Réforme des retraites : le 49.3 remobilise la rue et les grèves

Paris, le 17 mars 2023 / Rassemblement Concorde / Rassemblement sur la place de la Concorde, environ 3000 personnes, des jeunes pour la plus part. L'évauation de la place finira par une nasse geéante pour interpeller aléatoirement les personnes présentes.
«Pas mal de colère»

Galvanisée par le passage en force du gouvernement, la contestation repart dans tout le pays. Parfois hors de tout contrôle syndical.

par LIBERATION et AFP

publié aujourd’hui

Un passage en force et une contestation qui reprend de plus belle. Après l’utilisation jeudi de l’article 49.3 de la Constitution à l’Assemblée nationale pour faire adopter sans vote la réforme des retraites, la mobilisation contre le texte, qui semblait s’essouffler dans la rue, est repartie dans tout le pays. Et, ce, souvent hors de tout contrôle syndical.

A Paris, vendredi soir, et comme la veille, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées place de la Concorde, à quelques centaines de mètres de l’Assemblée nationale. Un brasier a flambé, allumé par des manifestants, et l’ambiance s’est tendue à la tombée de la nuit avec 61 interpellations, selon la préfecture de police. Des centaines de personnes ont affronté les forces de l’ordre par petits groupes, avec jets de projectiles. Vers 21 h 30, la place a finalement été totalement évacuée.

A Lyon, des manifestants ont fait irruption dans une mairie d’arrondissement et ont allumé un feu, mais la police l’a rapidement éteint et a interpellé 36 personnes, selon la préfecture. Dans la même ville, quelques centaines de jeunes ont incendié des poubelles, renversé des trottinettes, brisé des panneaux publicitaires, lancé des pétards et tagué des vitrines selon un journaliste de l’AFP sur place. La police a répliqué par l’usage de gaz lacrymogène.

A Rennes, le 49.3 a été ressenti «comme une insulte». «On n’a pas été écoutés depuis des semaines, ça a généré pas mal de colère», a déclaré à l’AFP Philippe Melaine, professeur de SVT dans un lycée public de la ville, où plus de 2 000 personnes, dont plusieurs centaines de lycéens, ont défilé vendredi.

A Strasbourg, c’est sur la place Kléber que se sont retrouvés 1 600 protestataires. «Nous aussi, on va passer en force», ont scandé les manifestants. La préfecture a fait état de «dégradations» dans le centre-ville, mais d’aucune interpellation. Un millier de personnes ont par ailleurs défilé dans le centre-ville de Lille et un cortège de quelques centaines de manifestants s’est dispersé sans heurts à Bordeaux.

Jeudi, 310 personnes avaient été interpellées en France, dont 258 à Paris, a annoncé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, dénonçant «des effigies brûlées» à Dijon et des «préfectures prises pour cible».

Des «rassemblements locaux de proximité» ce week-end

De leur côté, les syndicats prévoient des «rassemblements locaux de proximité» ce week-end (place d’Italie à Paris à 18 heures, ce samedi, à Montpellier, Marseille, Brest, Toulon, etc.) pour poursuivre la contestation contre l’impopulaire réforme des retraites. L’intersyndicale a appelé dès jeudi, dans la foulée du recours par Elisabeth Borne à l’article 49.3 de la Constitution, à des rassemblements ce samedi et dimanche, ainsi qu’à une neuvième journée de grève et de manifestation jeudi 23 mars.

Les syndicats de la SNCF appellent eux à «maintenir la grève» reconductible démarrée le 7 mars et «à agir massivement» jeudi prochain.

Dépêchés dans les matinales télés et radios, les membres du gouvernement tentent depuis jeudi d’éteindre l’incendie. «Nous avons vocation à continuer de gouverner», a affirmé le porte-parole, Olivier Véran, vendredi. Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a, lui, refusé de présenter le recours au 49.3 comme «un échec». Mais pour le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, si Emmanuel Macron veut «éteindre le feu» de la colère sociale, il faut qu’il «retire la réforme» ou «ne la promulgue pas».

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