« On fait ça pour vos enfants ! » Les activistes écolos d’Extinction Rebellion bloquent un pont à Paris
Ce mouvement écolo de désobéissance civile est parvenu à interrompre la circulation pendant plus d’une heure. Objectif : dénoncer l’inaction contre le dérèglement climatique.
De chaque côté du pont, une dizaine de militants, assis, jambes et bras entremêlés, ont fait bloc, sous une chaleur caniculaire, pendant que d’autres déployaient autour d’eux des drapeaux verts, jaune, rose et bleu, avec dessus le symbole de leur mouvement – un sablier entouré d’un cercle symbolisant la Terre – ainsi que plusieurs banderoles, appelant à l’action pour le climat.
Au milieu des klaxons, deux mots ont alors retenti :
« Extinction ! Rebellion ! Extinction ! Rebellion ! »
Un lieu maintenu secret
Présent dans une cinquantaine de pays, dont la France officiellement depuis mars, Extinction Rebellion prône l’action radicale mais non-violente, pour alerter sur les catastrophes écologiques en cours, du réchauffement climatique à la perte brutale de biodiversité. Le mouvement porte plusieurs revendications, dont la reconnaissance par les autorités de la gravité et l’urgence des crises actuelles, et la réduction immédiate des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2025 (au lieu de 2050, objectif officiel soutenu par l’Union européenne).
Cette action retentissante de désobéissance civile, ces activistes la préparaient depuis un mois. Elle s’inspire du coup de force réalisé le 17 novembre dernier par la branche britannique du mouvement. Ce jour-là, près de 6 000 personnes étaient parvenues à bloquer pas moins de cinq ponts à Londres, sans la moindre violence, dans une ambiance festive, et en réunissant de jeunes militants mais aussi des plus vieux.
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Pour mener ce blocage du pont de Sully, première action de grande envergure de la branche française d’Extonction Rebellion, rendez-vous avait été donné à l’ensemble des militants de « XR » vendredi matin, dans un vaste hangar anonyme de la banlieue parisienne, pour un briefing détaillé : rappel du mode d’action, de la stratégie, et du comportement à adopter en cas d’interpellation par la police.
Alors que le pont au Change, situé tout près de Châtelet, était initialement visé, le mouvement a été contraint de changer ses plans à la dernière minute et de retarder son action, au vu de l’important dispositif policier présent sur place. Une demi-surprise, puisque les forces de l’ordre avaient été informées de ce blocage par le mouvement lui-même, la veille.
« On s’est inspirés de la stratégie des Britanniques, qui avaient rendu public l’annonce de leur blocage, pour faire venir le plus de monde possible mais aussi ne pas prendre la police par surprise et limiter ainsi la violence de la répression », justifie Ingrid, une membre très active de « XR ».
Une fois le plan B enclenché, le second lieu a, en revanche, été maintenu secret jusqu’à la dernière minute, seulement connu d’une poignée d’activistes.
CRS et gaz lacrymogènes
Censé durer la journée et être ponctué d’ateliers, de spectacles, de tribunes et de délibérations collectives, le blocage a néanmoins tourné… plus court que prévu. Incapables de briser la chaîne humaine qui faisait bloc face à eux, les CRS ont (à la différence de la police londonienne) rapidement fait usage de gaz lacrymogènes, après plusieurs sommations appelant les activistes à quitter la chaussée – et ce malgré l’ambiance bon enfant qui régnait sur place.
« Non violent ! Non violent ! Policiers, doucement, on fait ça pour vos enfants ! », ont répliqué les présents, contraints de reculer, les yeux irrités. Après une heure et demie de blocage, les forces de l’ordre ont ainsi eu raison de leur résistance, et repris le contrôle total du pont.
La canicule a joué aussi en défaveur des activistes. Alors qu’ils espéraient être au moins sept cents, ils ont pâti des fortes chaleurs, qui ont sans doute découragé les moins vaillants et contribué à affaiblir la résistance de ceux qui étaient là. « On avait décidé de maintenir le blocage malgré la canicule, car elle a valeur de symbole : elle montre à quel point notre combat est juste et à quel point il y a bel et bien urgence », souligne Ingrid, qui rappelle que cette action n’est de toute manière qu’un début et qu’elle avait avant tout valeur de tour de chauffe pour le jeune mouvement.
Pour fin octobre est annoncée une « semaine internationale de la rebellion », au cours de laquelle les opérations de ce type devraient se multiplier un peu partout en France, et dans le monde.
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