AFFAIRE D’OUTREAU : COMMENT UNE ÉNORME MANIPULATION MÉDIATIQUE A MIS NOS ENFANTS EN DANGER
France TV diffusera le 17 janvier une série autour de l’Affaire d’Outreau.
Nous retrouverons à l’écran quatre des adultes acquittés, mais uniquement deux des enfants victimes.
Là encore, en continuité avec le traitement médiatique passé de cette affaire, le récit présente donc les adultes comme étant les premières victimes de cette affaire.
Pourtant, on parle là d’incarcération de un à trois ans, face à des viols à répétition.
Il est impératif de rétablir un semblant de vérité dans cette affaire hors-norme.
De ne pas oublier qu’elle a conduit à la remise en cause de l’écoute des enfants par la justice, et qu’elle a largement été instrumentalisée par Sarkozy afin de nuire à la fonction du juge d’instruction.
Pour beaucoup, l’affaire d’Outreau est simple : c’est celle d’une mère qui aurait menti, et fait inventer à ses enfants des actes commis par des personnes pourtant innocentes…
Et de l’enquête, ils se souviennent surtout que le juge d’instruction chargé de l’affaire, âgé d’une trentaine d’années à l’époque, est accusé de l’avoir malmenée.
Pourtant, tout ceci est clairement démenti par le dossier d’instruction ainsi que par le déroulé de l’affaire.
Le juge Burgaud, accusé, par les médias de tous les maux mais surtout d’incompétence « dûe à son jeune âge », n’a jamais été sanctionné.
Et le dossier Outreau renferme toutes les preuves de la culpabilité des accusés.
Pour rappel, les enfants Delay sont les premiers à parler et à avouer être victimes de viol.
Ils sont issus d’une famille nombreuse très pauvre, qui habite un quartier populaire d’Outreau dans le nord de la France.
Après leurs témoignages, des dizaines d’autres viennent s’y ajouter, d’autres enfants qui affirment avoir eux-aussi avoir subi des actes similaires
L’enquête qui suit révèle un vaste réseau de prostitution pédophile, centré autour de la famille Delay.
Les placés en garde à vue s’accusent les uns les autres et ils sont finalement 18 à être incarcérés jusqu’au procès.
Un des accusés incarcérés témoigne même avoir été le témoin d’une scène de meurtre, celui d’une petite fille. Son témoignage est corroboré par d’autres témoins, dont les enfants Delay, mais aucun corps n’ayant été retrouvé, la piste n’est pas suivie par la justice…
Le procès a lieu en 2004 à Saint-Omer.
C’est un fiasco. Dans la petite salle des assises du tribunal, les enfants victimes sont placés dans le box des accusés, et ne sont défendus que par deux avocats commis d’office.
Face à eux il y a 17 accusés, l’un d’eux s’est suicidé en prison,
en compagnie de leurs 17 avocats.
Du fait de leur nombre, les accusés occupent les bancs de la salle d’audience, installés au milieu de la centaine de journalistes qui couvre l’affaire…
Les enfants, face à la Cour, ne peuvent témoigner sereinement car on leur coupe systématiquement la parole. Ils sont assaillis par les nombreux avocats de questions inquisitrices.
Par peur, et face à la hargne d’Éric Dupont Moretti, avocat de l’un des accusés, un des enfants s’urine dessus en pleine audience…
Au cours du procès, la mère des enfants Delay, Myriam Badaoui, déclare avoir tout inventé.
Pour la défense et les médias, c’est la preuve que les enfants ont été manipulés et affabulés. Pourtant dès le lendemain elle se rétracte et revient à son témoignage initial. Trop tard, elle a perdu sa crédibilité aux yeux de l’opinion publique, et les journalistes ont trouvé leur parti et l’histoire à imposer dans les médias.
Quand arrive le verdict, sur les 17 accusés 10 sont condamnés et 7 sont acquittés.
En parallèle, 12 des enfants sont reconnus victimes de viol et de proxénétisme.
Un an plus tard, le procès en appel a lieu à Paris.
Les avocats de la défense adoptent la même stratégie : ils ne permettent pas au procès de s’intéresser au contenu du dossier.
Pour cela, on coupe la parole sans cesse aux enfants, on les traite de menteurs, à tel point que l’on en oublierait presque qu’ils sont les victimes de cette affaire.
Face aux déstabilisations, Chérif Delay, l’une des victimes, se ferme complètement. Pour pousser l’indécence un peu plus loin, l’avocat général se permet alors de demander « s’il a été violé par des extraterrestres », ce qui provoque les rires de la salle.
Les experts font également l’objet d’un véritable harcèlement et ne peuvent déposer sereinement.
Comble du procès, et fait inédit, le procureur général de Paris, Yves Bot, présente ses excuses aux accusés devant les médias, avant même le rendu du verdict !
Il avait au préalable tenté d’exiger que les délibérations soient suffisamment rapides pour que le ministre de la Justice puisse présenter le verdict au journal de 13h.
Résultat, tout le monde est acquitté, à l’exception des quatre accusés qui n’avaient pas fait appel.
Fait intéressant et notable, cinq des enfants reconnus victimes sont issus de deux familles des acquittés.
Après l’épreuve de la détention, c’est la belle vie qui attend les acquittés : une heure et demim d’excuses et d’entretien avec le Premier ministre De Villepin, un communiqué du Président Chirac, des réparations allant de 300 000 à un millions d’euros par personne, et un très bon réseau professionnel : parmi les accusés une devient journaliste judiciaire, un autre publie un livre porté à l’écran (Présumé Coupable) …
De l’autre côté, chacun des enfants reconnus victimes de viols à répétition se voit octroyer en moyenne 30 000 euros de réparations.
Parmi les treize acquittés, trois sont dénoncés par leurs propres enfants, qui les accusent d’abus sexuels (époux Lavier et Marécaux, voisins des Delay).
Depuis cette affaire, les professionnels affirment que les droits de l’enfant en France ont régressé de 20 ans.
L’intervention du psychiatre Paul Bensussan, appelé à Outreau par la défense des accusés, à
réussi à imposer dans les médias la thèse ultra controversée du « syndrome d’aliénation parentale », pourtant jamais validé scientifiquement.
Sans même avoir examiné les enfants victimes, il avait dénoncé lors du procès les expertises réalisées et poussé la thèse qui affirme que les enfants inventeraient sous la manipulation d’un parent désirant nuire à l’autre parent.
L’enfant est désormais toujours suspecté d’être manipulé ou menteur…
Face à cette justice absurde, des centaines de mères sont obligées de fuir le territoire français avec leurs enfants victimes d’abus sexuels de la part de leur père prédateur, car le système judiciaire n’écoute pas les plaintes et les force à les rapporter à leur père criminel. Rodolphe Constantino, avocat d’enfants victimes, dénonce : « L’impunité d’un agresseur sexuel est garantie lorsque cet enfant a moins de 3 ou 4 ans ».
Pour celleux qui souhaitent en savoir plus, un documentaire retrace l’affaire et donne la parole aux enfants victimes, aux experts et aux acteurs de cette affaire qui a été sabotée par la défense des accusés :
Plusieurs des enfants victimes (Delay) ont également écrit des livres retraçant leurs histoires respectives.
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