Environ 1 900 personnes devraient perdre leur emploi. L’enseigne a décidé de fermer 32 de ses magasins et 10 magasins Maison Dépôt.
Le couperet est tombé : la direction de Conforama, enseigne propriété du groupe sud-africain Steinhoff, a confirmé le projet de suppression de 1 900 postes. Et ce dans le cadre d’un plan de « transformation profonde et nécessaire » de l’entreprise, en proie à de graves difficultés financières. Au total, quelque 32 magasins Conforama vont fermer leurs portes en France, ainsi que 10 magasins Maison Dépôt, sur un total de 235 établissements dans l’Hexagone, a précisé un communiqué de l’enseigne.
Un comité central d’entreprise (CCE), prévu mardi matin au siège de l’entreprise à Lognes (Seine-et-Marne), à l’occasion duquel ce plan de restructuration devait être détaillé, n’a pu se tenir « faute de la présence des participants », a appris l’Agence France-Presse auprès de l’entourage de la direction. « Le CCE a été déplacé à Torcy, dans un hôtel où il ne pouvait se tenir dans des conditions normales; l’ensemble des élus a donc refusé d’y participer », a précisé à l’Agene France-Presse Jacques Mossé-Biaggini, délégué FO.
Un retour à l’équilibre d’ici deux ans ?
« Dans ce contexte, notre enseigne ne s’est pas suffisamment adaptée et subit une forte baisse de rentabilité de son réseau de magasins », constate le groupe. Enfin, « les difficultés financières de Steinhoff mettent en exergue une situation qui n’est pas viable », conclut le communiqué, d’où la nécessité de prendre « des mesures fortes et rapides afin d’assurer la pérennité de Conforama et de sauvegarder le plus d’emplois possible sur le long terme ».
L’objectif est « un retour à l’équilibre dans les deux ans », selon une source proche de la direction, sachant que le groupe Conforama a réalisé un chiffre d’affaires hors taxes de 3,4 milliards d’euros en 2018. D’ici là, Conforama « s’engage à limiter, autant que possible, les conséquences sociales des évolutions envisagées et à tout mettre en oeuvre pour accompagner au mieux ses collaborateurs ». L’annonce de ce plan a plongé les salariés dans l’inquiétude, plusieurs rassemblements spontanés ayant lieu devant des magasins, notamment au Pont-Neuf à Paris, l’un de ceux menacés de fermeture.
Refusant de travailler, une vingtaine d’employés ont voulu manifester, dans le calme, leur opposition à cette décision et ont poussé le magasin à fermer ses portes. « On ne s’attendait pas à ça, la direction nous avait dit de ne pas nous inquiéter », déclare Amel Sbartaï, 42 ans dont 13 à Conforama, conseillère au rayon électroménager. « On nous disait que le magasin du Pont-neuf était la vitrine de Conforama: on nous a menti. »
Les syndicats ont obtenu mardi la liste des magasins concernés par une fermeture. Liste dont RTL se fait l’écho. Ainsi, les établissements concernés par une fermeture sont ceux de Paris-Etoile, Paris-Pont Neuf, Vélizy, Calais, Grenoble, Montauban, Antibes, Avallon, Chalon-sur-Saône, Château-Thierry, Chatellerault, Chelles, Cosne-sur-Loire, Dreux, Fleury-Mérogis, Gondreville, La Chapelle des Fougeretz, La Tour du Pin, Laon, Leers, Louvroil, Millau, Morsbach/Forbach, Orange, Pamiers, Sormiou, Saint-Dié des Vosges, Saint-Genis-Pouilly, Saint-Memmie, Saint-Ouen, Vitry-sur-Seine, et Vendenheim, le plus grand Conforama d’Europe, installé depuis 2014.
Le syndicat FO a appelé l’ensemble des salariés à la mobilisation et à la grève illimitée. « Des salariés sont arrivés sur un des sites qui va fermer, (ils) l’ont appris devant le magasin; c’est d’une violence extrême, c’est insupportable », a réagi sur LCI le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger. Créé en 1967, Conforama, dont le slogan « le pays où la vie est moins chère » a fait date, avait été racheté en 2011 par Steinhoff, après avoir appartenu pendant dix ans au groupe PPR détenu par l’homme d’affaires François Pinault.
Le groupe est l’un des partenaires-titres (sponsors) de la Ligue 1 de football, à laquelle il verse huit millions d’euros par an, un titre qu’il cèdera à la plate-forme de livraison de repas à domicile Uber Eats à partir de la saison 2020-2021. La direction a commis « des erreurs de stratégie énormes, avec des investissements par exemple dans le foot là il aurait mieux fallu [les] faire dans la modernisation des produits et des magasins », a taclé Laurent Berger.
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