Arguments pour la lutte sociale |
Peu de temps après le billet de tout à l’heure, la situation s’est à nouveau modifiée en Russie. Prigojine qui avait avancé comme dans du beurre, mais abattu quand même 6 hélicoptères et un avion, approchait des grands rocades Sud de Moscou et de Toula où des combats sanglants s’annonçaient. D’autre part et surtout, des vagues de désertion vers les lignes ukrainiennes éclataient sur le front de Zaporijia. Pour les soldats du rang, les Wagner sont à la fois des « modèles » et les barbares qui les tuaient s’ils reculaient sans ordre. Apprendre qu’ils avaient pris Rostov en une demi-heure – après avoir mis 6 mois à « prendre » Bakhmut – puis mis le cap sur Moscou a probablement déstabilisé des secteurs entiers de l’armée, laquelle avait été reprise en main depuis les secousses de son échec initial, déjà marqué par des désertions en masse. Anya Malyar, vice-ministre de la Défense ukrainienne, annonçait une offensive généralisée, qui semble avoir marqué des gains dans plusieurs directions, dont, et c’est nouveau, Donetsk. Entre le risque d’un choc sanglant devant Moscou et celui d’un effondrement du front, l’intérêt commun des barons du régime était de stopper la phase aigüe de la crise, donc de trouver un compromis. Ils l’ont trouvé mais la manière dont ils l’ont trouvé les affaiblit tous. De manière inattendue, c’est le président non élu de Biélorussie, Loukatchenko, qui, après un passage en Turquie, a discuté avec Poutine d’un côté et Prigojine de l’autre. Aux termes de l’accord, les Wagner font demi-tour, sont intégrés officiellement à l’armée « régulière » ou renvoyés en Afrique, et Prigojine échappe aux poursuites sous conditions d’aller vivre à Minsk comme hôte/prisonnier/complice de Loukatchenko. Seul Loukatchenko s’en tire bien dans cette affaire. Mais s’il a soudain été si réactif, c’est qu’il s’estimait sans doute perdu en cas de chute ou de mise en retrait de Poutine. Le bataillon Kalinovski, force bélarusse dans l’armée ukrainienne, avait dès hier lancé des appels aux soldats bélarusses disant que le moment arrivait de la fin du régime. Le plus important c’est que Poutine est cassé. Que des simples d’esprit persistent à voir en lui une sorte de maitre Yoda jouant au go, c’est leur problème. « Sauvé » par le vassal qu’il rudoyait, presque sans initiative tout au long de la crise, privé de la punition de ses « traitres », il est un Bonaparte démonétise, une baudruche. Le crépuscule des odieux approche suite à cette longue nuit des gros marteaux avortée. Quant aux autres : Shoïgou et Guerassimov seraient limogés, on ne sait pas où ils sont et des rumeurs parlent de fuite ou d’arrestation ; Sourovikhine a navigué à vue en essayant de voir qui gagnerait ; quant à Kadyrov, il a envoyé ses hommes qui sont restés coincés dans les bouchons des voitures fuyant Rostov ! Le chef est perdant, et tous les barons sont perdants. De l’offensive ukrainienne, toujours privée d’avions par décision politique des puissances de l’OTAN qui ont plus peur que jamais de la fin de Poutine, surtout depuis qu’elle a commencé, des désertions russes, et des forces sociales des opprimés et des exploités, dépend la suite, la suite immédiate. VP, le 24/06/23, 23h 40. |
Poster un Commentaire