Grève du 7 mars : les perturbations attendues contre la réforme des retraites

(FILES) In this file photo taken on January 19, 2023, demonstrators gather at Place de la Republique during a rally called by French trade unions in Paris. - France braces for major transport blockages, with mass strikes and protests set to hit the country on March 7 in objection to the planned boost of the age of retirement from 62 to 64. (Photo by Alain JOCARD / AFP)

Avant une journée de mobilisation contre la réforme des retraites qui s’annonce massive le 7 mars, plusieurs secteurs ont déjà débuté les actions. La SNCF et la RATP s’attendent à « un trafic très perturbé ».

ALAIN JOCARD / AFP
Le 31 janvier, la deuxième journée de grèves nationales et de protestations contre le projet de réforme des retraites du gouvernement avait mobilisé entre 1,27 à plus de 2,5 millions de manifestants selon les chiffres des autorités ou des syndicats.

RÉFORME DES RETRAITES – À cause de la volonté des syndicats de « mettre la France à l’arrêt », « il y aura de très grandes difficultés » mardi 7 mars. C’est par ces mots que le ministre délégué aux Transports Clément Beaune a une nouvelle fois mis en garde contre le risque encouru par les Français qui n’opteraient pas pour l’option télétravail ce mardi, date de la nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites.

« Il y aura de très forts impacts et une vraie galère pour ceux qui ne peuvent pas télétravailler. Je l’ai déjà dit : ceux qui comptent sur les transports auront de grandes difficultés », a ajouté le ministre, interrogé sur France 3 ce dimanche. Et si certains, à l’image du patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, trouvent « absolument inacceptable de vouloir mettre la France à genoux », les perturbations annoncées semblent pourtant aller dans ce sens.

Les renseignements territoriaux estiment ainsi à entre 1,1 et 1,4 million, le nombre de manifestants en France ce mardi, selon une note consultée par BFMTV et LCI. À Paris, entre 60 000 et 90 000 manifestants devraient battre le pavé pour cette nouvelle journée de grève. Et en dehors de la capitale, c’est à Nantes que la mobilisation devrait être la plus forte, avec 32 500 manifestants attendus, contre 30 000 à Lyon et Toulouse. 20 000 personnes sont également attendues du côté de Marseille, Grenoble, Clermont-Ferrand ou Rennes.

Qu’il s’agisse des transports, du secteur de l’énergie, ou des écoles, voici ce que l’on sait déjà, à deux jours de la nouvelle journée de mobilisation.

Journée noire dans les transports

Ce dimanche 5 mars, au micro de France 3, le ministre des Transports a fait savoir que les premières prévisions de trafic pour mardi seront communiquées lundi matin. Quant à la SNCF et la RATP, ils s’attendent à un trafic « très perturbé » mardi.

Le trafic sera ainsi « fortement perturbé sur l’ensemble des lignes opérées par SNCF Voyageurs », avec un train sur cinq en moyenne pour les TGV Inoui et Ouigo ainsi que pour les TER, selon la SNCF, dont l’ensemble des syndicats a appelé à un mouvement de grève reconductible. Thalys et Eurostar sont aussi concernés. De son côté, la RATP prévoit « un trafic très perturbé sur les réseaux RER et Métro » et « perturbé sur les réseaux Bus et Tramway ».

Ne comptez pas sur les Intercités ce mardi. La SNCF annonce un trafic « très fortement perturbé ». Il n’y aura « pas de circulation » sur la journée, à l’exception d’un aller-retour Paris-Brive et deux allers-retours Paris-Clermont. Le trajet Toulouse-Hendaye sera normal mais se fera par car de substitution. Enfin, aucun intercités de nuit ne circulera.

Et du côté de la SNCF, la situation ne sera guère plus réjouissante pour les usagers, avec un mouvement de grève très suivi. Comme c’est généralement le cas, les lignes A et B du RER seront particulièrement concernées, tout comme les lignes du métro non automatisées. À chaque fois, le niveau de service sera très largement dégradé, avec toutefois une légère amélioration aux heures de pointe (entre 5h30 et 10h30, puis entre 16h30 et 20 heures). En revanche, la situation sera bien meilleure pour ce qui est des bus et des tramways.

Blocages et opérations escargots

Et les syndicats de la SNCF et de la RATP ont d’ores et déjà annoncé une grève reconductible, conduisant Clément Beaune à évoquer la longévité à venir du mouvement dans les transports. « À la SNCF, à la RATP, les choses ne s’arrêteront sûrement pas le soir du 7 mars ou le matin du 8 mars. J’ai demandé aux PDG de la SNCF et de la RATP d’avoir des discussions », a donc fait savoir le ministre des Transports qui prévoit pour mardi « une des journées les plus difficiles qu’on ait connue ».

Les liaisons internationales devraient aussi être affectées. Du côté du Thalys, « le trafic sera perturbé et tous les clients ont été prévenus », a indiqué samedi soir une porte-parole.

D’ailleurs, le secteur des transports connaît déjà quelques perturbations puisque certains routiers pourraient se mettre en grève dès dimanche soir, avec des blocages qui pourraient intervenir à partir de lundi matin. La Fédération Nationale des Transports et de la Logistique Force Ouvrière-UNCP a appelé dans un communiqué « l’ensemble des conducteurs routiers à se mettre à l’arrêt à partir du dimanche soir 5 mars 22 h 00 », ajoutant que les arrêts de travail seront ensuite reconduits « le 6, 7 mars… ».

