L’année 2022 a été particulièrement marquée par différentes manières d’exprimer le racisme décomplexé dans l’hexagone.
L’Islamophobie et la haine anti-exilés d’état et médiatique, des noirs et arabes tués par la police, la montée en flèche de Zemmour invité sur tous les plateaux et soutenu par un milliardaire, de nombreuses tentatives d’attentats fascistes démantelées, des agressions à caractère racistes revendiquées comme durant la coupe du monde, un attentat à l’encontre des kurdes pour finir l’année….enfin et surtout d’un point de vue législatif un score effrayant du Rassemblement National aux présidentielles (environ 42%) et aux législatives où il est parvenu à obtenir 89 députés.
Dès son arrivée, l’un d’entre eux a voulu marquer le coup le 28 Juin 2022.
Doyen de l’Assemblée Nationale, José Gonzalez doit présider l’ouverture la première séance de cette 16ème législature, son discours commencera par évoquer sa nostalgie et par rendre hommage à l’Algérie Française.
« Vous voir réunis côte à côte est un symbole d’unité française. Ce symbole d’unité touche l’enfant d’une France d’ailleurs que je suis, arraché à sa terre natale et drossé sur les côtes provençales par le vent de l’Histoire en 1962. J’ai laissé là-bas une partie de ma France ».
Applaudi par une partie de l’hémicycle, seule la majorité des membres NUPES réagiront immédiatement de manière défavorable.
Loin de renier sa déclaration, le député surenchérit « Des crimes en Algérie ? Non et encore moins un crime contre l’humanité. Si je vous emmène avec moi en Algérie dans le Djebel (montages), vous verrez beaucoup beaucoup d’Algériens qui n’ont jamais connu la France, et qui nous disent : Monsieur, quand est-ce que vous revenez. »
Interrogé ensuite sur l’OAS, il ajoute « Franchement, je ne suis pas là pour juger si l’OAS a commis des crimes »
Une semaine auparavant, son homologue Louis Aliot, maire de Perpignan avait participé à une mobilisation pour commémorer le départ des colons mais aussi souligner un prétendu rôle positif de la colonisation. Clou du spectacle le désir de vouloir nommer une place de la ville « Pierre Sergent » en hommage à député FN membre de l’OAS.
Ces déclarations n’ont rien d’anodin.
Il ne s’agit pas seulement d’affirmer un soutien à l’électorat « pied-noir » parfois important au sein de l’extrême-droite, notamment dans le sud de la France ou d’affirmer sa nostalgie, mais aussi d’activisme.
C’est dans un commune située au nord de Marseille, à Allauch, que cet admirateur de Jean-Marie Le Pen adhère au Front National dès les années 70.
José Gonzalez est très actif dans un certain nombre de cercles nostalgiques de l’Algérie Française, il avait par exemple été pris en photo à Marignane, ville traditionnellement d’extrême-droite dans un cimetière rendant hommage à des combattants anti-indépendance.
C’est un nouveau pas franchi dans la provocation et une victoire plus que symbolique extrêmement forte pour le RN qui va dans la lignée de sa tentative de s’emparer d’une commission d’étude sur l’antisémitisme.
L’antiracisme moral ne représente aucun rempart et la digue du barrage républicain avait déjà cédé bien avant que le RN ne fasse ce score aux élections et maintenant les torrents de boue débordent de tous les côtés.
Il s’agit donc pour nous de ne pas compter sur l’État pour lutter mais pour la dernière fois de l’année de dire que nous devons affirmer une ligne antiraciste au sens politique du terme et qui ne peut pas exister sans décolonialité ni anti-impérialisme.
Cette nomination est une insulte envers les algériens et l’antiracisme de manière globale.
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