Après une nouvelle journée de mobilisation, la quatrième depuis janvier, marquée par l’irruption de nouveaux participant-es dont beaucoup venus en famille, le bras de fer autour de la réforme des retraites perdure.
D’un côté, l’obsession, pour l’intersyndicale, est de durer tout en donnant l’impression de ne pas mollir dans le temps ; de l’autre, pour les tenants de la réforme, de ne pas bouger pour dérouler leur feuille de route comme si de rien n’était. L’une a une utilisation dynamique du temps, l’autre statique mais elles se rejoignent en ce qu’elles prétendent toutes deux s’ignorer : la discussion parlementaire qui avance ? Pas grave, on a bien fait retirer le CPE un fois voté, pense l’une. Un niveau record de participation, dans les grandes comme les petits villes, tout comme de rejet de la réforme ? Ce n’est pas un souci tant que notre camp législatif tient et que le pays n’est pas bloqué.
Or le compteur tourne inlassablement pour les deux, la ligne d’arrivée du texte, fixée au 26 mars prochain, est bien en vue : l’affluence dans les manifestations espacées a atteint un plateau d’où désormais la préparation de la grève en continue du 7 mars et dont la nouvelle journée de grève le 16 février constituera la répétition et l’atmosphère électrique qui règne à l’ Assemblée Nationale cédera lui bientôt le pas à celui feutré du Sénat.
Ce qui peut perturber cette partition bien huilée, c’est que toutes celles et tous ceux qui se mobilisent par millions depuis maintenant plusieurs semaines (il fallait encore les voir à la manifestation parisienne d’hier s’arracher le matériel syndical et politique mis à disposition, y compris celui d’une autre organisation que la sienne pour ceux déjà organisés) décident d’accélérer la montée vers la généralisation de la grève à l’occasion du moment charnière du passage du texte entre les deux chambres et faute de son retrait. Et l’organisation, dès le lendemain du 16, d’une montée nationale sur Paris au retour des congés scolaires les mettrait au centre du jeu.
LD, le 12-02-2023.
Contribution initialement parue sur le blog de l’auteur sur Mediapart.
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