Selon Le Parisien, sont prévues de « multiples actions sur l’ensemble du territoire dès lundi matin », avec notamment des blocages de plateformes logistiques et de zones industrielles dans les Hauts-de-France et en région parisienne et des opérations escargots aux abords des grandes métropoles. Interrogé sur BFMTV, le secrétaire général de la FNTL FO, Patrice Clos, n’a pas voulu dévoiler le lieu des actions. En revanche, l’Union fédérale route FGTE-CFDT, syndicat majoritaire, n’a lui appelé à la mobilisation que pour le 7 mars.

Mais Clément Beaune s’est quand même voulu rassurant face aux menaces de blocage du pays : « J’ai discuté avec les syndicats encore hier soir. Ils sont extrêmement responsables donc je ne crois pas qu’on sera dans un mouvement irresponsable ou bloquant, on fera tout pour l’éviter ». Et d’ajouter : « Je n’exclus pas qu’il puisse y avoir des actions très ciblées et très ponctuelles, mais je crois que ce sera isolé. »

Dans les airs, la Direction générale de l’Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de renoncer mardi 7 et mercredi 8 mars à une partie de leurs vols, en prévision de la grève des contrôleurs aériens. La DGAC a demandé aux compagnies de réduire leurs programmes de vols de 20 % à Paris-Charles-de-Gaulle et de 30 % à Paris-Orly, Beauvais, Bordeaux, Lille, Lyon, Nantes, Marseille, Montpellier, Nice et Toulouse.

« Air France prévoit d’assurer près de 8 vols sur 10, dont la totalité de ses vols long-courriers » a indiqué la compagnie, « toutefois, des retards et des annulations de dernière minute ne sont pas à exclure ».

L’éducation, la grande inconnue

Écoles, collèges et lycées doivent également s’attendre à une journée noire mardi. Même si cela sera difficilement prévisible puisque le Snuipp-FSU, premier syndicat du premier degré ne donnera pas ses prévisions de grévistes pour les écoles maternelles et élémentaires avant lundi.

Plus significatif encore : il n’y a pas de chiffres attendus pour les collèges-lycées, les enseignants du second degré n’étant pas tenus de se déclarer grévistes 48 heures avant. Et ce alors que les perturbations dans l’ensemble des établissements s’annoncent fortes.

Les sept principaux syndicats enseignants ont en effet appelé à « fermer totalement les écoles, collèges, lycées et services » le 7 mars. La colère contre la réforme est d’ailleurs aiguisée par le mécontentement sur la question salariale, en dépit des propositions de revalorisations du ministère. Des blocages sporadiques par des lycéens sont également attendus. Idem dans les facs, où la mobilisation peine à décoller. « Bloquez tout ce que vous pouvez » à partir du 7 mars, a d’ailleurs exhorté le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon.

Les organisations étudiantes et lycéennes ont d’ailleurs appelé à « durcir le mouvement » contre la réforme avec une nouvelle journée de mobilisation de la jeunesse le 9 mars.

« Semaine noire dans l’énergie » et l’industrie

Dans certains secteurs, comme chez les gaziers et les électriciens, la mobilisation a commencé dès vendredi à l’appel de la CGT. Leur grève reconductible, prélude à la journée de « mise à l’arrêt » du pays, a débuté dès vendredi après-midi chez les énergéticiens, avant l’examen entamé samedi au Sénat de l’article 1 sur la suppression des régimes spéciaux de retraite. De quoi entraîner des baisses de production dans certaines centrales, mais sans occasionner de coupures de courant jusque-là.

Le mouvement « a vocation à s’étendre »« a minima jusqu’au 7 et a maxima jusqu’à la gagne », a déclaré Sébastien Ménesplier, secrétaire général de la CGT Énergie. Il a promis « une semaine noire dans l’énergie », avec coupures ciblées, blocages, occupations, et toujours « des opérations Robin des Bois » à destination de la population (comme la coupure des radars routiers).

Dans les raffineries, la CGT a également appelé à la grève reconductible, avec pour objectif de « bloquer l’ensemble de l’économie », au niveau de la production, de la distribution et de l’importation de carburant, selon la CGT-Chimie. Dans un premier temps, les grévistes entendent bloquer les expéditions des raffineries vers les dépôts, mais si le mouvement venait à durer trois jours ou plus, il pourrait entraîner l’arrêt de raffineries.

Autre maillon : les avitailleurs ou « pompistes du ciel », chargés d’approvisionner les avions, sont également appelés à la grève dans les aéroports de la France entière. La CGT, premier syndicat du secteur, table sur un impact « immédiat ». Toute la branche pétrole et chimie est appelée à faire grève, y compris dans le secteur pharmaceutique.

Enfin, grande nouveauté dans l’industrie : l’appel à la grève dans l’ensemble de la métallurgie et notamment chez les géants du secteur, côtés au CAC40 : aéronautique, automobile, sidérurgie, sont toutes concernées par une grève que le syndicat de branche espère voir reconduite. Les syndicats CGT de Thales, Valeo, Stellantis, ArcelorMittal, Forvia, Airbus, Safran et Renault ont notamment appelé à la grève. Dans le secteur de l’agroalimentaire, la CGT appelle les grands sucriers français à se mettre à l’arrêt à partir de mardi.

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