pratiques plus attractives, moins contraignantes » ou à « l’étranger ». Des mesures incitatives fortes sont également demandées pour réduire les déserts médicaux vers une médecine de ville en manque d’effectifs.

Lire le décryptage : Article réservé à nos abonnés Une nouvelle grève des médecins libéraux malgré un appel du gouvernement à « l’union sacrée » des professionnels de santé

Depuis dix ans, le nombre de médecins généralistes exerçant exclusivement en cabinet a chuté de 11 %, passant de 64 142 en 2012 à 57 033 au 1er janvier 2022. Dans le même temps, le nombre de généralistes pratiquant à la fois en cabinet et à l’hôpital a presque doublé (de 4 780 à 8 437), ce qui a limité la baisse de l’ensemble des généralistes exerçant en cabinet à 5 % sur les dix dernières années.

Depuis 10 ans, une érosion constante des généralistes libéraux

Effectifs des médecins généralistes selon leur pratique, au 1er janvier de chaque année


Created with Highcharts 6.1.1Exclusivement libéraleMixte (libérale et hospitalière)Hospitalière (salariée)Autre pratique salariée

20122013201420152016201720182019202020212022
25 000 75 000 125 000

Source : Drees


Une étude récente de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) témoigne « d’une perte d’attractivité majeure pour la (…) médecine générale » ; parmi les étudiants qui s’étaient orientés vers celle-ci, plus d’un sur deux (50,4 %) remettent ce choix en question, et 7,7 % l’abandonnent.

84 médecins pour 100 000 habitants, contre 102 en 2012

Alors que la population française continue à croître, et à vieillir, depuis 2012, la densité de généraliste est en constant recul, passant de 101,7 à 84,34 médecins exerçant exclusivement en cabinet pour 100 000 habitants, et de 109,28 à 96,82 médecins pour 100 000 habitants en intégrant les généralistes pratiquant en cabinet et à l’hôpital.

La densité de médecins de ville en fort recul

Nombre de généralistes libéraux pour 100 000 habitants, au 1er janvier de chaque année


Created with Highcharts 6.1.1Pratique exclusivement libéralePratique mixte

20122013201420152016201720182019202020212022
25 75 125

Source : Drees


Du côté des autres spécialités, le constat est similaire, bien que moins marqué, avec une baisse de 8,2 % des spécialistes pratiquant exclusivement en ville, qui se réduit à 4 % en intégrant les spécialistes exerçant à la fois en ville et à l’hôpital.

Davantage de spécialistes en dix ans, mais toujours moins de libéraux

Effectifs des médecins spécialistes (hors médecine générale) selon leur pratique, au 1er janvier de chaque année


Created with Highcharts 6.1.1Exclusivement libéraleMixte (libérale et hospitalière)Hospitalière (salariée)Autre pratique salariée

20122013201420152016201720182019202020212022
25 000 75 000 125 000

Source : Drees


La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques a publié une étude en mars 2021 sur la démographie médicale d’ici à 2050. Elle confirme une raréfaction de la pratique libérale depuis 2012, au profit d’un exercice mixte ou exclusivement salarié. En prenant l’hypothèse que ces comportements se poursuivent et à politiques législatives constantes (nombre de médecins formés par an et arrivée de médecins étrangers), le modèle prévoit une stagnation des effectifs jusqu’en 2030, avant une hausse assez importante jusqu’en 2050 : « Cette hausse se traduirait en partie par l’augmentation de l’exercice salarié, qui est le mode d’exercice à l’installation le plus souvent choisi par les médecins nouvellement diplômés. » La projection fait état de 63 683 généralistes libéraux en 2030, 75 760 en 2040 et 89 007 à l’horizon 2050.

Mais, en raison de l’accroissement de population, la baisse de la densité médicale se poursuivra jusqu’au milieu des années 2030, avant de retrouver son niveau actuel. De plus, cette baisse s’accompagnera d’une « hausse des besoins de soins induite par le vieillissement de la population », ajoute l’étude. La densité médicale devrait ensuite repartir à la hausse et dépasser le niveau de densité actuel de 23 % en 2050.

La série « En un graphique » des Décodeurs éclaire l’actualité sous forme visuelle. Retrouvez tous les articles dans notre rubrique.
Ce champ est nécessaire.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*