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Nahel s’est pris la mort en plein cœur, une mort statistique, politique. Serons-nous capables de ne pas laisser ce prénom vaciller dans l’oubli, serons-nous capables de ne pas passer à autre chose ?
La marche blanche en hommage à Nahel, le 29 juin à Nanterre. (Bertrand Guay/AFP)
par Lola Lafon, écrivaine
publié aujourd’hui à 16h40
Le texte que je destinais à cette chronique, celui que vous auriez pu lire ici, n’a plus de sens, je l’ai jeté. Ce matin, les circonvolutions légères donnent la nausée. Un jeune homme de 17 ans est mort et avec lui, le désir d’écrire autre chose que ceci : le jeune homme n’est plus, le jeune homme a été abattu par la police. Une mère a perdu son fils.
Si le temps est un écoulement, l’actualité, elle, est un éboulement. Nous traversons toutes les catastrophes, tous les drames qui ne sont pas les nôtres avec une indéniable habilité. A peine nous frôlent-ils que nous passons à autre chose, rodés à nous «protéger» de ce qui ne nous arrive pas.
On évoque ce qui se passe, ce qui arrive pour dire ce à quoi nous assistons, comme à un spectacle. Mais ce qui arrive n’est pas un typhon ou une lettre qui nous «arriverait» par erreur. Tout ce qui est en train de se passer, d’avoir lieu, ne nous arrive pas, nous le voyons se mettre en place depuis des années.
Qu’allons-nous faire de ce que nous avons vu ?
Et aujourd’hui, ce qui nous parvient par le biais de nos téléphones,
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