Après un 1er mai historique, l’intersyndicale a annoncé ce mardi une prochaine date de mobilisation le 6 juin prochain. Une date éloignée, pensée uniquement pour faire pression sur l’Assemblée qui reconduit une stratégie de la défaite et prépare l’enterrement du mouvement.
mardi 2 mai
Après s’être réunie en visioconférence dans la matinée, l’intersyndicale s’est exprimée ce mardi dans un communiqué. Les directions syndicales s’y félicitent de la mobilisation du 1er mai, et appellent à une quatorzième journée d’action le mardi 6 juin, deux jours avant l’examen de la proposition de loi du groupe de députés Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT) visant à abroger la réforme des retraites.
6 juin : une date dans un mois qui prolonge la stratégie de pression et prépare l’enterrement de la mobilisation
Après deux semaines d’interruption de la mobilisation interprofessionnelle et au lendemain d’un 1er mai historique, l’intersyndicale choisit ainsi de ne dessiner comme perspective qu’une nouvelle date de mobilisation éloignée. Une décision qui ouvre la voie à un enterrement du mouvement avant les vacances d’été, en décalage total avec la colère exprimée ce lundi par 2,3 millions de personnes, et le refus répété par de nombreux manifestants que cette date soit un « baroud d’honneur ».
Refusant tout bilan de sa stratégie depuis le 19 janvier, l’intersyndicale reconduit la logique de pression qu’elle a adopté depuis le début du mouvement. « Dans l’attente de la décision sur le RIP, l’intersyndicale se félicite de la proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites qui sera à l’ordre du jour le 8 juin prochain à l’Assemblée nationale » écrit-elle en ce sens, avant d’appeler à « aller rencontrer les députés partout pour les appeler à voter cette proposition de loi » et « à multiplier les initiatives dans ce cadre avec notamment une nouvelle journée d’action commune, de grèves et de manifestations le 6 juin prochain ».
Après des mois et des mois à essuyer échec sur échec à l’Assemblée, au Sénat ou au Conseil constitutionnel, l’intersyndicale ne tire aucun bilan et appelle à des journées de mobilisation isolées manifestations avec un calendrier toujours plus espacé et visant à envoyer des messages aux parlementaires plutôt que de construire un rapport de forces dur par la grève reconductible. Pire, en annonçant vouloir participer au « cycle de concertations » annoncé par le gouvernement pour « rappeler [son] refus de la réforme des retraites » mais aussi pour « travailler à des propositions intersyndicales communes […] en matière de salaires, de contions de travail, … », elle ouvre la voie au retour du « dialogue social », sur lequel compte le gouvernement pour désarmer le mouvement et fermer la séquence des retraites.
La victoire est toujours possible, il faut dénoncer le « dialogue social » et imposer un plan de bataille à la hauteur
L’attitude de l’intersyndicale, appelant à une énième date de mobilisation isolée toujours plus éloignée tout en reprenant le « dialogue social » constitue un refus net d’entendre la colère à la base, qui s’est démultipliée et élargie depuis le 49.3, et se maintient après 13 journées interprofessionnelles. Alors que le gouvernement demeure isolé mais souhaite repasser à l’offensive avec des attaques contre les plus précaires, les étrangers mais aussi une offensive austéritaire, cette logique ouvre la voie à de nouvelles attaques contre notre classe.
A l’inverse, il y a urgence à tirer pleinement les bilans de la stratégie depuis le 19 janvier, qui a empêché de gagner jusqu’ici et isolé les secteurs en grève reconductible, et à imposer une autre stratégie, fondée sur la construction d’un rapport de forces par la grève, et sur un programme qui permette de répondre à l’ensemble des enjeux de la situation. Non seulement le retrait de la contre-réforme de Macron, mais aussi l’augmentation des salaires, l’opposition à l’offensive autoritaire et à la répression qui se déchaîne pour étouffer la colère, la fin de la Ve République, et bien sûr dégager Macron et toutes ses réformes !
C’est ce qu’exprimaient ce lundi les manifestants dans le cortège du Réseau pour la grève générale, qui défend depuis février la nécessité d’une autre stratégie et de s’organiser à la base. Comme l’expliquait Laura Varlet, dans le cortège parisien : « il n’est pas question d’aller autour d’une table discuter avec le gouvernement comme veut le faire l’intersyndicale. Dès la semaine prochaine on doit se retrouver pour penser un plan de bataille à la base. C’est ce qu’on essaye de faire avec le Réseau pour la grève générale, il faut le généraliser et le faire partout ».
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