Le Monde avec AFP
Un ingénieur franco-espagnol de 26 ans, qui prenait des photos lors de la manifestation parisienne jeudi 19 janvier contre la réforme des retraites, a dû être amputé d’un testicule à la suite d’un coup de matraque d’un policier, a appris l’Agence France-Presse (AFP) dimanche auprès de son avocate. Me Lucie Simon annonce aussi qu’elle déposerait plainte pour violences volontaires ayant entraîné une mutilation par personne dépositaire de l’autorité publique, a-t-elle précisé à l’AFP, confirmant une information de Libération.
« C’est une qualification criminelle, on n’est pas dans un état de légitime défense [du policier] ou de nécessité, j’en veux pour preuve les images qu’on a et le fait que [l’ingénieur] n’ait pas été interpellé par la suite », précise Me Simon. Son client, qui vit en Guadeloupe, « est encore en état de choc et n’arrête pas de demander pourquoi [il a été blessé]. » « Il ne représentait pas un danger, il ressent une incompréhension, un choc et une colère, car il va subir des conséquences irréversibles », a souligné Me Simon.
Paris, manifestation contre la réforme des retraites
Un photographe espagnol est renversé sur une charge des forces de l’ordre et reçoit un coup alors qu’il est au sol… #greve19janvier #manifestation19janvier #19janvier2023 pic.twitter.com/3HKWSZ5Tmq
— AB7 Média (@Ab7Media) January 19, 2023
« Un geste qui confine au sadisme »
Sur des clichés circulant sur les réseaux sociaux et des vidéos diffusées notamment par BFM-TV et AB7 Média, on voit un policier donner un coup de matraque à l’entrejambe d’un homme au sol, qui tient un appareil photo dans une main, puis repartir. L’homme avait été jeté au sol par un autre policier, selon son récit. « C’est un coup si fort qu’on a dû lui amputer un testicule. Un geste extrêmement violent et gratuit qui confine au sadisme », a estimé l’avocate de l’ingénieur, qui est toujours hospitalisé. La scène s’est déroulée au moment de heurts entre manifestants et forces de l’ordre, près de la place de la Bastille, avec jets de projectiles et usage de gaz lacrymogène.
Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a exprimé sur BFM-TV son « empathie » envers le jeune homme tout en soulignant « la nécessité de comprendre les conditions dans lesquelles cette intervention a été réalisée » et d’« identifier ce qui relève de la légitime défense ». « C’était une séquence assez lourde pour les forces de l’ordre qui étaient, pour certaines d’entre elles, attaquées », selon la préfecture, a-t-il rappelé. « Quand on regarde l’image, on est forcément interpellé » et « rien ne justifie de se retrouver opéré de la sorte, de se retrouver blessé », a estimé M. Véran.
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