Migrants, l’hécatombe
par LIBERATION et AFP
On ne sait encore rien d’eux, ni leur nom, ni leur pays d’origine, ni leur âge. Plusieurs dizaines de migrants sont morts noyés cette nuit au large de la péninsule du Péloponnèse, dans le sud-ouest de la Grèce, dans une énième tragédie migratoire, épilogue d’une périlleuse et coûteuse traversée de la Méditerranée dont ils espéraient qu’elle les conduise jusqu’aux côtes européennes.
Combien sont-ils précisément ? Dans une macabre litanie de chiffres, le bilan officiel, communiqué par les garde-côtes grecs au gré des opérations de recherche, n’a cessé de s’alourdir au fil de la matinée. 17 d’abord, puis 32, puis 59, puis 78 victimes. C’est déjà le naufrage le plus meurtrier de l’année en Grèce et tout semble indiquer que le bilan va encore empirer.
Aucun gilet de sauvetage
La présidente grecque, Ekateríni Sakellaropoúlou, est attendue à Kalamata dans la journée. Favori des législatives du 25 juin avec son parti Nouvelle Démocratie, l’ancien Premier ministre conservateur Kyriákos Mitsotákis a annoncé le report d’un meeting de campagne prévu mercredi soir à Patras. De son côté, le leader du parti de gauche Syriza, et également ancien Premier ministre, Aléxis Tsípras, a déploré sur Twitter «une tragédie humaine, qui reflète de la manière la plus triste le désespoir de ceux qui demandent l’asile en Europe».
Όσο περνάνε τα λεπτά, αυξάνονται οι νεκροί στο ναυάγιο νοτιοδυτικά της Πύλου. Πρόκειται για μια ανθρώπινη τραγωδία, η οποία αποτυπώνει με τον πιο θλιβερό τρόπο την απελπισία όσων αναζητούν άσυλο στην Ευρώπη. Η στιγμή απαιτεί να προτάξουμε την ανθρωπιά και να σταθούμε δίπλα στους…
— Αλέξης Τσίπρας – Alexis Tsipras (@atsipras) June 14, 2023
Les autorités grecques ont précisé qu’au moment du naufrage de l’embarcation, aucun des passagers n’était équipé de gilet de sauvetage. Le nombre total de personnes à bord reste inconnu, mais de premiers témoignages, relayés par la presse locale, évoquent le chiffre de 400 passagers. Une source au sein du ministère grec des Migrations a évoqué «des centaines» de migrants, laissant redouter un bilan encore plus lourd.
Si aucune information n’a pour l’heure été communiquée par les autorités sur la nationalité des passagers, les premiers témoignages évoquent des migrants venus notamment d’Afghanistan, du Pakistan, de Syrie et de Palestine.
Outre les patrouilleurs de la police portuaire, une frégate de la marine de guerre grecque, un avion et un hélicoptère de l’armée de l’air ainsi que six bateaux qui naviguaient dans la zone, participent aux opérations de sauvetage et de recherche.
Repéré par Frontex
Selon un communiqué des autorités portuaires grecques, le bateau de pêche avait été repéré pour la première fois mardi après-midi par un avion de Frontex, l’Agence européenne de surveillance des frontières, mais les migrants à bord auraient «refusé toute aide».
Selon les premières informations des autorités, le bateau des migrants aurait appareillé de la région de Tobrouk, à la pointe nord-est de la Libye, à destination de l’Italie. Face aux refoulements illégaux («pushback») de migrants par la Grèce vers la Turquie voisine, qui ont fait l’objet de multiples témoignages et enquêtes, notamment par Libération, la route migratoire directe entre la Libye et l’Italie, longue et périlleuse, s’est développée.
L’an dernier, près de 3 800 personnes ont péri sur les routes migratoires d’Afrique du nord et du Moyen-Orient, un record depuis 2017, a annoncé mardi l’Organisation internationale des migrations (OIM). «Un total de 3 789 décès ont été recensés en 2022, 11 % de plus que l’année précédente», selon un communiqué de l’OIM, qui rappelle le sinistre record précédent : 4 255 décès en 2017. La région Mena (Moyen-Orient, Afrique du Nord) compte pour «plus de la moitié du total des décès de migrants à l’échelle mondiale» l’an passé.
Mis à jour : à 14h35 avec nouveau bilan.
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