Sinalé par Genviève Gobet,
MALGRÉ LA RÉPRESSION ET LE MÉPRIS
Après bientôt 3 mois de lutte, les femmes de chambre de l’hôtel NH continuent leur combat. La CNT-SO a répondu à l’hypocrisie de Marlène Schiappa et sa fausse préoccupation concernant les femmes de chambre, et les grévistes ont su se lier aux gilets noirs qui se battent depuis plusieurs mois contre leur extrême précarité.
mardi 9 juillet 2019
Crédit photo : CNT-SO Marseille
Les conditions de travail dramatiques des femmes de chambre ont récemment été mises en lumière par des grèves combatives dans différents hôtels, à tel point que le gouvernement n’a pas pu rester silencieux sur le sujet.
Marlène Schiappa a réuni le 4 juillet dernier l’ensemble des entreprises du nettoyage dans l’hôtellerie, en déclarant vouloir améliorer la condition des travailleurs et travailleuses dans ce secteur. En effet, depuis le recours à la sous-traitance les conditions de travail se dégradent pour les femmes de chambre. Pourtant, dans cette réunion qui s’est tenue au Secrétariat d’État à l’égalité Femmes-Hommes, aucun syndicat du secteur, aucun travailleur précaire concerné, n’était convié.
Les syndicats CGT-HPE et CNT-SO ont riposté en organisant un rassemblement en même temps que la réunion de la secrétaire d’État. La CNT-SO s’insurge notamment dans un communiqué, dénonçant l’hypocrisie de la réunion organisée par Schiappa, et rappelle que si « le gouvernement voulait améliorer le sort des femmes des chambres, il faudrait revenir sur les mesures prises contre tous-tes les salarié-e-s ».
Si Marlène Schiappa semble se préoccuper soudainement des femmes de chambre en ce début d’été c’est notamment grâce à des mobilisations comme celles de Marseille, avec les grévistes employées par le sous-traitant Elior à l’hôtel 4 étoiles NH Collection.
Les femmes de chambre de l’hôtel NH vont entamer leur quatrième mois de grève le 11 juillet, une mobilisation exemplaire qui a su tisser des liens avec un ensemble de secteurs. Lundi se tenait à Paris un rassemblement devant le siège d’Elior en lien avec les Gilets noirs (personnes sans-papiers de l’Île-de-France), visant à réclamer la régularisation de l’ensemble des travailleurs que le géant de la sous-traitance emploie. Le rassemblement, impulsé par le collectif de la Chapelle, a rassemblé plusieurs centaines de personnes. Cette action est la troisième dans cette dynamique, puisque les gilets noirs s’étaient déjà rassemblé le 9 juin dernier accompagné des grévistes de l’hôtel NH. Un rapport de force qui a permis d’obtenir de la part d’Elior la promesse de régularisation de l’ensemble des salariés qu’il emploie. Une victoire partielle, car aucun engagement n’a encore été signé par Elior, et l’ensemble des revendications n’a pas été obtenu : régularisation des heures non payés, augmentation des salaires et 13eme mois, et organisation du travail respectueuse de la vie privée.
Et cette conquête, même partielle, obtenue par les grévistes montre bien que ce ne sont pas dans les réunions organisées par Marlène Schiappa que leurs revendications seront entendues, mais bien en instaurant un véritable rapport de forces contre Elior, l’hôtel NH et le gouvernement. Car si un espace pour négocier avec le sous-traitant semble s’ouvrir, de l’autre côté la répression d’État ne faiblit pas. Les juristes du syndicat CNT-SO, qui suivent le conflit depuis le début, sont convoqués au commissariat le 10 juillet au matin.
Pourtant, en dépit de la répression, du mépris de l’entreprise et du gouvernement, les femmes de chambre de l’hôtel marseillais font preuve d’une combativité exemplaire, en augmentant le rapport de forces grâce aux liens tissés avec plusieurs secteurs, des gilets jaunes aux gilets noirs. En liant ainsi leurs revendications propres aux luttes de l’ensemble des travailleurs et travailleuses précarisés, les grévistes décuplent la portée de leur grève. Pour les soutenir, un rassemblement est organisé à Marseille le 11 juillet à l’occasion du cap des 3 mois d’une mobilisation exemplaire.
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